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Dimanche, je mets une droite au FN (mon crochet du gauche est trop mou)
©Reuters

DPAM

Un report des voix de gauche sur la droite validerait le concept d'UMPS ? Oui, et c'est tant mieux.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Gros dilemme chez les électeurs de gauche (et un peu moins chez les électeurs de droite, qui s'en tirent mieux sur ce coup mais ce n'est que partie remise, qu'ils ne se bercent pas trop d'illusions) : faut-il voter pour le camp d'en face au second tour si l’extrême droite est en position de l'emporter ? Et ne risque-t-on pas d'y perdre son âme ou la considération de sa belle-sœur et de son voisin du dessus, idéologiquement plus charpentés ?

Après tout, l'une des grosses ficelles fétiches du parti d'extrême droite, c'est justement qu'il existerait une espèce de gros machin informe répondant au doux nom d'UMPS, dont les divergences internes seraient essentiellement cosmétiques : un peu plus de social ici, un peu moins charges patronales là, une grosse dose d'ordolibéralisme européiste de part et d'autre... Et voter bleu en pensant rose, ne serait-ce pas valider ce raisonnement ?

Eh bien oui, absolument. Parce que c'est exactement ça. Les Le Pen père, fille et nièce ont parfaitement raison. Jusqu'à un certain point, le PS et l'UMP (OK, « les Républicains » si vous préférez, mais il m'arrive encore de parler de FR3 à l'occasion, c'est la force de l'habitude), c'est pareil. Deux formations politiques globalement en phase sur un tas de choses, de la place de la France dans le monde et en Europe au respect des institutions d'un État de droit, en passant par le maintien de structures sociales efficaces et la protection des libertés individuelles. Comme chez la plupart de nos voisins à peu près civilisés et en ordre de marche, en fait...

Pour une majorité des électeurs de gauche des régions où le FN est quasiment sur orbite, voter bleu dimanche prochain ne tiendra d'ailleurs pas du problème existentiel : ils feront (je ferai) la grimace en mettant un bulletin Estrosi ou Bertrand dans l'urne comme on met de l'ail devant sa porte en Transylvanie et prieront pour que ça serve à quelque chose – ce qui n'est même pas certain. Pour d'autres, en revanche, intransigeants gardiens du temple, réfractaires à tout compromis bourgeois, pour qui Hollande et Valls, c'est déjà le fascisme et Sarkozy et Le Pen sont des jumeaux monozygotes, il n'en sera pas question.

Mais c'est que dans leur conviction bornée, ils ressemblent furieusement aux électeurs du FN de toute manière, souhaitant presque l'arrivée au pouvoir de Le Pen histoire de tester le romantisme révolutionnaire développé sur Facebook et Twitter en conditions réelles. Fiers de leur incapacité à faire la différence entre un élu de droite, même très con, même très réac, évoluant dans le contexte d'un système démocratique et les milliers de petits Ménard auxquels ils s’apprêtent à offrir le contrôle (concret, effectif, pas virtuel) de gros morceaux de France...

Moi, dimanche, je vote pour le motodidacte. Et tant pis pour la belle-soeur et le voisin du dessus.

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