"La cache" : un incroyable appétit de vie <!-- --> | Atlantico.fr
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"La cache", de Christophe Boltanski. Editions Stock - 335 pages.
"La cache", de Christophe Boltanski. Editions Stock - 335 pages.
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Lisez le prix Femina, "La cache", et vous découvrirez, à travers la famille de Christophe Boltanski, que le bonheur est peut-être dans le respect de la complexité des êtres et des choses.

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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L'auteur

Né en 1962, Christophe Boltanski est grand reporter à l’Obs et essayiste. La cache est son premier roman. Coup de maître, puisqu'il a obtenu le Prix Femina 2015. Thème Christophe Boltanski, dont le nom évoque sur plusieurs générations des personnages illustres en médecine, en littérature, en linguistique, en sociologie et en arts plastiques, raconte l’histoire de sa famille à partir de l’hôtel particulier qu’elle habite Rue-de-Grenelle. Il décrit cette maison, en reproduisant son plan, comme un corps vivant composé d’organes, la cuisine-orifice, le bureau-cerveau, le salon-enveloppe charnelle, l’escalier-jambes et le trou-nombril… Il emmène le lecteur dans ces pièces, qui définissent symboliquement la personnalité de chacun. Ils sont tous blottis dans cet espace clos, protégé et dominé par « Mère-Grand », la régente, qui conçoit sa famille comme un bloc compact ; handicapée par la polio, elle s’appuie sur ses enfants, qui sont ses cannes, et dont elle refuse de se séparer. Ils ne se déplacent qu’ensemble. Un lourd secret soudera encore plus le clan, les marquera à jamais et expliquera la peur qui les tenaille tous: le grand-père juif devra disparaître pendant l’Occupation dans l’entre-deux, vingt mois dans la « cache » …

Points forts

• L’idée géniale de la fonction psychologique et symbolique du lieu, indissociable de ceux qui l’habitent.

• Le personnage de la grand-mère, qui frappe par son appétit de vivre et son culte de la liberté. Elle cache son handicap et son âge avec une énergie farouche. Elle s’est coupée de son milieu d’origine, tourné vers le passé, en se mariant avec un médecin juif et elle a épousé tout ce qu’il représente : elle le protège, elle le sauve, elle essaie de le réconcilier avec lui-même. Brillante, passionnée, aimante et autoritaire, c’est autour d’elle que la famille trouve son unité.

• Le personnage du grand-père, dont les origines à Odessa restent floues. Traumatisé par la guerre de 1914, il ne supporte pas la vue du sang, tout en étant un médecin humaniste. Défini par « l’entre-deux », où il se cachera, ce juif converti au catholicisme, hésite entre la ferveur et le doute. Il travaille tout le temps ou lit des livres pieux.

• Les contradictions incroyables des valeurs et des modes de vie de cette famille : ils sont juifs, communistes ou catholiques, voire les trois à la fois ! Luxe et indigence, repas de boîtes de conserve ou festin offert comme une eucharistie, souci des apparences et saleté qui protège des microbes, immobilisme et voyages sans sortir de la voiture, refus de l’école et soif de culture, enfermement et liberté créatrice, bonheur de vivre et peur de tout, voilà quelques-uns des paradoxes qui les caractérisent.

• Le goût pour les pseudonymes et les sobriquets, qui posent la question de leur identité.

• La force de leurs liens indissolubles, dont le plus bel exemple est celui de la grand-mère anéantie après la mort de son mari; elle fera semblant de vivre désormais.

• Le narrateur qui porte un regard sensible, tendre et souvent drôle sur ses grands-parents, ses oncles, son père et sa tante. Points faibles Christophe Boltanski raconte les souvenirs réels de sa famille. Son récit appartient au genre autobiographique et non pas au roman.

En deux mots...

Un livre original et très réussi, écrit d’une plume fine et délicate, sur une famille singulière, ancrée dans un lieu, dont l’histoire particulière, intime, rejoint celle des français au XXème siècle. Passionnant ! Un prix Femina amplement mérité !

Une phrase

« Je n’ai jamais été aussi libre et heureux que dans cette maison. J’aimerais pouvoir la décrire avec la précision d’un entomologiste détaillant la vie d’une fourmilière, galerie après galerie, ce faisant, je passerais à côté de tout ce qui ne se voit pas à la loupe : l’incroyable appétit de vivre, les moments d’ivresse, d’euphorie même … L’énergie, l’exubérance émanant de cette communauté soixante-huitarde avant l’heure. La lumière, malgré les ténèbres. » p. 274-275

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Informations

"La cache", de Christophe Boltanski. Editions Stock - 335 pages. Un travail d'orfèvre, aussi original qu'impressionnant.

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