Pourquoi les hommes aussi ont une horloge biologique et ne devraient pas attendre tard avant d'avoir des enfants<!-- --> | Atlantico.fr
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Il existerait une horloge biologique chez l'homme.
Il existerait une horloge biologique chez l'homme.
©Reuters

L'horloge tourne

La qualité du sperme baisse avec l'âge et devenir père devient plus difficile... Même une fois que le bébé est né.

Joelle Belaisch-Allart

Joelle Belaisch-Allart

Joelle Belaisch Allart est chef du service de gynécologie obstétrique du centre hospitalier des 4 villes à Saint Cloud (92) .Elle est vice présidente du Collège des gynécologues et obstétriciens  français et présidente de la société française de gynécologie.Elle a été membre du Comité Consultatif National d'éthique de 2009 à 2013.

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Atlantico : Tabou dans le milieu médical, il existerait une horloge biologique chez l'homme. A quel âge l'homme ne peut plus ou ne devrait plus avoir d'enfants ? Quelles sont les conséquences de la vieillesse sur la capacité de l'homme à avoir des enfants ?

Joëlle Belaïsch-Allart : De nombreux travaux sont consacrés aux effets délétères du désir tardif d’enfant chez la femme et à ses conséquences néfastes sur leur fécondité, leur santé ou celle de l’enfant. Beaucoup plus rares sont ceux consacrés aux conséquences des paternités tardives, volontiers considérées comme "normales". Certes, la physiologie masculine diffère totalement de celle de la femme, les hommes peuvent concevoir à tout âge mais est-il si anodin d’être père à l’âge d’être grand père ?

 Quels sont les risques d'une fécondation une fois l'horloge biologique dépassée ? En quoi la descendance serait-elle affectée par celle-ci ?

Tous les paramètres du sperme se perturbent avec l’âge (diminution du volume spermatique, de la mobilité des spermatozoïdes et du pourcentage de formes normales et de la concentration dans certaines études). Le délai pour concevoir s’allonge avec l’âge de l’homme, le taux de fausses couches spontanées augmente, de même que les taux d’anomalies congénitales. Tous les traitements de l’infertilité (inséminations intra utérines, FIV ou micro injection) voient leurs résultats diminuer quand l’âge de l’homme augmente.

Les risques sociaux des paternités tardives commencent également à être décrits. Auroux avait montré sur les performances des petits rats puis des humains en cours de service militaire, qu'il était préférable de ne pas être un enfant de père âgé. Des études récentes ont montré que les enfants nés de pères âgés avaient de moins bonnes performances.

Tout se gâte à l’adolescence ! Les pères tardifs, leur carrière accomplie, consacrent plus de temps à leur enfant que les jeunes pères trop occupés. Les enfants de pères tardifs défendent leurs pères, la position des adolescents est plus difficile, le père vieillissant est un père vulnérable à protéger. Les adolescents cherchent à se différencier de leur parents tout en comptant sur eux, la « désidéalisation » parentale est d’autant plus facile que les parents sont solides ce qui n’est pas le cas des pères vieillissants. Les paternités tardives ont aussi des conséquences familiales, sur les enfants précédents qui supportent mal cette deuxième famille de leur père, surtout s’ils sont alors adolescents et qu'ils entrent dans une rivalité impossible avec leur père , d’où une contestation majeure et des troubles du comportement .

 Dernier aléas des paternités tardives : il n’y a plus de grands parents au moment où les enfants en ont le plus besoin, à l’adolescence. Bien sûr, il faut se garder de généralisation excessive et ce tableau sombre ne concerne pas tous les enfants nés de pères tardifs !

Comment expliquer que ce sujet aussi important demeure un tabou alors que la recherche a bien avancé en la matière ?

Un reste de machisme ? L'égalité homme-femme n'est toujours pas acquise pour tous ! Plus sérieusement, la différence majeure entre les paternités tardives et les maternités tardives, c'est que les femmes ont besoin de la médecine pour se reproduire tardivement (don d'ovocyte en particulier). La société est donc concernée, alors que les hommes peuvent le faire spontanément.

 Le nombre de père ayant eu des enfants trop tardivement est-il élevé ? En augmentation ? Comment faire pour éviter que cela n'arrive ?

L'âge de l'homme a la paternité va en augmentant, tout comme celui de la femme. De multiples raisons socioéconomiques l'expliquent, mais il ne faudrait pas aller trop loin : il y a bien un âge pour être père et un âge pour être grand père !

Dans certains pays, il y a une limite d'âge pour l’homme pour la prise en charge de l’infertilité. Il n’y en a pas en France (pour la femme l’infertilité n’est prise en charge que jusqu’au premier jour du 40 eme anniversaire…). Néanmoins,  un questionnaire sur 600 gynécologues et biologistes français a révélé que 76 % des praticiens français seraient désormais favorables à une limite d’âge pour l’homme (âge limite moyen 53,19 ans).

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