Pour lutter contre la mauvaise haleine ? Racheter le gratte-langue de Napoléon pour 18 000 euros (et autres conseils moins onéreux)

Atlantico : Le gratte langue de Napoléon Ier a été vendu aux enchère pour 18 000 euros. Cet objet est toujours utilisé aujourd'hui pour les personnes ayant une mauvaise haleine chronique aussi appelée halitose. Est-il toujours aussi efficace ? Quels sont les traitements à privilégier en cas d'halitose ?

Pierre-Olivier Donnat : Le gratte langue a toujours sa place en effet, plus de deux siècles après Napoléon Ier, dans le traitement de l’halitose. Ce sont en premier lieu les dépôts de plaque dentaire et de tartre qui favorisent le phénomène de l’halitose. La présence de caries et de maladies parodontales (maladies de la gencive telles que la gingivite ou la parodontite) amplifient ce phénomène car elles constituent de véritables réservoirs à bactéries.

En absence de carie et de parodontite, l’halitose peut être due à la stagnation de ces bactéries sur la langue : 90 % des bactéries buccales siègent sur le dos de langue. Un brossage des dents bi-quotidien de 2 à 3 minutes après le repas associé au brossage de la langue permet de remédier au problème de mauvaise haleine. Le brossage de la langue se fait d’arrière en avant pour éliminer les dépôts qui la recouvre à l’aide d’un gratte langue ou de la surface siliconée situé sur certaines têtes de brosses à dents. Il n’est par contre pas recommandé de brosser sa langue comme on brosse ses dents, au risque de créer des lésions de la muqueuse linguale qui aggraveront l’accumulation bactérienne.

Mais il ne suffit pas toujours de pratiquer ce grattage de la langue pour résoudre le problème de la mauvaise haleine. Il convient également de bien s’hydrater afin d’éviter la sécheresse buccale qui favorise la libération des composés volatils sulfurés, par certaines bactéries à l’origine de l’odeur forte de l’haleine.

Cette mauvaise haleine chronique est-elle seulement due à une mauvaise hygiène buccodentaire ?

Si une mauvaise hygiène bucco-dentaire est souvent la cause de l’halitose, d’autres facteurs sont répertoriés tels que  le tabac, l'alcool, le café qui provoquent notamment un dessèchement de la bouche. La café est particulièrement astringent, il est donc conseillé de boire un verre d’eau après celui-ci afin d’éviter ce désagrément. Parmi les facteurs alimentaires de l’halitose on citera également l’ail, l’oignon et certaines épices. L’haleine peut aussi être altérée lorsqu’on saute un repas ce qui favorise la prolifération bactérienne dans la bouche, tout comme les régimes hyperprotéinés qui ont pour conséquence, en l’absence d’une bonne hydratation, l’expiration de mauvaises odeurs.

Par ailleurs les infections sinusales ou pulmonaires chroniques, ainsi qu’une respiration buccale en raison de végétations adénoïdes ou d’amygdales cryptiques, ou bien encore certaines maladies systémiques, tel que le diabète,  peuvent également être responsables d’une mauvaise haleine.

De façon plus générale quelles sont les précautions pour avoir une bonne hygiène dentaire ?

2 brossages de dents par jour matin et soir d’une durée de 2 à 3 minutes, l’utilisation d’un dentifrice fluoré, l’usage du fil dentaire et/ou de brossettes interdentaires chaque soir, et enfin une visite au moins une fois par an, ou même tous les 6 mois dans certains cas, chez son chirurgien-dentiste sont les règles de base d’une bonne hygiène dentaire. Le brossage permet de nettoyer les surfaces dentaires et les gencives et d’éliminer la plaque dentaire qui se forme en permanence dans la bouche. La plaque se forme par adhérence des micro-organismes sur les surfaces naturelles ou artificielles de la bouche. C’est cette plaque dentaire et les bactéries qu’elle contient qui sont, à terme, responsables des caries et des maladies des gencives.

Le tartre, quant à lui, résulte d'un processus de calcification de la plaque dentaire. Une visite régulière chez le chirurgien-dentiste permet de détecter à temps des caries débutantes et peut être l’occasion de pratiquer un détartrage. Le chirurgien-dentiste va mettre en place un plan de prévention personnalisé, tenant compte du risque personnel, c'est-à dire de l’état de santé général et bucco-dentaire (forme, position, fragilité des dents, flore bactérienne présente en bouche), de l’alimentation, et du mode de vie de son patient. Des conseils d'hygiène personnalisés, des recommandations de soins préventifs (détartrage, surfaçage, scellement des sillons) complètent ce plan de suivi.

Le praticien définit alors avec son patient la fréquence des consultations préventives nécessaires au maintien d’une bonne santé buccodentaire qui s’associe toujours avec une alimentation variée et équilibrée. Nous rappellerons que les soins dentaires conservateurs (détartrage, traitement d'une carie, dévitalisation, etc.), les soins chirurgicaux (extraction, etc.), ainsi que les actes de radiologie sont remboursés à 70% par l’Assurance Maladie, tandis que les 30% restant sont pris en charge par les mutuelles.