"Contre le terrorisme, tous au bistrot" ! Et on ose appeler ça la résistance…<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Parisiens, au lieu de sortir des grenades - c'est très démodé - est allé boire une bière pour résister au terrorisme.
Les Parisiens, au lieu de sortir des grenades - c'est très démodé - est allé boire une bière pour résister au terrorisme.
©Reuters

La bière contre les kalach

Ils se sont dressés contre les assassins. Et pour faire croire qu'ils étaient debout, ils se sont assis à la terrasse des cafés.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le peuple de Paris n'a pas failli à sa tradition révolutionnaire. Fier et digne, il a entendu le vol noir des corbeaux sur nos plaines. Mais au lieu de sortir des grenades - c'est très démodé - il est allé boire une bière ! Les radios et les télévisions se sont ruées rue Oberkampf, rue de Charonne, rue de la Roquette, pour informer la France et le monde de ce défi prométhéen.

Sur les badges des buveurs de bière, on peut lire "même pas peur". Les journalistes s'extasient : "oh, vous n'avez pas peur ?". "Non", répondent unanimes les interviewés, "c'est notre façon à nous de résister". Et ils retournent à leur bière, satisfaits qu'on les ait adoubés comme héros. Quelques uns cependant s'interrogent : "n'avons-nous pas été trop téméraires?" Et quand ils rentrent chez eux, ces résistants racontent à leurs amies, amis et parents ces moments historiques qui rivalisent avec la victoire d'Austerlitz.

Dans la foule on aperçoit Jack Lang. Comment aurait-il pu rater une journée qui conjugue les mots fête et musique? On s'approche de lui, on lui parle, on le touche. L'homme qui a inventé la Fête de la Musique est une icône, un saint, un prince. Et Lang tout émoustillé par ces hommages, s'en retourne chez lui Place des Vosges étonné d'avoir pu être aussi courageux.

Entendons-nous bien. Il n'est pas scandaleux de boire une bière. Il n'est honteux d'aller au concert, d'aller au restaurant, au cinéma. Et ce n'est pas blasphémer que de faire l'amour en ces jours de deuil. Mais ce qui est scandaleux, honteux, blasphématoire c'est de faire croire que cela s'appelle la résistance. Ce qui est proprement mensonger, c'est de répéter que les hommes de Daesh voulaient tuer la musique, l'ambiance festive et conviviale de nos cafés, les joints que nous aimons tant. Curieusement les grands prêtres de cette religion dont le dieu s'appelle Bobo ne mentionnent jamais le Stade de France car des amateurs de foot c'est pas très glamour... La vérité est toute simple : les assassins islamistes voulaient tuer des hommes et des femmes au seul prétexte qu'ils étaient français.

Mais ça ma chère, c'est d'un commun. Fi donc ! Libération qui jouit de l'inestimable avantage de faire corps avec le peuple parisien n'a pas versé dans cette médiocre facilité. On peut y lire que les assassins voulaient frapper un "quartier merveilleux" (toujours pas question du Stade de France), "origines et sexes mêlés, convictions et religions confrontées et acceptées".

Et toujours selon le même journal, la riposte sera foudroyante. La citation est longue mais chaque mot est un poème. Nous verrons des "hommes et femmes, fiers de cette mixité dragueuse, de ces corps séducteurs et décontractés, de ces peaux multicolores à frotter fort les unes contre les autres, comme les font les chamois quand ils ont du chagrin. On s'embrassera, heureux et fiers de ces désirs qui jettent le voile, qui se décagoulent, on s'embrassera en abominables pervertis."

Jamais tarte à la crème ne fut plus dégoulinante de mièvrerie. De là à envisager qu'on change le "aux armes citoyens" de la Marseillaise pour un "à vos verres citoyens"... Et comme bras d'honneur adressé à Daesh, cette phrase dont la noblesse n'échappera à personne et qui revient partout : "Paris sera toujours Paris". C'est aussi le titre d'une célèbre chanson de Maurice Chevalier. Il la chanta pour la première fois en septembre 1939, exaltant la douceur de la vie parisienne, opposée comme une arme aux Allemands entrés en guerre contre nous. Quelques mois plus tard, la France connut la plus honteuse déculottée de son histoire. Maurice Chevalier continua à chanter "Paris sera toujours Paris" sous l'Occupation. Les djihadistes allemands étaient très tolérants. 

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