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Penser le réel après les attentats : en finir avec l’idéologie relativiste postmoderne
©Reuters

La fin de la bienpensance

Les attentats du 13 novembre à Paris ont fait 130 morts et témoignent de l'incapacité de la France à intégrer tout un pan de sa population. En cause ? Une culture de l'excuse permanente, la volonté de ne jamais stigmatiser qui que ce soit, de peur d'être taxé de racisme...

Marcel  Kuntz

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz, Directeur de recherche au CNRS, dernier ouvrage «OGM, la question politique» Presse universitaires de Grenoble 2014

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Osons dire le réel : une jeunesse, souvent née en France, qui vit mieux ici que dans le pays de ses parents ou arrière-parents, qui est passée par l’"école de la République", oui une partie de cette jeunesse (et des moins jeunes) est hostile à tous les symboles de la France et plus généralement de l’Occident qui l’a accueillie. Tous ne sont pas des terroristes, loin de là. Il faut néanmoins penser cette fracture, et surtout ses causes. 

On peut bien sûr évoquer un embrigadement de type sectaire (il y a de cela) et une interprétation totalitaire des textes sacrés de l’Islam (on sait que le totalitarisme a toujours fasciné, même de brillants intellectuels…). Mais parlons aussi de l’idéologie, au cœur de notre pays, imposée par des soi-disant élites, qui a contribué à déconstruire les possibilités d’assimilation de ces populations. Cette idéologie aveuglée par le déni de réalité, enivrée de politiquement correct, hantée par la culpabilité de l’Homme occidental, porte une responsabilité majeure dans la perte de certains territoires de la République. Cette dernière a pourtant, autrefois, assimilé sans états d’âmes les Bretons, les Alsaciens, les immigrés. Que s’est-il passé depuis ?

L’obsession des tenants de cette idéologie est de ne surtout pas apparaitre raciste (le mot "race" est d’ailleurs à bannir, ainsi que toute analyse critique d’autres "ethnies"), ni soupçonnable de relent colonialiste, sexiste ou encore homophobe. En d’autres termes, l’Autre, c’est-à-dire toute catégorie, autrefois persécutée, est perçue à travers sa condition victimaire et, de ce fait, doit être accueilli sans conditions. Les illusionnistes du "vivre-ensemble" cosmopolite et sans contrainte ont empêché que soit donné aux nouveaux arrivants le cadeau de l’identité française.

Cette idéologie doit être nommée postmoderne, car elle veut faire table rase de la modernité, en même temps d’ailleurs que de la tradition. La modernité, fille des Lumières, n’a pas empêché des exactions comme l’Holocauste. N’a-t-elle pas produit la bombe atomique, des pollutions ou des maladies ? Repentons-nous, car nous sommes coupables ! Et déconstruisons cet Occident, les Etats-nations et leur Histoire belliqueuse, sans oublier le Progrès scientifique. Communions dans la Paix, l’exaltation de la "Diversité" et, pour les menaces imaginées, brandissons le Principe de Précaution ! Assimiler des étrangers ? Vous n’y pensez pas : ce serait du néo-colonialisme, une agression contre leur culture, les "stigmatiser" !

Mais à propos, qui porte cette idéologie ? Qui est ce Camp du Bien ? Le peuple français ? Non, les bien-pensants assumés de la postmodernité méprisent au contraire ce peuple (trop "franchouillard"), qui ne vote plus comme il faut, c’est-à-dire pour les défenseurs des "travailleurs". Tant pis, la nouvelle figure du prolétariat, ce sont désormais les immigrés en provenance d’anciennes colonies. Et toutes les minorités (ethniques, sexuelles, etc.) sont encouragées à se victimiser, pour que les "progressistes" - qui ont échoué à "changer le monde" - puissent encore se donner l’illusion de se battre pour l’émancipation de "damnés de la terre". 

N’oublions pas dans ce constat, les deux piliers de l’idéologie postmoderne. D’abord le relativisme : tout se vaut. A l’école aussi : le maître (pardons ! la "communauté éducative" !) doit apprendre autant de l’élève (pardons ! de l’"apprenant" !) que l’élève du maître… Puis le constructivisme : tout serait socialement construit. Appliquons donc la "culture de l’excuse" à tout acte de délinquance. Tous les ingrédients de la déconstruction ont ainsi été assemblés, progressivement, depuis une cinquantaine d’années, pour aboutir au désarmement moral. La reconstruction du réel ne pourra pas attendre aussi longtemps. 

Pour lutter contre le terrorisme endogène, il faut sans doute des mesures administratives et peut-être législatives. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi une nouvelle doctrine de la Nation et de l’Europe. Cela suppose de nommer et démasquer l’imposture intellectuelle postmoderne là où elle se niche, que ce soit chez les politiques, les médias ou certaines chapelles (y compris universitaires).

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