Sarkozy : un positionnement et un contexte porteurs… jusqu’à quel point ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy est très critique sur la politique menée par François Hollande.
Nicolas Sarkozy est très critique sur la politique menée par François Hollande.
©Reuters

Solidaire, mais juste ce qu'il faut !

Nicolas Sarkozy n'a pas attendu la réponse "impitoyable" promise par François Hollande pour afficher sa différence avec le chef de l'Etat et le gouvernement dès le lendemain des terribles attentats qui ont frappé la capitale vendredi 13 novembre. Il a notamment déclaré que "nous avons besoin d’inflexions majeures pour que la sécurité des Français soit assurée pleinement".

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Tout au long du week-end, Nicolas Sarkozy a été en première ligne pour s'exprimer au nom de l'opposition. Reçu en tête-à-tête par François Hollande, l'ancien Président en a fait son interlocuteur privilégié. Pour mieux en faire sa cible plus tard ?

Solidaire, mais juste ce qu'il faut ! Nicolas Sarkozy n'a pas attendu la réponse "impitoyable" promise par François Hollande pour afficher sa différence avec le chef de l'Etat et le gouvernement dès le lendemain des terribles attentats qui ont frappé la capitale. Devant les nouveaux adhérents du parti Les Républicains, au cours d'une cérémonie écourtée en raison des évènements tragiques de la nuit, le président de LR, tout en appelant les Français à "rester soudés", a déclaré que "nous avons besoin d’inflexions majeures pour que la sécurité des Français soit assurée pleinement". On était loin des déclarations du mois de janvier lorsque Nicolas Sarkozy parlait de "l'impératif d’unité nationale" auquel "nul ne (devait) se soustraire"!

A l'issue de son long tête-à-tête avec François Hollande à l'Elysée dimanche matin, son prédécesseur s'est montré critique, voire donneur de leçons. Sur le perron de l'Elysée, il a réclamé des changements "drastiques" en matière de sécurité ainsi qu'une réorientation de la politique étrangère de la France, notamment à l'égard de la Russie. Il était là en sa qualité de chef de la droite républicaine. Nicolas Sarkozy n'a pas explicité aussi crûment son point de vue que devant les responsables de LR réunis un peu plus tard : "Il y a deux questions qui comptent : est-ce que les Français se sentent mieux protégés depuis Charlie ? La réponse est non. Est-ce que les Français sont en sécurité ? La réponse est non." Cela signifie que le gouvernement n'a pas suffisamment tiré les leçons des évènements de janvier (- et l'opposition doit en tenir compte). Nicolas Sarkozy l'a clairement laissé entendre sur TF1 où il s'est longuement exprimé dimanche soir. En déclinant des propositions concrètes destinées à frapper les esprits, à savoir "mise en  résidence surveillée avec bracelet électronique pour tous les individus faisant l'objet d'une fiche "S" (- on a appris à cette occasion qu'il y en a plus de onze mille !), création de centres de déradicalisation, expulsion manu militari des imams faisant des prêches radicaux dans les mosquées", l'ancien Président expliquait aux Français : "voilà ce que j'aurais fait". (sous-entendu, et qui ne l'a pas été depuis le mois de janvier). Mais lorsqu'il avance que "nous devons profiter de l'état d'urgence pour mener une vaste opération dont le but consisterait à éradiquer le trafic d'armes dans certaines régions ou dans les banlieues",  Nicolas Sarkozy a un trou de mémoire ; il devrait se souvenir que les descentes des GIR (groupes d'interventions régionaux) mis en place en 2002 , lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, n'ont pas réussi à éradiquer la circulation illégale d'armes dans les banlieues. De mauvais esprits lui ont par ailleurs rappelé que le terroriste présumé actuellement recherché, qui avait été condamné à huit reprises pour des faits de délinquance, sans avoir été emprisonné, l'a été sous son mandat .

Chef de l'opposition en sa qualité de président de parti, il n'en est pas moins challengé pour sa candidature à l'élection présidentielle. Et, plus tôt dans la journée, alors qu' il avait réuni les principaux responsables de "Les Républicains" au siège du parti, Nicolas Sarkozy s'est une fois de plus trouvé en désaccord avec Alain Juppé, qui considère que l'heure est (encore) à l'Unité Nationale. Le maire de Bordeaux infléchit cependant également sa position sur la Syrie : entre "ni Bachar, ni Daech", il reconnait qu'il faut avant tout frapper Daech.

A quelques semaines des régionales dont la date est maintenue, la situation est compliquée pour l'opposition : opter pour l'Union Nationale sans nuance, c'est donner corps à "la notion d'UMPS" dénoncée par le Front national. La rejeter et opter pour la radicalité, c'est choquer une partie de l'opinion française, terrassée par l'émotion, qui a soif de compassion. Nicolas Sarkozy a donc choisi de s'abriter derrière la nécessaire solidarité qui n'exclut pas la prise de distance. Mais il aura beau mettre en avant son expérience, il n'est pas aux commandes ; pendant qu'il énonçait ses propositions à la télévision, François Hollande ordonnait des frappes (massives cette fois), de l'aviation française sur Raqqah, le fief de Daech. Et alors que Les Républicains débattent sur le nécessaire dialogue avec la Russie et déplorent l'existence de deux coalitions en Syrie, (l'une conduite par les Etats-Unis dont la France fait partie et l'autre  par la Russie qui soutient le régime syrien), l'Histoire avance sans eux : au sommet d'Antalia, en Turquie, Barack Obama et Vladimir Poutine ont eu un entretien pour évoquer la lutte contre Daech.     

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