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Le système capitaliste, gangréné par les manquements à la morale
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L'édito de JM Sylvestre

Chez Volkswagen, des salariés viennent d’avouer qu’ils ont triché. Dans le secteur bancaire, on apprend que, chaque semaine, un grand financier n’a pas respecté certaines règles, ou que les multinationales se livrent à la fraude fiscale au niveau mondial...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Dans l’industrie automobile, dans la banque, dans les grandes entreprises mondiales de l’industrie digitale, dans le football, tout se passe comme si la crise conjuguée à la pression de la concurrence avait poussé les entreprises à transgresser certaines règles légales et morales. Jusqu’alors, on trichait sans doute un peu mais on appliquait la règle du "pas vu, pas pris".

Depuis quelques années, on triche beaucoup plus. La plupart des entreprises essaient de passer les contrôles mais se retrouvent rattrapées par les contrôleurs, les surveillances et les contre-pouvoir qui n’acceptent plus les manquements à la légalité et, plus grave, à la morale la plus basique.

L’affaire qui a profondément abimé l’image de qualité de l’automobile allemande est sans doute la plus grave de toute. Plusieurs salariés de Volkswagen  ont avoué ce week-end avoir triché pour pouvoir passer les contrôles de pollution et ne pas perdre le marché américain. Peut-être,  mais en attendant, cette affaire a profondément hypothéqué la qualité de l’image de l’industrie allemande.

Dans la banque, on ne compte plus les établissements financiers qui sont périodiquement confondus  d’avoir fait des affaires illicites, notamment avec des pays qui étaient sous embargo. BNP ou Crédit Agricole par exemple, ont été condamnés à payer de très lourdes amendes.

Mais si on remonte plusieurs années en arrière, on sait bien que la crise financière internationale a révélé un tas de malversation et de de manquements à la morale la plus élémentaire. Les banquiers, tous les banquiers, ont un peu fait n’importe quoi dans leurs salles de marché pourvu que cela soit rentable. Peu importe les moyens, seuls comptaient les résultats.

Mais ça n’est pas tout, combien de multinationales paient véritablement leurs impôts, combien d’assemblées générales d’actionnaires sont-elles polluées par des mensonges de leur gouvernance.

Jean-Marie Messier, qui se félicite, ce matin dans Le Figaro du potentiel de développement de Vivendi, ne se souvient pas d’être tombé pour excès d’optimisme et de promesses mensongères aux actionnaires.

Ne parlons pas des politiques qui ont pris l’habitude de ne pas dire la vérité des faits et des chiffres pour ne pas déplaire à leurs électorats. Or, le système libéral économique et politique ne peut fonctionner que dans le respect de la transparence. Ce qui est de moins en moins fréquent.

Les responsables sont soumis à une concurrence de plus en plus compliquée à assumer. Ils sont attendus sur des performances toujours plus difficiles à atteindre. Enfin, les exigences nouvelles de sécurité financière et de protection de l'environnement ont tissé un réseau de normes et de contraintes qui sont très compliquées à respecter dans le contexte de concurrence internationale. Par conséquent, les chefs d’entreprise sont tentés de les contourner.

En France, les normes environnementales fixées aux agriculteurs sont impossibles à respecter, les normes de sécurité financière issues de Bale 3 sont tellement dures , qu’elles peuvent entrainer certains banquiers à restreindre leur activité comme couper des crédits pour éliminer des risques, ou alors à contourner les ratios en passant par le hors bilan. Quant à la pression fiscale, elle est tellement lourde qu’elle encourage la fraude ou la dissimulation.

Tout cela n’excuse pas les infractions ou les transgressions morales. Le système de l’économie de marché est évidemment le plus efficace et le plus performant pour créer de la richesse, de la croissance et de l’emploi. Comme l’explique le philosophe  André Comte-Sponville, "les unités de production ont pour vocation de délivrer des résultats le plus souvent financiers, le job d’une entreprise capitaliste est de contribuer la croissance. Les entreprises n’ont pas à faire de la morale. La morale n’est pas inscrite au bilan d'activité. En revanche, les dirigeants d’entreprise doivent avoir un comportement moral exemplaire".

Ce que l’on découvre chaque jour est inexcusable, impardonnable. Le système capitaliste a besoin de règles, pour fonctionner, et de contrôle pour vérifier si les règles sont respectées.

Mais on peut aussi, à l’occasion d’affaires graves, analyser les conditions de fonctionnement du système. Vérifier si les contraintes sociales, fiscales, environnementales sont toujours compatibles avec les objectifs de performance que l'on assigne aux créateurs de richesse. Il ne s’agit pas de les absoudre, il s’agit de vérifier si les tricheurs. Et il y a des tricheurs dans la banque, le digital ou l’industrie automobile. Ceux-là, ne sont pas poussés à la triche pour échapper au poids des contraintes

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