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Pourquoi les succès de François Hollande risquent d’être éphémères
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L'édito de Jean-Marc Sylvestre

Parcours sans faute pour François Hollande depuis les événements du 13 novembre. La séquence s’est achevée vendredi aux Invalides par une cérémonie magnifique. Celle qui s’ouvre dimanche avec la COP21 va être plus compliquée.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Hollande a, au plein cœur de cette tragédie, fait le job de Président. Il était présent, il a eu le ton juste à chaque fois qu'il a pris la parole de façon très officielle comme à Versailles en début de semaine et vendredi aux Invalides. La mise en scène des Invalides a été réalisée par l’Elysée et rien que l’Elysée avec un grand ordonnateur, un Jean-Pierre Jouyet qui a ,une fois de plus, montré son talent d’organisateur.

Pendant toute cette semaine, François Hollande a parcouru la planète toute entière pour aller chercher des soutiens à l’ouest comme à l’est, avec deux messages : "aidez-nous parce que vous êtes aussi en risque et une des façons de m’aider sera de confirmer votre venue à Paris lors de la COP 21 la semaine prochaine".

En fait, tout le monde viendra. Une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement. La plupart feront un passage éclair au Bourget. Ils passeront du tarmac de l’aéroport aux salons qui ont été ouvert en bout de piste. Beaucoup de séjours ont été raccourcis au maximum et peu de chefs d’Etat se rendront à Paris intra-muros.

Peu importe pour François Hollande, seul compte l’image de ce gouvernent mondial penché sur les questions climatiques . L’intensité des évènements, leur gravité a permis à François Hollande d’exercer son rôle de Président. Sans vouloir sous-estimer son mérite, il n’avait pas le choix, dans la forme et dans le fond.

Là où l’histoire est plus cruelle, c’est qu'il se retrouve dans le même registre que celui qu'il avait violemment critiqué chez Nicolas Sarkozy en septembre et octobre 2008, au moment de la crise financière. Nicolas Sarkozy avait, lui aussi, très bien réussi à gérer la séquence. L’opinion publique avait apprécié le talent du chef mais ne s’en était pas souvenu au moment de la présidentielle.

L’heure n’est pas à la polémique politicienne, encore que tout le monde pense à l’impact politique de cette  gestion, mais il est probable que François Hollande ne pourra pas capitaliser électoralement sur cette gestion sans faute. L’ADN politique de François Hollande reviendra à la surface et l’opinion ne gardera pas à son crédit ce qu'il aura fait. La politique est ingrate, mais elle est ainsi. Elle mobilise les acteurs sur le court terme, mais elle les juge sur le moyen et long terme. Il y a trois raisons pour lesquels le succès sera très certainement éphémère.

Première raison : Si les Français reconnaissent que le Président fait le travail, ils vont très vite lui reprocher de l’avoir fait trop tard en attendant de vérifier que le travail aura été efficace. Ce qui n’est évidemment pas garanti. La vraie question qui va polluer son parcours est de savoir, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pris aucune mesure de protection contre le terrorisme et surtout après janvier. Pourquoi ? Par incompétence technique ? Peut-être !

Par manque de volonté politique ? Plus probablement ! Il faut savoir que plus de la moitié du parti socialiste, et presque la moitié du gouvernement, ne pouvaient pas adhérer à des réformes sécuritaires qui étaient depuis longtemps réclamées par la droite et par l’extrême droite. La gravité de la situation a obligé le Président à mettre en œuvre une série de mesures qui était à l'encontre des convictions profondes de ses amis politiques.

La crise a rendu ce gouvernement pragmatique et responsable. Mais encore faut-il que les actes aillent au bout des promesses, alors que l'on a déjà pris du retard dans l’exécution d’un certain nombre de décisions comme la fermetures des mosquées salafistes. Encore faut-il expliquer à l’opinion pour quelles motifs il a fallu attendre 130 morts pour se décider à bouger.

Deuxième raison, quelle sera la décision du Président quant à la structure de son gouvernement quand l’émotion sera tombée. L’Etat d’urgence rend peu probable un remaniement juste après les élections régionales, mais il faudra bien à un moment que son gouvernement reflète cette ambition de protéger une union nationale qu’il a souhaité de tous ces vœux pendant les événements.

Troisième raison, on reviendra progressivement aux fondamentaux de la politique conduite par le gouvernement et notamment son échec spectaculaire sur l’emploi. L’emploi est la clés de tout l’équilibre socio politique du pays. L’emploi conditionne le moral des Français et la solidité des liens sociaux. L’emploi impacte le financement du modèle social et génère de la croissance, donc le progrès.

Or, la situation de l’emploi a atteint des niveaux catastrophiques en octobre. Plus de 5 millions de chômeurs. Et  principalement des jeunes, des jeunes qui appartiennent aussi à cette génération Bataclan. Cette génération qui a envie de vivre en toute liberté mais qui a aussi envie de travailler, pas seulement dans un emploi aidé ou dans la fonction publique.

Toutes les recettes mises en place par le gouvernement ont échoué. Aucune n’a donné des résultats probants. Au départ du quinquennat, le gouvernement a joué sur les emplois publics et les emplois aidés, il a financé une politique de la demande, ça n’a rien donné. Sauf de la dette.

Depuis plus d’un an, il met en œuvre une politique de l’offre avec le CICE, qui ne semble pas donner de résultats très rapides. Il faut dire que sous la pression de sa majorité très hostile à une politique libérale, le gouvernement a raboté les composantes du pacte de solidarité pour l’emploi.

On laisse parler Emanuel Macron, ça plait aux chefs d’entreprise, ça plait aux opérateurs étrangers du monde de la finance, ça plait aussi beaucoup aux jeunes qu'ils soient diplômés ou pas, et surprise, le Macron  plait aussi dans les banlieues et les cités quand il va expliquer de l’autre coté du périphérique que c’est bien de faire fortune, mais qu'il y a d’autres commerces que celui de la coke.  

Et bien pendant que Macron grimpe dans les sondages, le gouvernement caresse sa gauche et son extrême gauche. Il a encore reporté la baisse des charges de 3 mois, le Président audit et répète qu’il ne voudrait pas que l’on touche au code du travail, ni aux 35 heures.

La quasi-totalité des chefs d’entreprise admettent qu’ils ne recruteront que si, c’est plus facile et surtout si c’est moins couteux de licencier.

En clair, il a fallu 130 morts particulièrement atroce pour que l'on prenne enfin des mesures de sécurité. On peut se demander à partir de quel nombre de chômeurs, le gouvernement se décidera à décréter l’état d’urgence économique ouvrira complètement la liberté de créer des emplois et des entreprises.

L’opinion publique ne cessera pas de demander des comptes au gouvernement sur ce dossier, comme elle va lui en demander sur celui de la sécurité. Pourquoi faut-il que le Président et le gouvernement soient toujours en retard sur l’événement.   

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