Attentats de Paris : ce totalitarisme islamique dont nous avons tant de mal à comprendre la nature réelle (et non, il ne s’agit pas juste d’un intégrisme religieux) <!-- --> | Atlantico.fr
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Un soldat irakien célèbre une victoire contre l'Etat islamique, devant un drapeau de l'organisation terroriste.
Un soldat irakien célèbre une victoire contre l'Etat islamique, devant un drapeau de l'organisation terroriste.
©Reuters

Réflexions

Si les démocraties occidentales ont tant de mal à comprendre la nature réelle de la menace qui pèse sur elles, notamment après les derniers attentats qui ont touché la capitale le vendredi 13 novembre, c'est avant tout car elles ont du mal à identifier les raisons tant endogènes qu'exogènes, et à les accepter.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Atlantico : Suite aux attentats revendiqués par l'Etat islamique qui ont déferlés sur la capitale vendredi, la menace terroriste n'a jamais été aussi forte. Quelle est la nature du phénomène qui menace l'Europe tout entière ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Alexandre Del Valle : Je pense tout d’abord que la menace terroriste va planer des décennies encore sur nos démocraties affaiblies et rendues vulnérables par leurs politiques d’apaisement, leurs compromissions avec les parrains islamistes du Golfe des organisations islamistes, leur absence de contrôle responsable des flux migratoires et l’échec de leur politique d’intégration. Le péril islamo-terroriste n’est qu’à ses débuts dans nos capitales et il faut, sans céder à la panique, s’y préparer et s’y habituer puis prévoir les parades, dont la première consiste à ne pas baisser les bras, à ne pas tomber dans le piège de la peur et de la division qu’ils nous tendent, et à cesser de se sentir coupables ou responsables des actes qu’ils commettent et présentent fallacieusement comme une simple réaction à « .l’humiliation des musulmans ».

>>>>>>>>> A lire également : Pourquoi l’Etat islamique n’est pas dans une fuite en avant désordonnée mais dans une stratégie extrêmement pensée de déclenchement d’une guerre civile en Europe

Premièrement, nous avons affaire non pas à un intégrisme religieux mais à un Totalitarisme, à quelque chose qui ressemble au communisme révolutionnaire mélangé avec du nazisme, l’onction théocratique en plus. Comme je l'ai expliqué dans mon livre "Le totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties », après le 11 septembre 2001, il s'agit d'un phénomène qui a l'air d'être un intégrisme religieux et qui se justifie avec des références religieuses (salafistes entre autres), lesquelles peuvent légitimer théologiquement et légalement le meurtre, l’intolérance et la guerre. Mais nous n'avons pas affaire à des intégristes, qui ont des règles et des valeurs strictes, et qui sont limités dans les moyens par ces règles. Le totalitaire va au contraire de l’intégriste pur prendre ce qui l'intéresse dans la religion pour justifier son expansionnisme car la fin justifie les moyens pour lui. Il ne s’encombre d’aucun scrupule, est très pragmatique, il manie le mensonge, jongle avec sa propre vérité et n'a absolument aucun scrupule, car la seule réelle ambition est la conquête totale de l'humanité, la soumission du monde entier à un principe totalitaire et totalisant, en l’occurrence le l’Empire califal chariatique. La réalisation de cet empire califal et l’impératif de soumettre l'ensemble de l'humanité à la Charia compte plus que tout, quitte à enfreindre les règles de l'Islam si nécessaire, d’où le recrutement par les Jihadistes de vulgaires voyous, de convertis connaissant à peine l’islam, de trafiquant de drogue et de désoeuvrés. Et dans ce dessin, le totalitaire détruit tout obstacle sur son chemin, à l’instar du communisme et du nazisme qui ont fortement influencé d’ailleurs les leaders islamistes, du Grand Mufti de Jérusalem Hadj al Husseini et Sayyid Qutb à Ayman al-Zawahiri en passant par Maoudoudi, Abou Bakr Naji, Oussama Ben Laden ou al-Baghdadi. Dans ce Totalitarisme vert, l'intégrisme n'est qu'une façon de légitimer une soif absolue de pouvoir.

Les islamistes ont pris du communisme révolutionnaire le côté tiers-mondisme antioccidental, anticapitaliste, mais aussi le mode d'organisation : Al-Qaïda s'est inspiré du système léniniste et des fameuses « Bases rouges de Mao ». Parallèlement, les islamistes ont une profonde admiration pour le nazisme et partagent avec lui une haine pathologique et infinie envers les Juifs et le monde libéral-occidental. Rappelons tout de même que de très nombreux dignitaires nazis-allemands comme Johannes von Leers, ont immigré dans des pays musulmans après la seconde guerre mondiale et que depuis lors, beaucoup de contacts sont nés entre nazi et islamistes. C'est pour cela que les islamistes ont récupéré toutes les grandes théories complotistes et antisémites européennes, c'est-à-dire tout ce qui est complot judéo-maçonnique et théorie conspirationniste judéophobe. Certes, l'antijudaïsme est déjà présent dans le Coran, surtout les passages relatant le jihad contre les Juifs de Médine et Khaybar, puis dans la Tradition des Hadith et la Sira, sources majeures de l’islam orthodoxe après le Coran, mais cet antijudaïsme contextualisable a été systématisé et multiplié par 100 avec l'influence nazie-fasciste et la diffusion massive dans les milieux islamistes des idées antisémites et conspirationnistes européennes dont l’Etat islamique est un fervent consommateur et qui sont souvent diffusées par eux sur internet pour amorcer la fanatisation des recrues en Europe. Lorsque que l’on mélange le brun (nazi-fascisme), le rouge - communisme révolutionnaire antioccidental -  et le vert de l'islamisme radical, qui donne une justification et un verni religieux – on obtient ce monstre auquel nous avons à faire, qui n'est pas du tout l'intégrisme que nous dénonçons mais le « Troisième moment du Totalitarisme ». 

Pourquoi je vous dit que l’islamisme ne doit pas être réduit et banalisé comme un simple intégrisme comme un autre et mis au pied que les intégrismes juifs et chrétiens comme si les trois religions se valaient en tout ? Car tant que l’on tentera de comparer l’islamisme avec "nos" intégrismes passés ou présents chrétiens et juifs, on ne pourra pas isoler et définir la menace islamiste pour ce qu’elle est réellement. Je me rappelle avoir participé, après le 7 janvier 2015, à une émission de FOG avec Jean-Luc Mélenchon où ice dernier expliquait, que "tous les intégrismes se valent, qu’il fallait dénoncer l'intégrisme catholique autant qu'Al-Qaïda" et l’Etat islamique, comme si l’on pouvait comparer un seul instant un prêtre "tradi" adepte de messe latin aux coupeurs de tête jihadistes sans foi ni loi autre que leur soif de pouvoir. Quelle erreur ! Ainsi, à chaque fois en Occident, que nous voulons analyser les raisons des attentats barbares commis par ceux qui se déclarent nos ennemis, nous ramenons cela aux juifs et aux chrétiens accusés eux aussi d’être des « intégristes », ce qui revient à faire une fois de plus mea culpa alors qu’en l’espèce, c’est au tour des musulmans de le faire et de mettre de l’ordre dans leurs organisations religieuses afin que cette "maladie de l’islam" comme disait Abdelwahhab Medeb soit combattue et extirpée du corps contaminé de l’islam. 

Ceci dit, dire que l’islamisme radical d'Al-Qaïda et de l'Etat islamisme n’a "rien à voir avec l’islam" sous prétexte qu’il partage des modes opératoires ou postulats avec le communisme et le nazisme est également faux, car l’islamisme radical a aussi des sources endogènes propres : le courant wahhabite ou salafiste de l'islam sunnite, qui est un courant ultra-orthodoxe, constitue l’idéologie centrale du Jihadisme actuel. Sous l’influence de ce salafisme hanbalite et wahhabite qui règne dans les pays sunnites du Golfe et contrôle les lieux saints de La Mecque et Médine puis les grandes organisations et banques islamiques, le monde musulman s’est radicalisé depuis 60 ans de façon dramatique et le blocage et l’absence de réforme de l’islam sunnite s’en sont trouvés accentués. Cet islamisme sunnite salafiste totalitaire, barbare, misogyne, guerrier, prédateur propulsé par les Jihadistes est la création monstrueuse des Etats et grandes organisations islamiques mondiales liées aux pétromonarchies du Golfe. Les sources endogènes de l’islamisme font que ce totalitarisme pathologiquement anti-occidental, nazifiant, tiers-mondisme et révolutionnaire, qui a recyclé les pires thèses du complot, l'antisémitisme et la barbarie absolue du nazisme, pénètre nos démocraties au nom du « droit à la différence » et de la liberté de conscience et de religion. Ne plus considérer les Totalitaires islamistes et leurs idéologues, imams et fidèles comme des religieux mais comme des totalitaires qui menacent l’ordre public, la paix et les libertés permettrait de les combattre et neutraliser à la racine. Or jusqu’à aujourd’hui, tant qu’un islamiste radical « défavorablement connu des services » n’est pas passé à l’acte et n’est pas pris en flagrant délit de fait violents, la justice le relâche lorsque la police l’arrête…

Pourquoi l'Occident n'a-t-il pas été capable de le maîtriser ? 

L'occident n'arrive pas à définir cette menace totalitaire, car comme les islamistes radicaux se réclament de la religion, les occidentaux ont peur de faire des amalgames. Nos leaders ont d’ailleurs souvent plus peur de « blesser » les musulmans et faire « l’amalgame » qu’ils ne sont soucieux de désigner et combattre efficacement la menace islamiste-totalitaire. Tant que nous n'oserons pas dire qu'il s'agit d'un totalitarisme politico-religieux qui s'appuie sur un islam orthodoxe jamais réformé, qui règne sur les lieux saints musulmans, et que les responsables sunnites musulmans doivent donc réformer et condamner de l’intérieur en faisant leur propre autocritique, on ne pourra ni désigner ni combattre cette menace. Notre islamiquement correct en vigueur dans tout l’Occident qui présente l’islam comme la religion de la victime, du tiers-monde, du déshérité anciennement colonisé et opprimé par nous, nous empêche de prendre la mesure du danger et sa portée. En fait, l'Occidental culpabilisé et honteux de lui-même puis reduit ad hitlerum pense que les fascistes ne peuvent être que d'ici.

Ensuite, il ne veut pas accepter que la religion des colonisés puisse-être totalitaire. Tant que les Occidentaux et surtout les Européens demeureront persuadés que les peuples du Sud sont des victimes par essence et nous des peuples bourreaux par nature, et donc que les « vrais » fascistes, les seuls vrais « racistes » à combattre sont les Occidentaux judéo-chrétiens, tant que nous refuserons d’accepter l’idée que dans le tiers-monde, chez les peuples anciennement dominés par nous, il y peut exister quelque chose d'aussi monstrueux que le nazisme, nous n’aurons ni la lucidité, ni la détermination nécessaires pour en venir à bout. Et nos ennemis le savent, puisque dans leurs vidéos de propagande, d’égorgement en direct ou de revendications des attentats comme celui de vendredi soir, ils ne cessent de nous accuser d’humilier, persécuter les musulmans afin de nous faire sentir coupables et de créer chez les masses une sorte de syndrome de Stockholm collectif, une soumission volontaire et une capitulation anticipée. Ils sont maîtres en guerre psychologique et mentale comme tous les totalitaires.

S'agit-il d'une sorte de politiquement correct, ou d'un déni volontaire de la réalité ?

C'est ce que j'appelle tantôt le « comospolitiquement correct », tantôt « l'islamiquement correct », phénomène de déni de la réalité couplé avec une perte de confiance de soi et d’autodénigrement de sa propre identité et de son histoire. On est pas loin du suicide identitaire ou de l’ethno-masochisme. Cette idéologie cosmopolitique occidentale qui dénigre nos racines judéo-chrétiennes et nos frontières et considère notre histoire comme la pire qui soit nous empêche de voir l'ennemi tel qu'il est et de le combattre efficacement. Le Cosmopolitiquement correct qui notre nouvelle idéologie officielle repose sur le vision que nous sommes une nation universelle, que nous n'avons pas d'identité, pas de référence, donc nous ne pouvons pas avoir d'ennemi en dehors de ceux que nous inventerions au nom des coupables théories huntingtoniennes de choc des civilisations. Il y existe une sorte de refus d'accepter qu'une civilisation soit radicalisée, et ce refus explique selon moi pourquoi Samuel Huntington et son livre le Choc des civilisations ait été unanimement dénoncé et critiqué par les responsables occidentaux : il représentait le plus grand démenti à l’idéologie Bisounours et cosmopolitquement correcte en vogue.

L’une des déclinaisons de cette idéologie que le sociologue américain Benjamin Barber nomme « Mac World », est l’islamiquement correct, et la lutte contre une supposée « islamophobie » congénitale des croisés et des sionistes. Or j'affirme que si tous  les musulmans ne sont pas terroristes, et si les musulmans sont les premières victimes de l’islamisme terroriste en nombre, et de loin, la plupart des terroristes sont tout de même des musulmans et agissent au nom de l’islam en tout cas et parviennent même à fonder leur violence sur la citation de textes sacrés et chariatiques hélas enseignés et officiels dans le pays qui contrôle les lieux saints de l’islam, l’Arabie saoudite, le « Vatican de l’islam », ce qui n’est pas rien…. Aujourd'hui, dans le monde musulman, il y a une fanatisation massive progressive qui repose sur la diffusion de ce salafisme wahhabite d’origine saoudienne et de sentiment de persécution et d’idéologies complotistes paranoïaques et délirantes. Une partie du monde musulman est atteinte par le virus totalitaire fait de ressentiment anti-infidèles, de narcissisme collectif et de culte de la conquête néo-impériale au nom de l’Age d’Or des Califats islamiques. La maladie du monde musulman mèle les pires idées extrêmistes de la Gauche révolutionnaire tiersmondiste anti-occidentale aux théories anti-juives et complotistes nazies et à l’obscurantisme salafiste bédouinisant…. Le Mêlange est hautement explosif et aucun de  nos dirigeants ne pouvait ignorer en Europe, il y a 30 ans, que la mondialisation et l’immigration incontrôlée allait faire rentrer dans la bergerie des sociétés ouvertes le loup islamiste néo-totalitaires… preuve de cette fanatisation du monde islamique qui ne peut que se répercuter chez nous : la plupart des pays musulmans étaient dix fois plus libres et réformistes il y a 50 ans qu'aujourd'hui. L'occident ne veut pas admettre cette radicalisation massive et son erreur est d’avoir donné en pâture aux Barbus l’immigration islamique au lieu de fonder l’intégration sur un « patriotisme intégrateur ». Les résultats sont là…

Le phénomène est religieux, mais pas seulement. Je parlerai d'un mélange monstrueux entre ce qu'il y a de pire dans une religion qui ne modère pas et qui se radicalise, qui se sclérose, et le pire du politique, à savoir le fanatisme totalitaire et la pulsion de mort et de guerre. Le résultat de 50 ans de fanatisation wahhabite-saoudienne et salafiste dans le monde est que le monde musulman aujourd’hui métamorphosé et défiguré. L'Arabie saoudite, le Pakistan, le Qatar, le Qoweit et d’autres ont répandu leurs métastases islamistes presque partout et jusqu’au Xinjang chinois et à l’Afrique ou l’Indonésie musulmanes jadis tolérantes. L'Islam des grands parents n'a souvent plus rien à voir avec celui enseigné aujourd'hui dans les mosquées aux petits enfants d’immigrés. Même les mosquées les plus modérées en France sont moins modérées que les réformistes musulmans au début du XXème siècle. En outre, en raison du conflit israélo-palestinien, il y a une banalisation générale dans les pays musulmans des théories nazies et antijuives les plus terrifiantes considérées  sympathiques. Il se développe donc selon moi une véritable « nazification des consciences arabo-musulmanes » que l’ont retrouve sur le Net dans nos sociétés et qui permet de fabriquer des militants de l’Etat islamique en Syrie, Irak ou Libye et des Mohamed Merah ou Nemmouche en France, en Belgique ou en Scandinavie.

Cette double fanatisation idéologique et religieuse du monde musulman a pris en otage une religion, a réduit à néant et mis hors d’état de nuire la plupart des courants réformistes, et les parrains de ce Totalitarisme Vert tiennent les lieux saints musulmans et sont les meilleurs alliés musulmans des pays occidentaux qui cautionnent leur fanatisme comme ont eu raison de le dire Bachar al-Assad et Vladimir Poutine ces derniers jours... Ce mélange est plus qu’explosif dans tous les sens du terme. Potentiellement, il peut-être presque pire que le nazisme. 

D’où vient cette mauvaise conscience des Occidentaux ? Est-ce qu'ils se sentent coupables, parce que ce totalitarisme les renvoi à leur propre échec ?

Absolument. La mauvaise conscience occidentale a comme postulat que la pire des religions est le christianisme, donc les autres ne peuvent pas être aussi mauvaises. Il suffit de regarder les propos de Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui : "attention à ne pas stigmatiser l'islam." Il a certes raison, mais s'agit-il réellement de la première chose que nous devons dire ? le seul problème est-il que l’on risque de critiquer une religion ? Etrange de la part de ceux qui ne ratent aucune occasion de stigmatiser l’Eglise catholique…

La moitié du problème au moins (causes endogènes) réside pourtant dans la religion musulmane, car l'une des raisons de cette mutation totalitaire qui a gagné les pays musulmans et nombre de nos musulmans européens est justement l'absence de  réforme au sein de l'islam et la main-mise saoudienne-wahhabite marraine du salafisme. L'islam a en lui-même des germes qui ont permis cette monstruosité totalitaire, et ne pas le reconnaître au nom de l’islamiquement correct et de la recherche électoraliste d’un néo-Prolétariat issu de l’immigration ne fait qu’empêcher de guérir les causes profondes du mal, donc va empirer la situation.

Est-ce une fatalité ? Comment aujourd'hui, avec toutes ses incompréhensions, ce refus du passé et des échecs, les démocraties occidentales doivent-elles agir pour trouver des solutions ? 

Il y a des solutions, mais l'occident aujourd'hui, là aussi par mauvaise conscience, n'ose pas maitriser ces flux migratoires et pointer du doigt véritablement ce qui ne va pas à l’intérieur d’une religion, c’est-à-dire sa dimension totalitaire et théocratique, incompatible avec le système des démocraties libérales sécularisées. Même si la majorité des musulmans d’Europe sont pacifiques, nous savons très bien qu'il y a plein de fanatiques en Europe qui ont gangréné des villes entières, et que la majorité des instances de représentation de l’islam en Europe, même en France, n’est pas composée de modérés mais dans le meilleur des cas d’orthodoxes stricts et souvent d’islamistes. Une ville comme Bruxelles est par exemple en train d'être littéralement défigurés par le Salafisme depuis des années, et ce n’est pas étonnant que de nombreux attentats islamistes commis ces dernières années - dont ceux de vendredi - aient été planifiés par des éléments installés et fanatisés à Bruxelles. De nombreuses générations qui sont nées en Europe aujourd'hui sont beaucoup bien plus intégristes et radicaux que leurs parents. Tout cela avec l'appui des gouvernements européens irresponsables et adeptes du court-termisme.

En Belgique l'Etat a fait un accord avec l'Arabie Saoudite depuis 50 ans, pour donner les clefs de l'islam de Belgique aux Saoudiens. En France, nous avons fait pareil avec l'Algérie, le Maroc, les Frères musulmans, le Tabligh pakistanais et l'Arabie Saoudite. La solution est que les Etats reprennent le contrôle de leur société et intègrent les populations musulmanes en faisant appliquer la même loi pour tous. L'islam doit être représenté et doit pouvoir et libre et reconnu, mais à condition de respecter les valeurs et règles partagées par tous et prévues par les lois et les constitutions nationales. Ainsi, tous ceux qui sont contre les lois et valeurs de la République ou l'ordre en place doivent être combattus. Mais jusqu'à présent, personne n'a jamais osé dire cela. Car l'Occident est complexé et prisonnier de la dérive tyrannique des minorités et des communautarismes qui sont responsables de la vraie « fracture sociale ». Les Occidentaux veulent se faire pardonner le passé en donnant aux minorités un poids qui est presque plus important que celui de la majorité. Nous constatons une dérive des "démocraties multiculturalistes médiacratiques" et fragmentées. La seule chose qui importe à nos dirigeants est de répondre à l'émotion médiatisée de l'instant. Nous n'avons aucune politique de long terme. Le sens du Bien commun a disparu. La société conflictuelle et fragmentée dont nous allons hériter dans des décennies  à venir ne préoccupe pas nos politiques irresponsables. Déjà il y a 20 ans, nous aurions pu arrêter beaucoup de salafistes, qui venaient directement de Médine, mais cela n'intéressait pas les politiques. Maintenant que leurs émules sont des Français impossibles à expulser par définition, le ver est dans le fruit. Donc nous payons les conséquences fatales d'une absence totale de sens de l'Etat de nos dirigeants qui ont laissé le loup dans la bergerie et souvent le nourrissent en espérant que cela calmera ainsi sa rage...

Si nous avions tiré les conséquences de tout cela, François Hollande aurait refusé de rencontrer le chef d'Etat Saoudien récemment, mais aussi refusé de vendre des armes à l'Arabie Saoudite, ou au moins exiger de ce pays et d’autres -qu'ils cessent de financer le salafisme et la subversion islamiste dans nos démocraties. Aucun homme d'Etat n'a fait cela depuis des années mis à part Charles Pasqua qui, en 1993, alors Ministre de l’Intérieur, était allé voir son homologue saoudien pour le sommer de faire cesser le financement des mosquées et centres islamiques en France.

Les hommes politiques sont sujets à la pression de lobbys communautaristes qui ne représentent pas du tout la majorité des musulmans mais seulement la majorité des structures de représentation de l'islam d'Europe. Le problème n'est donc pas les musulmans d'Europe, mais ces structures de représentation gangrénées par des fondamentalistes qui ont un projet de récupération des immigrés. Ils veulent empêcher leur intégration. Ils ne sont pas tous terroristes, la plus part est d’ailleurs contre, mais dès lors qu'ils sont contre l'intégration, contre la mixité, contre les valeurs de l'occident, dès lors qu'ils enseignent la haine du juif, la méfiance envers le pervers chrétiens ou l'idolâtre, déjà il s'agit d'une première étape vers une fanatisation plus grave. Si vous apprenez que, par nature, l'autre est mauvais, même si vous dites qu'il ne faut pas le tuer, un jour ou l'autre vous allez trouver logique de passer à l'acte. C’est exactement le processus qui est à l’origine du passage à l’acte de nos jihadistes français qui ont d’abord été abreuvés d’idées de haine envers les Juifs, les « Gaulois », les « sionistes », les Occidentaux « mécréants », les « apostats » avant de devenir des tueurs.

Les premiers responsables de cela sont également les responsables de l'Islam de France qui ne sont pas des réformistes, à part quelques intellectuels courageux, comme le président des Scouts Musulmans de France et leader soufi Cheikh Bentounes ou les frères Bencheikh ou encore Leila Babès, également soufie. A part ces personnalités d’exceptions et des Imams comme Chalgoumi (Drancy), la plus part des mosquées de France enseignent un islam dans le meilleur des cas très orthodoxe. Nous n'avons de réformisme ou d’islam modéré en France ayant pignon sur rue, nous n'avons pas d'islam des lumières en Europe à part des cercles élitistes. Aujourd'hui, l'islam tolérant est minoritaire et persécuté en France. Et les modérés sont menacés de mort chez nous ! Tout cela est donc le résultat d'une inaction de nos hommes politiques qui n'ont pas su gérer les flux migratoires et qui n’ont pas fait respecter nos règles et valeurs en pratiquant une « pax islamica » dans les banlieues que nous allons payer très cher. Le problème des flux de clandestins et réfugiés syriens ou autres incontrôlés obéit à ce phénomène également : tout le monde sait que sur 100 réfugiés, il y en a au moins 10 qui sont de vrais sympathisants islamistes et  certains sont  fanatisables et capables de passer à l'acte. On l’a vu avec l’attentat de vendredi dernier puisque l’un des jihadistes était un réfugié syrien… et l’autre un Egyptien. 

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