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Mario Draghi recherche co-pilote désespérément pour redresser l'avion de l'économie européenne face aux turbulences mondiales en vue
©Reuters

Allo Paris ? Allo Berlin ?

La communication de la Banque centrale européenne s’affine de jour en jour au regard des inquiétantes évolutions du commerce mondial. Si Mario Draghi prépare les esprits pour une nouvelle intervention monétaire, Benoît Cœuré rappelle les gouvernements à l’ordre concernant les réformes à mener.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Alors que la zone euro tente de s’extraire d’une situation de stagnation économique qui dure depuis plus de 7 années, le contexte international s’alourdit peu à peu. Ainsi, le 9 novembre dernier, le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, déclarait :

"Le ralentissement des échanges internationaux et la faiblesse persistante de l’investissement sont très préoccupants. Le dynamisme des échanges et de l’investissement est indispensable à l’accélération de la croissance mondiale. Les chefs d’État et de gouvernement du G20 qui vont se réunir à Antalya devront redoubler d’efforts pour assurer une croissance forte, durable et équilibrée.". En cause ici, le ralentissement économique chinois et ses conséquences sur l’ensemble des pays émergents, qui, de façon consolidée, font peser un risque de plus en plus important sur le marché des exportations européennes :

Et la zone euro se trouve en tête de gondole pour faire face à ce nouveau risque, puisque la part de ses exportations représente 26.4% du PIB. A titre de comparaison, les Etats Unis ne sont exposés qu’à hauteur de 13.5% sur les marchés extérieurs, soit près de deux fois moins que le continent européen. 

C’est dans ce contexte inquiétant que, ce jeudi 12 novembre, Mario Draghi présentait les perspectives économiques de la BCE devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Et le Président de Banque centrale européenne ne s’est pas montré beaucoup plus rassurant:

"Les dernières données qui sont à notre disposition confirment que la reprise dans la zone euro progresse modérément. (….) Toutefois, les risques baissiers découlant de la croissance et du commerce mondial sont clairement visibles. En outre, la dynamique de l'inflation s’est affaiblie, principalement en raison de la baisse du prix du pétrole et des effets retardés du taux de change élevé de l'euro, connu plus tôt dans l'année. (…) Les signes d'un redressement soutenu de l'inflation sous-jacente se sont quelque peu affaiblis."

Mais cette prise de conscience de la part de Mario Draghi est en soit rassurante, car le Président de la BCE ne s’est pas limité à l’identification d’un risque, il a également dévoilé ses potentiels moyens de riposte. En effet, alors que la BCE avait d’ores et déjà mis en place un programme de rachat d’actifs en mars dernier, c’est-à-dire un plan de relance monétaire, c’est une extension de ce même programme qui est aujourd’hui à l’ordre du jour 

"En fait, nous avons toujours dit que nos achats d’actifs se prolongeraient au-delà de la fin septembre 2016 si nous ne voyons pas un ajustement soutenu sur la voie de l'inflation, qui serait conforme à notre objectif de parvenir à des taux d'inflation inférieurs à, mais proches de 2 % sur le moyen terme. D’autres instruments pourraient également être activés pour renforcer l'impact du programme d'achat si cela s’avérait nécessaire."

Avec une telle annonce, Mario Draghi prépare les esprits pour un éventuel élargissement du plan d’assouplissement quantitatif européen. Alors que ce dernier devait initialement s’achever en septembre 2016, l’option est aujourd’hui ouverte pour une prolongation qui pourrait durer jusqu’à ce que la BCE parvienne à son objectif réel, c’est-à-dire un niveau d’inflation inférieur, mais proche de 2%. Or, ce niveau d’inflation est à ce jour au niveau de 0% selon les derniers chiffres délivrés par Eurostat. La marge de manœuvre est donc suffisante pour justifier une nouvelle action, reste à savoir si le Président de l’institution aura le soutien de son comité.

Mais la prolongation de ce programme dans le temps n’est pas tout. Car la BCE pourrait également élargir le champ des actifs concernés par ces rachats, en incluant notamment la dette des collectivités locales. Si un tel choix ne modifierait en rien l’objectif du programme de la BCE, il aurait le mérite de donner un crédit supplémentaire à la politique monétaire européenne, en incluant une classe d’actifs plus "proche" des populations. Délivrant ainsi un message politique de proximité.

A l’inverse, ce même 12 novembre, Benoît Cœuré, autre gouverneur de la BCE, mettait en garde les gouvernements européens dans une interview donnée au Figaro :

"Si toute la politique de croissance en zone euro repose sur les épaules de la BCE, cela va mal se terminer! Certes, nous n'en sommes pas du tout là. Mais nous sentons la tentation de s'en remettre totalement à la BCE."

Avec une telle déclaration, le représentant français de la BCE tente de responsabiliser les différents gouvernements européens. Le message est clair. Ce n’est pas parce que la BCE se prépare à agir de façon soutenue, comme cela peut être interprété des derniers propos de Mario Draghi, que les gouvernements nationaux peuvent se dispenser de mettre en place, à leur propre niveau, les réformes nécessaires à l’amélioration du potentiel économique du continent.  De la même façon, la BCE ne doit pas éluder sa responsabilité, et agir vite.

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