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La Grèce et les créditeurs sont en désaccord sur la protection des ménages non solvables.
La Grèce et les créditeurs sont en désaccord sur la protection des ménages non solvables.
©Reuters

Retour de bâton

La Grèce devrait encore attendre avant de recevoir des Européens les deux milliards d'euros d'aide promis en l'échange de réformes. Un délai qui ranime le spectre d'une nouvelle crise alors qu'un accord provisoire avait été trouvé en juillet. Et pose surtout la question, à terme, de l'effacement pur et simple de la dette grecque.

Francesco Saraceno

Francesco Saraceno

Francesco Saraceno est économiste senior au sein du département Innovation et concurrence de l'OFCE. Il est également signataire de la tribune : The economist warningVous pouvez le suivre sur son compte twitter : Francesco Saraceno.

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Atlantico : La Grèce risque de devoir encore attendre avant de toucher les 2 milliards d'aides promis par l'Europe en l'échange de réformes. Quelles seront les conséquences pour le pays, mais aussi pour la zone euro, si la Grèce ne récupère pas cette aide ?

Franceso Saraceno : La Grèce et les créditeurs sont en désaccord sur la protection des ménages non solvables, ce qui a retardé le déboursement de la première tranche de deux milliards d'au moins une semaine. Même si la mesure touche 250.000 ménages,  en soi ce retard n'est pas très préoccupant, vu que la Grèce a obtempéré à la quasi-totalité des demandes des créditeurs. Je crois qu'in fine le payement sera débloqué assez tôt. Plus en général, s'il est préoccupant de voir resurgir les tensions qui nous ont accompagné au printemps dernier, je crois que le front des créditeurs n'est plus aussi soudé que avant. Je trouve significatif le fait que le ministre Sapin ce lundi ait publiquement loué le gouvernement grec pour ses efforts, et jugé trop sévères  les évaluations des "institutions" (l'ancienne Troika). Je pense qu'il pourra y avoir d'autres tensions et petits délais, mais le plan d'aide procédera globalement comme prévu.

La crise grecque, que l'on croyait enterrée, pourrait-elle refaire surface dans les mois, voire les années à venir ? Comment et pourquoi ?

Je n'ai jamais cru la crise grecque enterrée. L'affrontement du printemps dernier s'est terminé par une défaite du gouvernement grec, qui a de facto accepté la quasi-totalité des conditions des créditeurs. Alexis Tsipras a fait ce qu'il a pu, et ses concitoyens en Septembre ont confirmé que dans le cadre de ce programme draconien ils préféraient que ce soit lui à gérer le nouveau programme. Mais la défaite n'efface pas le fait que sur le fond, le gouvernement grec, et les solutions qu'il proposait pour sortir de la crise, étaient correctes. Il est impossible d'imaginer une sortie permanente de la crise, si la dette grecque n'est pas restructurée. La plupart des aides déboursées par les créditeurs ne feront qu'un bref passage dans les coffres du trésor grec, et repartiront aussitôt en direction des créditeurs. La tentative, louable, d'Alexis Tsipras de mettre en place un agenda "parallèle" pour soulager la détresse de ses concitoyens, risque donc de se heurter à un manque chronique de ressources. Et si la croissance ne redémarre pas, une nouvelle crise sera inévitable. La dette grecque est insoutenable, et tant que cette évidence ne sera pas assumée par les décideurs européens (et en particulier allemands), il n'y aura pas de sortie de crise.

Pourrait-elle aussi prendre de court les partenaires européens du pays et signer un retour d'une crise plus grave dans la zone euro ?

Je crois peu probable qu'une nouvelle crise grecque cause un tremblement de terre dans les autres économies de la zone euro. A bien voir, les marchés ont suivi avec assez de détachement les négociations parfois dramatiques du printemps dernier. Ceci dit, quelques grandes économies (notamment l'Italie), restent très fragiles, et la croissance ne repart pas. Ce n'est pas quelques décimales de point de croissance en plus, ou de flexibilité négociée avec la Commission, qui réussiront a inverser la courbe du chômage en Italie ou en France. L'optimisme, l'excitation presque, qu'on respire parce que la croissance est révisée à la hausse d'un 0.1 %, semble fort déplacé. Une nouvelle crise de la dette grecque, dans ce contexte de croissance molle, pourrait ne pas être facilement absorbé.

De quels facteurs dépend la réussite de la Grèce ou sa retombée dans la crise ?

Comme je viens de le remarquer plus haut, la restructuration de la dette me semble une condition inévitable pour espérer que la Grèce puisse rebondir. Une deuxième condition nécessaire est une reprise plus franche de l’économie européenne, qui puisse soutenir les efforts grecs. Il ne faut pas oublier que la probabilité de succès des reformes structurelles est fortement influencée par le contexte international (surtout pour une petite économie comme la Grèce). La meilleure façon d'aider l'effort du gouvernement grec reste l'abandon de l’orthodoxie qui suffoque l’économie européenne dans son ensemble depuis 2010.

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