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La gauche burqa contre la droite serre-tête
©Reuters

Les ghettos s'affrontent

La vraie différence entre les deux tient à des détails vestimentaires. Et c'est à Claude Bartolone qu'on doit cette trouvaille révolutionnaire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La campagne pour les Régionales en Ile de France s'enlisait dans la plus monotone des banalités. On se jetait à la tête des chiffres sur la délinquance, des propositions mirifiques pour l'amélioration des transports en commun, des accusations sévères sur l'incompétence supposée des candidats. Torpeur et ennui ronronnaient de conserve. Mais heureusement Bartolone vint annonçant l'apocalypse.

"Valérie Pécresse veut mettre notre région en rang, en uniforme avec un serre-tête sur les cheveux !" lança-t-il devant des militants que cette vision infernale glaça d'effroi. Horreur et damnation : des milliers de filles et de femmes marchant au pas cadencé avec dans leurs cheveux le symbole de la bourgeoise BCBG ! Le spectacle de la Manif Pour Tous se profilait avec – qui sait ? – des jupes plissées bleu marine.

Neuilly, Auteuil et Passy allaient déverser une vague d'immigrées bourges sur la Seine Saint Denis arrachant au passage voiles, foulards et burqas. Vous allez certainement être nombreux à estimer que Bartolone exagère ou qu'il a abusé de la chicha avant de prononcer sa diatribe. Eh bien vous vous trompez !

Vous savez à quoi ressemble Valérie Pécresse ? Regardez là bien ! Evidemment qu'elle a une tête à serre-tête. Et on ne peut douter un seul instant que la plante Pécresse a poussé dans un ghetto appelé Auteuil, Neuilly, Passy. C'est certainement en s'inspirant d'elle et de ses semblables que Les Inconnus ont  composé leur célèbre chanson. Toute la sociologie de cet enfermement, tout le désespoir des malheureux et malheureuses qu'on a parqués là y est. "Tu sais pas quelle est ma vie ? / à côtoyer Chantal / ou bien Marie-Sophie / à faire le baise main / à des pétasses mal baisées / enfin j'ai voulu dire / des filles un peu coincées".

Une bataille épique se dessine, un péplum de toute beauté. Valérie Pécresse a la tête des "pétasses mal baisées" criant "Montjoie, Saint -Denis". Car elles entendent libérer la basilique du même nom des mains des infidèles musulmans. Claude Bartolone entrainant dans son sillage des bataillons voilées et enfoulardées. Des pures et des virginales contrairement aux bourges-salopes enrôlées sous la bannière de Pécresse pour libérer le tombeau de nos rois.

Qui l'emportera ? Bien malin celui qui le sait. Bartolone s'est assuré du précieux soutien d'un rappeur nommé Rost. C'est lui qui chauffait la salle pendant que le candidat socialiste dénonçait l'invasion des migrantes au serre-tête. Son répertoire est propre à insuffler du courage aux combattantes de Bartolone. Il dénonce avec constance le racisme de la France et sa police meurtrière.

Les Inconnus ne seront pas là pour lui tenir tête : ça fait longtemps qu'ils ont quitté la scène. Valérie Pécresse devra donc se dévouer. Connaissant son exquise pudeur on est en droit de craindre qu'elle s'abstiendra de chanter le couplet sur : les "pétasses mal baisées" que nous avons cité. Dommage, c'est le meilleur.

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