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Pourquoi la saison des reculades est bien engagée en France dans un climat crépusculaire
©Reuters

Editorial

Car c’est à une véritable débâcle de l’action publique à laquelle on assiste aujourd’hui. La machine à fabriquer des lois tourne à plein régime, même si les textes vont rapidement dans les tiroirs, faute de décrets d’application, ou tout simplement parce qu’ils sont démentis par des dispositions nouvelles souvent en contradiction avec les précédentes.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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A l’heure où il n’est question que de changement  climatique, c’est une atmosphère crépusculaire qui commence à envahir le pays, une sorte de parfum de fin de règne, alors que le quinquennat de François Hollande entre dans sa dernière phase, avec l’impression que toutes les horloges qui rythment le fonctionnement du pays sont déréglées en raison des incohérences qui affectent la  machine gouvernementale.

Au sommet de l’Etat, il y a toujours François Hollande, plus présent que jamais, content de lui, qui n’en revient toujours pas d’être Président au point d’y faire sans cesse allusion,  qui virevolte tous azimuths, parcourant les campagnes, mais aussi les territoires les plus reculés, bref labourant la planète de sa parole sans la moindre logique ou cohérence, rappelant ces vieux gramophones qui tournaient indéfiniment à vide, parce que leurs propos intarissables et souvent  contradictoires, déversés sans la moindre logique, ni échelle de valeurs, étaient seulement  perçus par l’opinion comme un simple bruit de fond émis par une machine déréglée.

Car c’est à une véritable débâcle de l’action publique à laquelle on  assiste aujourd’hui. La machine à fabriquer des lois tourne à plein  régime, même si les textes vont rapidement dans les tiroirs, faute de décrets d’application, ou tout simplement parce qu’ils sont démentis par des dispositions nouvelles souvent en contradiction avec les précédentes. La tradition qui faisait de la France un pays de juristes à la réputation universelle est bafouée aujourd’hui par l’amateurisme et l’improvisation qui caractérisent ceux qui sont censés gouverner.

On en arrive à des aberrations qu’on n’aurait jamais imaginées, comme celle d’un ministre qui invite certains contribuables modestes à ne pas payer un impôt local qui leur est réclamé en raison des errements du pouvoir, créant du même coup un sentiment d’injustice et de révolte dans certaines populations qui ne bénéficient pas de la même clémence.

Face à la colère qui gronde, le Premier ministre élève la voix. Mais c’est plutôt pour exorciser le risque de voir éclater d’autres bombes à retardement. Alors que tous les couacs enregistrés sont  surtout révélateurs d’injustices et de discriminations, Manuel Valls s’enferme dans un discours artificiel où il n’est question que d’égalité, d’aides en faveur des plus démunis, en surfant sur sa volonté irrésistible de poursuivre les réformes. Paradoxalement,  plus le ton s’élève, plus il se montre cassant, plus l’espoir du changement s’éloigne. "Le Verbe remplace l’action" déplore une éminente personnalité socialiste. Dernière en date de l’enterrement des promesses faites en 2012 : la réforme du code du travail. Officiellement le  gouvernement se donne jusqu’en 2018 pour le réécrire, mais il reste assis sur le dogme  intouchable de la durée légale, du Smic et du contrat de travail. On se contentera d’élaguer des paragraphes secondaires ajoutés au fil du temps, mais on ne  permettra pas aux entreprises de revenir sur les 35  heures, tandis que les négociations par branches resteront placées sous la coupe des syndicats qui garderont un droit de veto.

Manuel Valls qui se présentait récemment devant les étudiants de Sciences Po comme le champion de la réforme "dans un pays qui avance" (sic), est en réalité celui de l’immobilisme. Il refuse de prendre en compte les demandes de plus en  plus nombreuses qui remontent du terrain pour lever la chape de plomb qui pèse sur l’économie française. La saison des reculades est bien engagée : nul doute qu’elle va se poursuivre, témoignant  de  la fébrilité et de l’angoisse qui étreint une gauche, dont Valéry Giscard d’Estaing assure qu’elle va perdre le pouvoir pour longtemps.

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