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Comme l’Amérique,
méprisons le triple A
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EDITORIAL

Les spéculations vont bon train sur la perte du triple A français. Pourtant, la dégradation de la note française pourrait, comme aux Etats-Unis, ne pas susciter la panique annoncée.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Tout ce qui est excessif est insignifiant. La pluie de dégradations du triple A à laquelle se livrent les agences de notation depuis quelques semaines, vis-à-vis des Etats, des entreprises ou des collectivités, confirme cet adage si l’on observe ce qui se passe outre-Atlantique. Depuis que les Etats-Unis ont perdu le label fétiche, ils n’ont jamais bénéficié d’autant d’attraits aux yeux de la communauté internationale. L’ampleur des déficits, l’étendue de la dette n’empêchent pas Wall Street de devenir en cette fin d’année le lieu du grand ralliement des capitaux.

Le Trésor américain a pu ainsi placer récemment plus de trente milliards de dollars à trois ans à un taux  ridicule de 0,3%, un véritable cadeau, puisqu’il offre un rendement négatif, alors que l’inflation atteint au moins 2,5%. Parallèlement, le dollar marque des points sur l’échiquier des monnaies. L’euro vient d’enregistrer une baisse spectaculaire, tombant momentanément sous la barre de 1,30 dollar, son plus bas niveau depuis un an. Le mouvement est universel, puisque le rand sud-africain, tout comme le real brésilien et même le dollar australien se sont inclinés face au billet vert. Avec une exception de taille, le yuan chinois qui s’est apprécié de 3,5%, mais ne relève pas du fonctionnement normal du marché des changes.

Aux yeux de l’opinion, la plus belle victoire du dollar s’est réalisée au détriment de son grand adversaire, le métal jaune, dont le cours a enregistré en une seule journée une chute de cent dollars, en revenant au dessous de 1600 dollars l’once, un phénomène exceptionnel, même si l’or s’est un peu repris par la suite.

Les bourses de valeurs ont suivi le même mouvement. Les places asiatiques et européennes ont perdu en moyenne 20% sur leur plus haut de l’année, alors que  New-York a marqué une belle résistance et que l’on assiste toujours à des introductions nouvelles de sociétés, alors que les autres marchés ont capitulé sur ce plan. En clair, l’Amérique reste le phare de la planète financière. Il est vrai que malgré un ralentissement sensible, elle garde un peu de croissance, de l‘ordre de 2,5% par an, grâce à l’intervention bienveillante de la banque centrale qui fait marcher la planche à billets, démarche qui est interdite à sa consoeur européenne.

Les succès de l’Amérique impressionnent, d’autant que la conjoncture économique demeure fragile. La récession guette toujours et l’amélioration du chômage est en partie artificielle, car elle résulte de la sortie des statistiques des chômeurs en fin de droit. Mais selon le proverbe, au royaume des aveugles les borgnes sont rois.

Les palinodies européennes pour sortir de la crise provoquent toujours un sentiment de méfiance qui fait fuir les investisseurs. On se porte sur les Etats-Unis par défaut plus que par enthousiasme. Et le souci des détenteurs de capitaux n’est plus aujourd’hui la recherche du gain, devenue trop problématique. A la quête du placement miracle succède désormais un comportement de survie pour défendre le mieux possible son patrimoine.

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