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Monsieur le président pourquoi avez-vous transformé le navire de la gauche en radeau de la Méduse ?
©Reuters

Fluctuat et mergitur

On peut mentir tout le temps à une personne, on peut mentir une fois à tout le monde mais on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Vous avez, monsieur le Président, été élu en 2012. Pas pour vos qualités ni pour votre projet. Mais simplement contre Sarkozy. Vous avez été élu sur une imposture : votre "je hais la finance" vous a apporté les quelques voix qui vous manquaient à la gauche de la gauche. Vous avez remporté la compétition grâce à un mensonge : vous avez, en toute connaissance de cause, laissé entendre aux ouvriers malheureux de Florange et d'Amiens qu'une fois élu vous dissiperiez le spectre des licenciements.

D'être devenu Président dans ces conditions aurait du vous inciter à un peu de circonspection et de retenue. Il n'en a rien été. Et aujourd'hui, au lendemain des Régionales, vous contemplez – avec je l'espère un peu de tristesse si vous avez encore une morale - l'épave du bateau PS que vous avez avec obstination envoyé se briser sur les récifs. Vous avez voulu ça ? En tout cas vous avez tout fait pour que cela arrive.

Vous avez, monsieur le Président, commencé votre règne par la réforme du mariage pour tous. C'était, nous a-t-on fait savoir, un marqueur de gauche. Mensonge là aussi. Il s'agissait de faire plaisir à Pierre Bergé à qui vous deviez beaucoup, à Christiane Taubira dont vous attendiez beaucoup, et à une grande partie de vos députés sensibles à la musique de LGBT à qui il fallait bien donner quelques miettes à ronger. Et rien que pour ça vous avez mis des millions de gens, attachés à d'autres valeurs, en colère.

Vous n'avez cessé de dire que vous président vous alliez inverser la courbe du chômage. Le nombre des inscrits à Pôle Emploi montait, montait et vous continuiez, impassible, à dire qu'il allait baisser. Bien sûr que le chômage n'était ni de votre fait ni de votre faute. Mais quel besoin aviez-vous de nier sa réalité ? Ce n'est pas bien, monsieur le Président, de mentir à des pauvres gens qui s'étaient pris à  croire que le verbe présidentiel pouvait exorciser les règles implacables de l'économie.

Vous avez sciemment, monsieur Hollande (je n'ai plus envie de vous appeler monsieur le Président) laisser s'agrandir les territoires perdus de la République. La kalach était devenue reine du banditisme dans nos banlieues : vous n'avez rien fait, mais rien du tout, pour que vos policiers et vos soldats (pourquoi pas?) aillent saisir les armes là où elles étaient. Puis la kalach ayant accédé au statut enviable de glaive du djihadisme vous avez encore menti. Non ça n'avait rien à voir avec l'islam… Non on ne récitait pas de bréviaires de la haine dans de nombreuses mosquées…

Rien de plus terrible pour des êtres humains que de les humilier en leur répétant que ce qu'ils voient n'existe pas. Rien de plus dévastateur pour des chômeurs épuisés et malheureux que d'entendre le refrain du : "ça va pas si mal et ça ira mieux". Et pour qui vouliez vous qu'ils votent ? Vous ne saviez pas quel était le parti le plus apte à vendanger ces raisins de la colère ?

Nous savons que faire monter le Front National est un vieux classique de la politique française. François Mitterrand s'y est essayé avec succès pour faire du mal à la droite. Et Jacques Chirac a brillement usé de cette méthode pour faire chuter la gauche en 2002. Mais, monsieur Hollande, le cynisme en politique n'est d'aucun secours s'il n'est accompagné d'un peu d'intelligence. François Mitterrand était un grand, très grand, roué. Jacques Chirac, bien que ne lui arrivant pas à la cheville, n'était pas mal non plus.

Mais vous, monsieur Hollande, vous n'êtes pas de taille. Vous êtes satisfait que le FN dépasse électoralement la droite ? Je pense que oui. Mais le PS il est où ? Loin, loin derrière ces deux partis ! Si cette photographie de l'opinion reste identique en 2017 il n'y aura pas de candidat socialiste au 2ème tour de l'élection présidentielle. Bravo !

Vous avez transformé votre parti en radeau de la Méduse où les naufragés se mangeaient entre eux. Il y en a une qui est déjà passée à la casserole : Martine Aubry. Elle vous déteste et vous méprise. Dans sa région historiquement de gauche le PS fait 18%. 18% !! Je suppose que les larmes de Martine ne peuvent que vous faire plaisir. Et tout ça pour ça ?

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