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Deux chemins pour combattre le terrorisme
©Reuters

Sous les pavés, la plage

Plus d’une semaine après les terribles attentats qui ont endeuillé notre pays, il est devenu évident qu’il faudra deux chemins conjugués pour combattre le terrorisme et espérer un jour vivre en paix : la sécurité et la fraternité. Une tribune de Valérie Lecasble.

Valérie Lecasble

Valérie Lecasble

Valérie Lescable est vice-présidente de TBWA Corporate. Elle a été une des conseillères en communication de François Hollande pendant sa campagne. Elle était auparavant journaliste.

Valérie Lecasble est également l’auteur de trois ouvrages : « Le Roman de Canal+ », Grasset, 2001 ; « Forages en eau profonde, les secrets de l’affaire Elf », Grasset, 1998. Prix du meilleur livre d’investigation Jacques Derogy - L’Express ; et « Le Flambeur, la vraie vie de Bernard Tapie », Grasset, 1994.

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Le premier chemin est celui de la sécurité. « La sécurité est la première des libertés » a dit Manuel Valls sans que personne n’ait eu l’idée ni l’envie de le contredire. Le vote quasi-unanime des députés, de droite comme de gauche, d’une prolongation jusqu’à fin février de l’état d’urgence montre s’il le fallait l’engagement de l’opinion en faveur de la politique sécuritaire menée par le Chef de l’Etat. A part quelques voix isolées, écologiques ou à la gauche de la gauche  pour pointer du doigt le risque pour nos libertés fondamentales, rares sont ceux qui mettent en doute ou même questionnent la détermination qui guide la réaction sécuritaire aux attentats.

Dans un mélange de tristesse, de peur et de colère, les Français semblent désormais prêts à tout accepter, à tout valider : perquisitions à domicile de jour comme de nuit, comparutions immédiates, assignations à résidence, gardes à vue, interdiction de circulation, armement des polices municipales, déchéance de nationalité, centre de déradicalisation, rien ne paraît trop menaçant ni trop intolérable pourvu que l’objectif soit d’éradiquer le terrorisme.

Et si une critique est faite à François Hollande, ce n’est pas de mener une politique trop sécuritaire mais de l’avoir adoptée trop tard, trop longtemps après l’attentat à Charlie Hebdo. En vérité, à quelques semaines de ce triste anniversaire, cette critique pourtant légitime, paraît incongrue. « Je suis Charlie » était une réaction à une attaque contre la liberté d’expression,  et voulait défendre toutes les libertés. Le peuple de France et les élus qui le représentent n’auraient pas accepté il y a un an que l’on bafoue la présomption d’innocence, un des piliers des libertés individuelles qui fondent notre démocratie.

Un an plus tard, il aura fallu 130 vies supplémentaires fauchées au hasard, au coeur même de notre jeunesse, pour que les Français s’y résolvent.

Mais aujourd’hui, l’unanimisme des Français en faveur de la sécurité ne doit pas nous faire oublier qu’il y aura aussi un deuxième chemin obligatoire pour combattre le terrorisme, celui de la fraternité.

Il a suffi pour s’en convaincre d’assister à la remise par François Hollande du prix de la Fondation Chirac pour la promotion du dialogue interreligieux et une culture de la paix à Latifa Ibn Ziatem, la mère d’un soldat tué par Mohamed Merah, au moment même où les députés à l’Assemblée nationale votaient la prolongation de l’état d’urgence.

Lors d’un discours profond et digne, cette mère inconsolable a tiré les larmes des yeux d’une assistance très huppée en racontant comment, en sillonnant depuis trois ans les quartiers, en allant à la rencontre des jeunes des banlieues, elle s’est convaincue de l’impérieuse nécessité d’établir le dialogue, de sortir des ghettos, d’instiller la mixité sociale dans des établissements scolaires qui pour certains d’entre eux, accueillent plus de 95 % d’enfants d’origine maghrébine.

Pour se comprendre, il faut se parler a dit très simplement Latifa Ibn Ziatem. Pour combattre la haine, il faut dialoguer, écouter, discuter, convaincre. Pour permettre aux jeunes de sortir de la radicalité, ou bien pour éviter qu’ils y sombrent, il faut donner des raisons de croire et d’espérer.

« Nous répondrons à la haine par la fraternité, à la terreur par la force du droit », lui a répondu François Hollande.

Ce sont bien ces deux chemins que doit suivre simultanément le pays, celui de la sécurité et celui de la fraternité. L’un avec l’autre. Pas l’un sans l’autre.

La sécurité, dans le cadre du droit, les Français la réclament, tout simplement pour se protéger. Et ils ont raison. Mais quel sera, sur le long terme, l’efficacité de cette protection policière et judiciaire, si demain, derrière un djihadiste tué s’en lève un autre, tout aussi déterminé ? Quelle sera notre protection si c’est la haine qui triomphe et non la fraternité ?

Ces deux chemins, de sécurité et de fraternité, ne peuvent être dissociés.

Ce sont ceux qui peuvent ressouder la France.

La France est diverse. La France est fracturée. La France est constituée d’histoires multiples dans laquelle chacun ne se reconnaît pas de la même façon que l’autre. Mais les Français doivent être solidaires et trouver le lien commun qui les unisse dans leur combat contre le terrorisme. Là est la vraie condition du Vivre ensemble.

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