Régionales : si l'entre-deux-tours est à l'image des soirées électorales du 1er, la colère des Français ne devrait pas retomber d'ici dimanche prochain <!-- --> | Atlantico.fr
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Le Front National a obtenu près de 30% des voix.
Le Front National a obtenu près de 30% des voix.
©Reuters

"Douce France"...

Le Front National a obtenu près de 30% des voix et ses candidats sont arrivés en tête dans six régions métropolitaines ; un résultat qui a provoqué un choc dans le monde politique à la recherche des bonnes réponses et de la bonne stratégie pour endiguer la montée du parti d'extrême droite. Le PS et LR se disputent la place de "meilleur rempart". Mission impossible ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Il y a celles que l'on attendait et ceux qui ont créé la surprise. Les projecteurs étaient braqués depuis des semaines sur la présidente du Front national, Marine Le Pen, candidate en Nord Pas de Calais Picardie, et sur Marion Maréchal Le Pen, tête de liste FN en Provence Alpes Cote d'Azur. On regardait beaucoup moins du coté de la Bourgogne Franche Comté où la députée européenne Sophie Montel est en lice contre la présidente sortante Marie-Guite Dufay et l'ancien ministre UDI François Sauvadet. On avait bien un oeil du coté de Midi Pyrénées Languedoc Roussillon, mais c'était moins pour s'intéresser à Louis Alliot qui conduit la liste FN  et à la candidate du PS Carole Delga, qu'aux démêlées du candidat LR Dominique Reynié avec la direction du Parti pour la composition de sa liste.

A Paris, aveuglé par "l'affaire Morano", on a découvert un peu tard la percée de Florian Philippot dans la grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, car les "observateurs", fervents d'idées toutes faites, étaient convaincus que Philippe Richert, le président LR de la région Alsace, seul président de droite sortant, était de ce fait indéboulonnable. Quant à l'eurodéputé FN  Philippe Loiseau, tête de liste FN de la région Centre Val de Loire, il n'était pas apparu sur les écrans radars nationaux pendant la campagne car les observateurs, toujours eux, n'avaient d'yeux que pour le candidat d'union UDI-LR, Philippe Vigier, investi pour reconquérir cette région passée à Gauche en 1998.

Alors, dans le huis clos des états-majors, et surtout sur les plateaux de télévision, les responsables politiques ont encaissé le choc violent des résultats en direct et tenté de trouver une réponse à "la colère" des électeurs. Tous semblaient fort démunis face à ce qui ressemble à une implosion du système politique.

Pour masquer cette impuissance, face à un phénomène qu'ils ne maitrisent pas, les chefs de partis ont très vite annoncé leur stratégie de deuxième tour, tout en se rejetant mutuellement la responsabilité de la "colère" exprimée par les électeurs dans les urnes. Sans attendre les palabres d'une réunion du Bureau national, le secrétaire national du P.S., Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé une décision radicale qui avait été entérinée auparavant : "Le Parti Socialiste et la gauche seront présents là où le total gauche permet de l’emporter et ainsi de barrer la route au Front national ....le PS  retire  ses listes en PACA et dans le Nord Pas de Calais Picardie. La gauche est donc le dernier rempart de la France républicaine contre l’extrême droite xénophobe", a-t-il déclaré. La Gauche dans son ensemble oui ;  mais ses dirigeants n'ont pas été capables de surmonter leurs querelles et leurs égos pour constituer des listes communes avant le premier tour, alors que Marine et Marion Le Pen étaient toutes deux déjà créditées d'un score important dans leurs régions respectives. Mus par les chimères présidentielles de Cécile Duflot, les Ecolos ont voulu faire cavalier seul, provoquant ainsi une scission  de leurs élus, de même que  le Front de Gauche, pour masquer les divisions entre mélenchonistes et communistes, ces derniers étant plutôt partisans de l'union avec le PS. Mais ce n'est pas du goût de tout le monde, le socialiste Masseret refusant par exemple de se retirer en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, malgré les consignes de son parti.

A droite, conformément à ce qu'il avait  laissé entendre à la fin de  la campagne, Nicolas Sarkozy a exclu toute perspective de retrait ou de fusion de listes et annoncé que les candidats Républicains se maintiendront partout. Pour Nicolas Sarkozy, "rien ne serait pire que des alliances improbables, qu’elles soient explicites ou tacites, qui plongeraient les Français dans encore plus de confusion. Les Français souhaitent que la priorité pour tous les responsables politiques soit que la République ne recule plus. Elle a trop reculé et en particulier depuis bientôt quatre années...." et d'ajouter, en forme de semi aveu : "Ce message s’adresse d’abord à ceux qui exercent les responsabilités à la tête de l’Etat et de presque toutes les régions de France. C’est un nouveau signe d'une profonde aspiration des Français à voir les choses changer dans notre pays. Ce message s’adresse à nous aussi".

A vrai dire, la question d'un éventuel retrait ne se poserait qu'en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, où le candidat LR est arrivé en troisième position ,derrière le FN et le  PS. La ligne défendue par Nicolas Sarkozy est majoritaire au sein de " les Républicains", mais elle ne fait pas l'unanimité : certains voudraient que LR adopte une position plus claire pour contrer le Front National et cette ligne ne fait surtout  pas l'unanimité au sein de l'alliance constituée avec les Centristes  du MODEM et de l'UDI qui souhaitent le retrait des listes arrivées en troisième position à droite comme à gauche .Des débats en perspective avant le dépôt des listes pour le deuxième tour demain soir. Mais Nicolas Sarkozy est aussi attendu au coin du bois au sein de LR, où on lui reproche d'avoir fait la part trop belle à l'UDI et au MODEM, en leur "offrant" trois têtes de listes  pour ces régionales. Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin pour ne citer qu'eux , font partie de ceux-là et ils seront d'autant plus audibles que la victoire sera étriquée. Les Républicains  espéraient un temps faire le grand schlem aux régionales et Nicolas Sarkozy voulait faire de ce succès la rampe de lancement de sa candidature à la primaire voit ses ambitions contrariées .

Quant aux réponses de fond à apporter à cette montée inexorable du Front National dans la vie politique française, elles restent à trouver. Le Président du Sénat Gérard Larcher a beau assurer que la droite saura  écouter " la France d’à côté, celle des territoires qui se sentent abandonnés", et affirmer qu'un "vote de protestation ne peut être une réponse à la crise que vit notre pays", les électeurs ne se satisfont plus de ce genre de promesses. Pour l'heure, les Républicains sont  tétanisés par la montée du Front National qu'ils n'ont pas été en mesure d'empêcher, parce qu'ils ne maitrisent pas la montée du  chômage et ils savent qu'ils subiraient également la crise migratoire. Dernier rendez-vous électoral avant la présidentielle de 2017, et des législatives qui suivront... ces régionales remettent une fois de plus la question de la représentativité  du FN à l'ordre  du jour. Mais qui pourrait imaginer aujourd'hui que François Hollande et Manuel Valls puissent lancer une modification du  mode de scrutin pour les législatives à l'heure où la France vit dans en situation d'état d'urgence?

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