Projet de loi de finances 2016 : revenir aux fondamentaux et se conformer au temps<!-- --> | Atlantico.fr
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Le PLF fait l'impasse sur des réformes structurelles essentielles.
Le PLF fait l'impasse sur des réformes structurelles essentielles.
©Reuters

Au jour le jour

Compétitivité économique, dislocation de l’Union européenne, révolution numérique, menaces des grands pays émergents... Autant de sujets majeurs qui demandent de vraies réformes structurelles, et sur lesquelles le PLF fait pourtant l'impasse.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Alors que le projet de loi de finances pour 2016 est examiné par le Parlement, il est particulièrement intéressant de se pencher sur les traits saillants du budget du gouvernement pour l’année prochaine. Une évidence s’impose : la France n’a toujours pas réussi à revenir au niveau de 3% du déficit public (il est de 3,8% en 2015 et devrait s’élever à 3,3% en 2016) !  Ce seront près de 72 milliards d’euros qui seront empruntés pour boucler le budget en 2016, soit la totalité des crédits de l’enseignement, de la recherche et de l’enseignement supérieur, ou plus du double du budget du ministère de la défense.

Plus grave, le projet de loi de finances est, à nouveau, biaisé. Pas, cette fois-ci, sur le niveau du taux de croissance pour lequel le gouvernement s’est, finalement, résolu à adopter le consensus sur les perspectives de croissance calculé par les instituts de conjoncture et les banques, mais biaisé par le non-financement de plus de 10 milliards d’euros. En effet, le déficit devrait s’aggraver de l’ordre de 5 milliards d’euros, soit un déficit de 3,6% du PIB (et non 3,3% comme attendu), auquel il convient d’ajouter près de 5 milliards d’euros non financés selon la Commission des finances de l’Assemblée nationale.

Fidèle au fil rouge de son action depuis 2012, le gouvernement socialiste au lieu de s’intéresser aux réformes structurelles dont le pays a cruellement besoin, multiplie les annonces et les "mesurettes" à l’intention de ses clientèles : paquet neutre en matière de cigarettes, introduction d’une part de proportionnelle pour les élections législatives, série de mesures anti élitisme en matière éducative (quasi disparition du latin dans l’enseignement secondaire, remise en cause des classes bilingues, attaques systématiques contre les grandes écoles etc.).

De ce point de vue, le gouvernement n’a jamais été aussi actif sur les fronts qui lui permettent, à la veille des élections régionales, de ressouder les rangs alors que tous les sondages prévoient une défaite historique de la gauche. Ainsi, le gouvernement continue à s’obstiner à présenter, au Parlement, dans le cadre du projet de loi Santé, l’adoption d’un paquet neutre pour les cigarettes. Depuis de longues années, la lutte contre le tabagisme est un objectif gouvernemental, quelques soient les majorités. Tout le monde ne peut que se louer de cette politique publique. Pour autant, le projet de paquet neutre, adopté en Australie et pour lequel les effets sont très contrastés, pour ne pas dire contre-productif, ne semble pas, aujourd’hui, être à la hauteur des problèmes du pays. Surtout, ce type de mesures cache mal l’état désastreux de notre système de santé, en particulier le secteur hospitalier, qui n’en finit pas de subir les effets délétères de l’instauration des 35 heures à l’hôpital.

Est-il permis, à ce pouvoir dont l’immobilisme est le principe et la réélection du Président en 2017 le seul horizon, de rappeler les vrais défis auxquels la France est confrontée : une compétitivité économique qui s’effondre ; la dislocation de l’Union européenne (question migratoire, Brexit, montée des populismes, chômage des jeunes) ; une révolution numérique qui déstabilise les secteurs traditionnels de l’économie ; les menaces des grands pays émergents, au premier rang de la Chine, dont l’obtention du Statut d’économie de marché au sens de l’OMC, en 2016, pourrait détruire plusieurs millions d’emplois en Europe en raison de la disparition des instruments de protection commerciale. Face à ces enjeux, la seule réponse apportée par le pouvoir socialiste, qui a fait d’un keynésianisme dévoyé sa seule boussole et son seul instrument, se résume à un chiffre : le niveau jamais atteint de la dépense publique, soit 56% du PIB, le niveau le plus élevé des pays de l’OCDE après le Danemark.

Enfin, la multiplication, et c’est le plus inquiétant, des risques géopolitiques à nos frontières avec les printemps arabes, la guerre civile en Syrie, la crise des migrants, la guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie. Pour toutes ces raisons, il est temps de se rappeler de ce qu’écrivait Machiavel, "la fortune ne change que pour ceux qui ne savent pas se conformer au temps".

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