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Régionales : soulagement au soir du 2nd tour mais gueule de bois en perspective à droite comme à gauche
©Reuters

Lendemain difficile

L'alliance " Les Républicains-Centristes" a conquis sept régions, dont l'emblématique Île-de-France avec Valérie Pécresse. C'est elle qui obtient le plus grand nombre de conseillers régionaux.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Les résultats du deuxième tour des régionales sont venus confirmer les prédictions des derniers sondages, à savoir que le Front National n'était pas en mesure de remporter les deux régions où la Gauche s'était retirée, et qu'il ne gagnerait pas celles où il était arrivé en tête et affrontait le deuxième tour en triangulaire. Les sondages avaient moins anticipé la forte mobilisation de l'électorat. Ce refus net de la majorité de l'électorat français de  porter le Front National à la tête des exécutifs régionaux  aurait pu  susciter des réactions  triomphales  de la part des vainqueurs de ce " barrage républicain " face à l'extrême droite. Il n'en a rien été. Pourtant la Droite, comme le PS, avait de quoi se réjouir des résultats. L'alliance " Les Républicains-Centristes"  a conquis sept régions, dont l'emblématique Île-de-France avec Valérie Pécresse. C'est elle qui obtient le plus grand nombre de conseillers régionaux. Mais elle n'a pas réussi le grand Chelem que Nicolas Sarkozy et les siens croyaient à leur  portée il y a quelques mois . Des régions dites "imperdables" pour la droite , comme la Bourgogne-Franche-Comté ou le Centre Val de Loire, continueront d'être dirigées par le PS et ses alliés . La  Bretagne , l'Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, et Midi-Pyrénées Languedoc Roussillon restent ancrées à la Gauche qui  résiste mieux que prévu. Cela n'a pas empêché  le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis d'évoquer un  "succès sans joie". Alors, que faire ?

De Manuel Valls à Gérard Larcher, de Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé, au communiste Pierre Laurent, tous ont décliné un discours sur le mode "nous avons entendu le message, il faut  du changement". Celui  qui détient les clefs d'un éventuel déclenchement  du mouvement est à l'Elysée. François Hollande qui est resté silencieux pendant toute la campagne, état d'urgence oblige, s'est tenu informé de ses développements. Il a appelé les électeurs à la clarté à travers la voix du porte parole du gouvernement, et il a été entendu sur ce point. Il lui appartient désormais de reprendre l'initiative. 

Pour la Gauche, cette clarté doit être payée de retour. Et Jean-Christophe Cambadélis veut maintenant faire barrage aux inégalités : "Nous ne pouvons plus continuer comme cela. Il faut agir contre la précarité et pour l’activité comme nous nous  sommes attaqués à la compétitivité et à la refondation de l’école. C’est l’inflexion qui doit intervenir durant les 18 mois à venir", a-t-il déclaré  en commentant les résultats. "Tout cela nous oblige à entendre davantage les Français, à agir, sans relâche, plus vite, pour obtenir plus de résultats. L’emploi, la formation des chômeurs, l’apprentissage pour nos jeunes doivent mobiliser toute notre énergie." a renchéri Manuel Valls.

Mais l'inflexion à laquelle le patron du PS en appelle avant tout, c'est à l'Union de la Gauche... pour 2017. Car personne ne  croit au miracle , ni même à la réforme express, qui ferait soudain baisser le chômage, ou  transformerait les zones  de non droit en cités paisibles et accueillantes où il fait bon vivre. En revanche, dans les coulisses,  tout le monde se préoccupe de la qualification pour le deuxième tour de la présidentielle . Une qualification que la multiplicité des candidatures rendrait impossible pour François Hollande ou tout autre candidat PS . Poisson pilote du chef de l'Etat ,l'ancien député  Julien Dray a appelé à la création d'une grande formation de gauche ,réunissant  PS, Ecologistes et Communistes,  qui correspondrait à l'équivalent de ce que fut l'UMP en 2002 . A cette époque François Hollande qui dirigeait le PS, avait catégoriquement rejeté pareille configuration  pour la gauche. Aujourd'hui lui et les siens sont au pied du mur. Ces régionales ont montré que, privé des voix des électeurs  Ecologistes et sans les Communistes, le PS peut arriver en troisième position , derrière le Front National et la Droite LR-UDI et se retrouver dans la situation de Lionel Jospin le 21  avril 2002.  Mais la Droite n'est pas non plus à l'abri  d'une telle hypothèse, surtout quand on constate  que le résultat des régionales s'est joué à quelques centaines de voix  dans certaines régions. 

"Cette mobilisation en faveur de nos candidats du second tour ne doit cependant, sous aucun prétexte, faire oublier les avertissements qui ont été adressés à tous les responsables", a prévenu Nicolas Sarkozy en commentant les résultats. "Nous avons tous un devoir de lucidité" avance Alain Juppé. D'accord sur le constat, mais opposés sur la stratégie à suivre et surtout plus que jamais rivaux pour 2017, Sarkozy, Juppé,  Fillon, Le Maire, et Nathalie Kosciusko-Morizet, et bientôt Jean-François Copé   vont  se confronter au Bureau Politique de LR. Désormais la question de la date de la primaire pour les présidentielles est posée; un an d'affrontements verbaux et de coups bas en coulisses serait mortifère pour la Droite, plaident  les partisans d'un changement de date. Impossible d'organiser les primaires dans les conditions prévues en accélérant le calendrier, répondent les organisateurs , avec en tête Thierry Solère, proche de Bruno Le Maire. Et puis, ne s'agit-il pas  d'abord et avant tout de définir la ligne du Parti , argumentent ceux qui contestent la gouvernance de Nicolas Sarkozy, désormais pris en tenaille entre les partisans d'une ligne plus dure et ceux qui lui reprochent de ne pas être assez fédérateur. Devancé par Alain Juppé dans les sondages, le président de LR n'échappe plus à la contestation interne et  devra composer avec toutes les tendances, presque aussi contradictoires que celles du bloc de Gauche. Et, en pensant à la présidentielle, on cite volontiers Bismarck  qui expliquait que dans une bataille à trois, mieux  vaut faire partie des deux premiers.  

A ce jour tout indique que Marine Le Pen sera l'un des deux .Car tout en ayant échoué dans sa  conquête des présidences de région, le parti de Marine Le Pen est loin d'avoir tout perdu dans ce scrutin régional .L' analyse  des résultats montre que le FN a des gagné des voix  au deuxième tour par rapport au premier et n'a jamais été  aussi fort . Et  la tête de liste frontiste de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie a, dans son discours aux militants aussitôt embrayé sur l'étape suivante, la présidentielle, en  annonçant le lancement de " comités Bleu Marine" à travers tout le pays. Ces comités seront le socle de sa campagne  qu'elle veut manifestement sortir  du  cadre Front National trop étroit à ses yeux , afin d'  élargir encore son assise électorale. Assurée d'être qualifiée au premier tour de la présidentielle, qui affrontera-t-elle au second ?  Dans tous les camps les grandes manoeuvres ont commencé .

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