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Comment les vaches chinoises ont produit de nouvelles "super-bactéries" qui peuvent tous nous tuer
©Reuters

Résistance antibiotique

Selon une étude, plus de la moitié de la consommation d'antibiotiques en Chine est pour le bétail. En jeu, un nouveau gène, MCR-1. Ce gène est apparu dans des plasmides, ce qui lui permet de se répandre très facilement de bactérie en bactérie.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Les antibiotiques sont peut être l'innovation médicale la plus importante des 100 dernières années. Il y a cent ans, le seul remède connu contre la tuberculose, une maladie endémique, était le repos. Sans les antibiotiques, la tuberculose et de nombreuses autres maladies très graves continueraient de nous décimer ; sans les antibiotiques, la moindre infection pourrait être fatale. 

Ce qui explique que de plus en plus de responsables de la santé s'inquiètent du phénomène de la résistance bactérienne. C'est le mécanisme sans pitié de l'évolution : au fur et à mesure que les bactéries sont bombardées d'antibiotiques, les souches évoluent et deviennent résistantes. On voit de plus en plus l'émergence de ce qu'on appelle des "super-bactéries" qu'aucun antibiotique ne peut combattre. Et l'évolution est rapide : un responsable hospitalier déclare découvrir plusieurs cas par mois, alors qu'il y a cinq ans ils étaient "aussi rares que des poules avec des dents." 

En cause, la sur-utilisation des antibiotiques. Plus on utilise des antibiotiques, plus on accélère le phénomène d'évolution des bactéries. Et la dernière souche d'antibiotiques découverte le fut avant les années 1980.

Mais ce qu'on utilise le plus, ce n'est pas les antibiotiques humains. Dans l'agriculture industrielle, on injecte le bétail de nombreux antibiotiques car leurs conditions d'élevage, en surpeuplement, favorise l'émergence des maladies. Conditions idéales pour l'émergence de "super-bactéries", qui peuvent ensuite passer à l'homme. En Europe, l'utilisation non-médicale des antibiotiques sur le bétail est interdite depuis des années, et aux Etats-Unis des règles similaires sont en cours d'application--mais pas en Chine, qui ne respecte pas les règles. Selon une étude, plus de la moitié de la consommation d'antibiotiques en Chine est pour le bétail.

En jeu, un nouveau gène, MCR-1. Ce gène est apparu dans des plasmides, ce qui lui permet de se répandre très facilement de bactérie en bactérie. Les bactéries équipées de MCR-1 résistent à tous les antibiotiques connus. MCR-1 aurait émergé dans du bétail chinois. Aujourd'hui plus de 1000 cas de super-bactéries MCR-1 ont été découverts en Chine, et d'autres cas au Laos et en Malaisie. 

Une solution proposée par des scientifiques et reprise par Bloomberg serait d'imposer une taxe sur les antibiotiques à usage animalier, réduisant ainsi leur usage et la progression des super-bactéries, et d'utiliser le revenu pour financer plus de recherche sur les antibiotiques. 

Car à terme, seule la recherche peut nous protéger de ce phénomène. Il semble que nous puissions peut être le retarder, mais pas l'arrêter. Une opportunité possible : les antibiotiques dérivés de bactériocines. Le problème de la résistance aux antibiotiques est que les antibiotiques détruisent attaquent toutes les bactéries sur leur chemin--et notre corps en contient des millions, la plupart inoffensives--, sans discrimination. C'est cet effet qui pousse les autres souches à évoluer pour résister. Les bactériocines sont des antibiotiques générés par des bactéries pour tuer d'autres bactéries, et ceux-ci sont très ciblés. Jusqu'à présent, il semblait qu'on ne pouvait pas utiliser ces bactériocines médicalement, mais plusieurs études animales récentes tendent à montrer le contraire. Selon Richard James, un des premiers bactériologues à avertir le monde au sujet du problème de la résistance bactériologiques, cette découverte permettrait de créer une nouvelle génération d'antibiotiques ultra-ciblés, donc très efficaces et créant beaucoup moins de résistance. 

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