Perquisitions anti-terroristes : les Français convaincus de leur efficacité… mais aussi du grave retard à l’allumage du gouvernement<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Perquisitions anti-terroristes : les Français convaincus de leur efficacité… mais aussi du grave retard à l’allumage du gouvernement
©Reuters

Sondage

Si 57% des sondés s'accordent à dire que les perquisitions ont été efficaces, 93% d'entre-eux estiment par ailleurs que les pouvoirs publics n'ont pu en réaliser autant sur une période aussi courte uniquement parce que les services de renseignement connaissaient les suspect, selon un sondage IFOP exclusif pour Atlantico.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

Voir la bio »

Cliquez pour agrandir

Atlantico : Dans quel contexte ce sondage a-t-il été réalisé ?

Jérôme Fourquet : On peut rappeler le fait qu’au moment où l'enquête a été réalisée, c’est-à-dire dans le courant de la semaine dernière, les forces de l'ordre avaient déjà réalisé plus de 2000 perquisitions administratives. Celles-ci avaient abondamment été médiatisées tant au plan national, avec des reportages télévisés, des conférences de presse régulièrement organisées par l'exécutif, que par les canaux régionaux. Le nombre de perquisitions, leurs résultats quant au nombre d’armes et aux quantités de drogues saisis, au nombre d’individus assignés à résidence et mis en garde à vue ont de même été largement relayés dans la presse.

Face à cette opération policière sans précédent, sur lesquelles les pouvoirs publics ont beaucoup communiqué, le but de ce sondage était de savoir comment les Français ont ressenti ces opérations policières exceptionnelles. Il était intéressant de se demander comment des critiques pouvaient être formulées, dans un contexte où la menace terroriste est tendue mais aussi où il existe des dérapages possibles du fait de mener des perquisitions à si haute cadence sur la durée. L'objectif de l'étude était aussi de voir si le gouvernement avait rempli son objectif, qui consistait en partie à rassurer la population à travers la démonstration d'un volontarisme important, et de services de renseignements efficaces, ou si au contraire la multiplication de ces perquisitions n’avait pas au contraire créé de l’inquiétude dans la mesure où elle donnait à voir l’ampleur des réseaux, l’ensemble des filières d’une nébuleuse radicale islamiste.

Or à en regarder les résultats, les deux sentiments sont bel et bien présent, même si leur intensité diffère. 

Comment cette perception se structure-t-elle dans l'opinion ?

Sur la première question, une grande majorité de Français (61%) pense que c'est bien sur l'ensemble du territoire national, et notamment les petites villes que les perquisitions ont eu lieu, et pas seulement les quartiers sensibles. On observe une différence de 10 points entre la région parisienne et la province : ainsi 54% des Français en région parisienne estiment qu'elles ont eu lieu sur l'ensemble du territoire, chiffre qui monte à 64% en province.

Autre remarque qui n'est pas négligeable, ce sont sur les territoires les moins exposés à la mondialisation ou à l'immigration, comme la façade atlantique qui ont les plus ressentis ces perquisitions administratives.

Quels sont les effets de ces perquisitions aux yeux des Français ?

On observe des effets contrastés, mais 80% des Français pensent que la mise en place de ces perquisitions est un rassurant, que cela démontre la capacité des forces de l'ordre à démanteler les filières. Et c'était l'objectif visé par le gouvernement.

Néanmoins, 85% pensent dans un second temps que c'est aussi inquiétant, car le nombre très important de ces perquisitions signifie que les réseaux islamistes radicalisés sont très nombreux sur l'ensemble du territoire.

Et si les Français sont très majoritairement d'accord avec ces perquisitions, l'idée que si cela a pu être organisé dans un temps aussi court, c'est que les pouvoirs publics étaient déjà au courant émerge dans l'opinion comme une critique - portée notamment à droite-, c'est de se demander pourquoi il aura fallu attendre les attentats de Paris pour mener ces opérations.

On retrouve dans les 80% de ceux qui estiment que ces perquisitions sont rassurante l'écho d'une impuissance publique grandissante dans l'opinion, c'est-à-dire l'incapacité à prendre des mesures fermes et à faire respecter l'autorité de l'état. Cette idée est corrélée avec la sensibilité politique, assez classiquement avec une demande d'autorité qui va en grandissant à mesure que l'on se dirige vers la droite.

Globalement, ces résultats sont plutôt de nature à satisfaire le gouvernement : les perquisitions sont efficaces pour 57% des sondés. Pour les autres, 32% estiment qu'elles réussissent à rassurer la population (ce qui laisse aussi penser qu'il s'agit d'une opération de communication). On ne retrouve pas ici d'opposition gauche droite mais plutôt FDG et FN d'un côté, qui mettent en cause l'efficacité opérationnelle des perquisitions, et les autres partis qui les plebiscitent. 

Demain complément d'enquête là-dessus, c'est parce que le sujet monte : ils ont arrêté des personnes qui n'avaient rien à voir avec les cellules djihadistes, des perquisitions musclées qui n'avaient rien donné, le gouvernement dit qu'il faut continuer tant que cela doit continuer, mais on n'est pas sur quelques dizaines de perquisitions mais des milliers, après des attentats qui pont aussi été massifs : quel effet sur l'opinion ?

publié par Atlantico

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !