Djihadistes : citoyens français ou citoyens de la oumma ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Tribunes
Djihadistes : citoyens français ou citoyens de la oumma ?
©

Les assassins sont parmi nous

Telle est la seule question qui vaille. Réponse : c'est avant tout chez nous qu'il faut agir.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

La cause était entendue depuis longtemps. Les auteurs du carnage de Paris sont, comme tant d'autres djihadistes avant eux, français. On le savait, mais la prudence ou la crainte de stigmatiser empêchaient qu'on le dise. La police ayant confirmé, la parole est désormais libre. Ils sont donc français. A telle enseigne que le site oumma.com, tout entier dévoué à la défense de l'islam, a triomphalement annoncé qu'un des assassins était de "type européen" ! On a les joies qu'on peut…

Français donc, comme vous et moi. Oui, car leur carte d'identité, sauf si elle est falsifiée, fait foi. Mais français quand même autrement que nous. Leur sentiment d'appartenance et leur identification à la communauté nationale sont pour le moins intermittents. Cette évidence m'est apparue un jour, alors que j'accompagnais un ami philosophe dans une cité de la banlieue de Nîmes. Et c'est là que le ciel lui est tombé sur la tête, car il était sensiblement plus à gauche que moi.

Il était là-bas pour faire sa BA : apprendre aux jeunes du quartier quels étaient leurs droits en tant que citoyens français. Les animateurs du coin en avaient rabattu une vingtaine qui nous attendaient dans un foyer transformé en salle de réunion. Mon ami entrepris de leur expliquer ce qu'était le droit de vote en les objurguant de l'exercer car des hommes, disait-il, étaient morts sur de barricades pour cette liberté-là.

Les jeunes avaient l'air de s'ennuyer ferme. L'un d'entre eux pris la parole : "et pourquoi j'irais voter, moi ?" "Parce que c'est ton droit, car tu es français". Réponse : "Chuis pô français moi !" Mon ami haussa un peu le ton : "et t'es quoi, alors ?" "Ben, euh, chais pô". "Cherche un peu." "Ben, chuis musulman." "Mais c'est une religion, pas une nationalité. Tes parents sont d'où ?" "De Constantine." "Alors, tu es un Français d'origine algérienne, tout comme il y a des Français d'origine italienne, polonaise, juive".

Le type était buté. Il répéta : "Chuis musulman". Et tous les autres approuvèrent. Ce fut la première et dernière expérience de mon ami en tant que philosophe des banlieues. Comme ce jeune, ils sont des dizaines – et peut-être des centaines – de milliers à n'être rien, rien d'autre que musulmans. Acculturés, ils ne sont ni algériens, ni marocains, ni tunisiens. Comment le seraient-ils ? Déculturés et enfermés dans leur ghetto mental, ils ne sont pas français. Pourquoi le seraient- ils ?

Ils traînent des vies mornes et misérables. Des joints dans les cages d'escalier. Des rodéos en bas de leur tour HLM. Des séjours à Fleury-Mérogis. Des bastons avec le gang rival de l'autre tour. La perspective peu enthousiasmante de finir peut être un jour abattu par une rafale de kalachnikov. Des déclassés comme le furent les SA d'Hitler et comme le sont les bassidjis iraniens. Ils ont profondément conscience de n'être rien, ou pas grand-chose.

Et - ô miracle ! – des prédicateurs leurs proposent la plus séduisante identité qui soit. Etre musulman ! Faire partie de la communauté des croyants, la oumma. Plus d'un milliard d'individus ! Ca a quand même plus de gueule que les quelques potes de la bande du caïd local. Et ils regardent des images. Celles des centaines de milliers de pèlerins tournant inlassablement en rond autour de la Kaaba, la pierre noire de La Mecque. Elles exercent sur eux la même fascination que, pour d'autres, les gigantesques rassemblements organisés par Hitler ou les parades monstres orchestrées par Staline ou Mao.

L'islam, voilà une grande famille pour ces orphelins de l'âme et de la pensée ? Il se trouve que cette famille est passablement agitée ces derniers temps. Sept siècles de retard sur nous, si l'on se fie au calendrier. Depuis les croisades, les guerres saintes ont cessé en Occident. Pas en islam. Alors, dans cette masse désœuvrée et lobotomisée par des prédicateurs haineux, il est facile de trouver la chair à canon nécessaire aux fanatiques. Et nous ? Eh bien nous, nous devons vivre avec eux. Et aussi contre eux. Il y a des situations plus confortables.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !