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Avec la crise, fini le clivage gauche/droite, place à l'affrontement souverainistes/européistes
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Revival référendum 2005

Les antagonismes de la campagne du référendum sur le Traité constitutionnel européen de mai 2005 refont surface à l'aune de la présidentielle. De quoi ouvrir la porte à un éventuel "21 avril 2012"...

Jean-Luc  Sauron

Jean-Luc Sauron

Jean-Luc Sauron est professeur associé à l'Université Paris-Dauphine.

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Les élections présidentielles du printemps 2012 pourraient bien être la première élection présidentielle française dont les débats et l'issue seront alimentés par la mondialisation dans ses aspects politiques, financiers et économiques.

Les enjeux européens dominent le "vingt heures" des journaux télévisés et les "unes" des journaux. Cette situation demande à tous les partis politiques de se positionner clairement sur les solutions à y apporter. Deux tendances lourdes s’opposent : ceux qui pensent que le cadre national est celui qui donne les cartes pour se "refaire", et ceux, qui considèrent que seul le cadre européen permet de donner les moyens et marges de manœuvre nécessaires. Dans les deux cas, il s'agit de choisir la meilleure porte d'entrée dans la mondialisation, nationale ou européenne. Par suite, la campagne présidentielle du printemps 2012 pourrait faire ressurgir le clivage du débat référendaire de mai 2005.

En effet, selon un sondage TNS-Sofres I-télé réalisé à l'occasion du discours de Toulon et rendu public vendredi 2 décembre dernier, "le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel qui semble se rejouer ici avec une question qui traverse et divise aussi bien à droite qu'à gauche". Les hommes (54%), les plus de 50 ans (51%) et les cadres (58%) défendent le principe de solidarité alors que les femmes (45%), les moins de 35 ans et les catégories populaires (50%) souhaitent majoritairement que chaque Etat s'occupe de sa propre situation nationale." Cette première enquête est confirmée par un sondage publié dans Le Monde en date du 15 décembre 2011.

La réapparition de ce clivage est très préoccupante. En focalisant l'opinion publique sur la prétendue responsabilité de l'Union européenne dans les efforts demandés aux États membres de l'UE, elle l’empêche de prendre conscience de l’origine, en grande partie, nationale de sa situation financière et budgétaire. Les budgets français sont en déséquilibre permanent depuis 1974 et les modifications nécessaires de l'appareil de production pour améliorer sa compétitivité n’ont pas été menées par les gouvernements français successifs toutes tendances confondues. La situation financière favorable offerte par l'appartenance à la zone euro a, sans doute, retarder l'heure de la restructuration, mais elle n'est à l'origine ni de nos déficits, ni de notre désindustrialisation.

«L’'écran bruxellois » (discussion sur les modalités de consolidation de la zone euro) risque de déplacer le débat politique du pourquoi en sommes-nous là et aux solutions de politiques publiques et industrielles à appliquer au comment s’en sortir et au choix du niveau national ou niveau européen de la solution. Dès lors, ce positionnement, proche de la configuration de 2005 opposant souverainistes et européistes, pourrait bouleverser la cartographie politique prévisible aujourd'hui (second tour UMP/PS).

Cette éventuelle reconfiguration des résultats de l’élection présidentielle pourrait trouver son origine dans l’impact sur l’opinion de la convergence des discours électoraux des extrêmes (Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, d'un côté; Jean-Luc Mélenchon, Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg, de l’autre) sur une ligne souverainiste, démondialiste et refusant la remise en cause des acquis sociaux. En face, un "centre du cœur de l'échiquier politique" (du centre du PS, les Verts, les Centres jusqu'au centre de l'UMP) partage les grandes lignes d’un discours européen, intégrationniste et libre-échangiste régulé. La scène politique de la présidentielle est alors la suivante : les extrêmes frappent avec un même angle d’attaque mais sans programme de gouvernement ce "centre de l'échiquier politique" qui, prisonnier de la concurrence électorale pour le poste de président de la République, est dans l'incapacité d'afficher des convergences.

Si ce pronostic se réalisait, la France rejoindrait la Grande-Bretagne dans sa marginalisation par rapport au cœur battant de l’Union européenne.

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