Pierre Gattaz s’attaque au programme économique du FN, mais pour quelle efficacité ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Pierre Gattaz s'est attaqué au programme économique du Front National.
Pierre Gattaz s'est attaqué au programme économique du Front National.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

En tirant à boulets rouges sur le programme économique de Marine le Pen, Pierre Gattaz a fait d’une pierre, deux coups. Il pointe le maillon faible du discours du FN et oblige la classe dirigeante à sortir de la politique politicienne pour s’occuper enfin des programmes.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Marine le Pen n’a jamais beaucoup insisté, ces derniers mois, sur son programme économique. Et pour cause, elle doit savoir elle-même qu’il serait inapplicable. La patronne du FN préfère répondre aux inquiétudes sociétales des Français et choisit de développer les mesures sécuritaires qu’elle voulait prendre. Elle conforte ainsi son rôle nationaliste et protecteur en prenant soin de ne pas trop insister sur les options de politique économique qui sont les siennes.

Or, ce sont ces options économiques que les chefs d’entreprise en général, et Pierre Gattaz en particulier, ne peuvent pas accepter. Sans entrer dans le détail du programme économique du FN, disons qu’il est dominé par la logique nationale. Par conséquent, le FN se méfie de la mondialisation, de l’espace européen, de l’euro, du progrès technologique et de la concurrence. Le FN prône le retour à un Etat central fortement interventionniste au niveau des mécanismes économiques.

Cette logique va à l’encontre de l’évolution actuelle contre lesquelles il ne faut pas développer d’attitude défensive mais au contraire, à laquelle il faut s’adapter. Il faut s’adapter à la mondialisation pour en profiter. Il faut s’adapter à la concurrence pour gagner des marchés européens et il faut assumer le progrès technologique.

La demande partagée par les chefs d’entreprise est celle d’un écosystème qui leur permettrait d’exercer la liberté d’entreprendre, la responsabilité et la compétitivité. Ces objectifs d’une politique centrée sur la performance de l’entreprise ne sont ni de droite, ni de gauche. Normalement, ce type de politique se doit d’être efficace.

En critiquant aussi fortement le programme de Marine le Pen, en dénonçant sa logique protectionniste, son isolement, Pierre Gattaz dit tout haut ce que beaucoup pensent déjà tout bas. Y compris au Front national où une partie de son entourage plaide pour un programme plus cohérent  et plus responsable.

Beaucoup savent qu'une fois arrivé au pouvoir, le Front national irait directement se fracasser contre le mur des réalités économiques et financiers. Les chefs d’entreprise du Nord ont déjà prévenu Marine le Pen.

Cela dit, Marine le Pen n’est pas insensible à ce genre de critiques. Elle a essayé d’amender certains de ses propos mais elle sait aussi qu’en amendant certaines propositions, elle risque de se banaliser et perdre son pouvoir d’attraction.

Ce qui est intéressant dans la diatribe de Pierre Gattaz, c’est que du même coup, il oblige la classe politique de droite comme de gauche à se pencher sur le programme du FN. Ce que personne n’a sérieusement fait jusqu’à maintenant. Les critiques vont donc se multiplier mais il faudra que parallèlement, les partis - et notamment à droite -, soient capables d’apporter des réponses cohérentes ce qui n’est pas le cas. On ne peut pas dire qu'à droite, on ait des candidats avec pléthore de propositions fortes, crédibles et cohérentes pour sortir le modèle français de la crise.

A gauche, on continue de mouliner des vieilles recettes interventionnistes ou Keynésiennes qui n’ont jusqu’alors donné aucun résultat. Si Emmanuel Macron a autant d’audience à gauche comme à droite, c’est parce qu’il est le seul à offrir un corps de mesures qui tiennent compte des contraintes que nous devrions pouvoir surmonter. La concurrence mondiale, la révolution digitale et l’Europe. Emmanuel Macron a beaucoup de succès dans les médias, chez les chefs d’entreprise ou chez les étudiants, mais pour l’instant, il n’a pas beaucoup d’électeurs prêts à voter pour la mise en place ses idées. Macron a souvent de bonnes idées mais il n’a pas de majorité pour les mettre en œuvre.

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