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Droit de vote des étrangers : la carte d’électeur, c’est simple comme un passeport
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Zone franche

Un étranger qui souhaite voter, ce n’est sans doute plus tout à fait un étranger. Qu’il en tire lui-même les conséquences.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je viens tout juste de me faire traiter de facho et de raciste parce que j’exprimais de vagues réserves sur le droit de vote accordé aux étrangers ! Bon, ça m’a d’abord plutôt amusé, moi le métèque aux origines à ce point mélangées qu’il faudrait être un as du bouturage et présenter une émission de jardinage le weekend sur France Inter pour prétendre construire mon arbre généalogique, mais ça m’a tout de même un peu agacé aussi…

C’est vrai quoi, à jeter un coup d’œil au dossier du Libé d’hier sur les étrangers "interdits d’isoloir", on pourrait croire que ne pas être à 100% sur cette ligne vous transforme instantanément en émule du pape (comprenne qui pourra). Mais encore une fois, c’est un débat qui illustre parfaitement toute l’étendue du binarisme idéologique qui prévaut sous nos latitudes : soit tu t’achètes le kit complet du parfait petit progressiste sans te poser de questions, soit tu n’es qu’une crapule guéano-lepéniste !

Mais non, en fait. On peut parfaitement considérer que le droit de vote est un attribut essentiel et exclusif de la citoyenneté et n’avoir aucun problème avec l’immigration et le multiculturalisme. Enfin, on devrait pouvoir mais c’est un droit qui reste à conquérir, semble-t-il.

Oh, j’entends bien l’argument massue du désir de participation à la vie politique du patelin dans lequel on est établi puisqu’on ne parle, pour le moment encore, que d’un droit de vote aux élections locales, mais il ne me convainc pas. Après tout, on voit mal en quoi il serait plus légitime d’exiger de participer aux petites décisions qu’aux grandes : l’étranger qui veut faire entendre sa voix au sujet de l’aménagement d’un rond-point ou d’une rocade, il a peut-être aussi envie de donner son avis sur les systèmes de retraite ou le déboulonnage d’un dictateur sanguinaire, non ?

Quant aux exemples bataves ou suédois, ils m’en touchent une sans faire bouger l’autre, comme disait l’ami Chirac qui avait le sens de la formule à défaut d’avoir celui de l’État : à Stockholm, c’est le gouvernement qui décide de la quantité d’alcool que les gens ont le droit d’absorber et, à Amsterdam, on expose des femmes dans des vitrines comme de la bidoche mais je n’ai jamais eu envie d’importer l’une ou l’autre de ces pratiques.

Ayant moi-même séjourné pas mal de temps dans des pays qui n’étaient pas le mien, je ne me suis d’ailleurs jamais offusqué de ne pas pouvoir en influencer la vie politique autrement qu’au comptoir. Mais je n’étais que de passage et, dans le cas contraire, je me serais fait établir un passeport après avoir prêté les serments d’allégeance en vigueur localement et le tour aurait été joué...

Mon opinion, qui vaut ce qu’elle vaut, est qu’un type qui s’est suffisamment implanté quelque part pour avoir envie de choisir ses leaders est mûr pour l’acquisition d’une nationalité toute fraîche. Et si, en France, ce processus est directement inspiré du parcours du combattant, c’est sans doute là-dessus qu’il faut travailler en priorité. Pour avoir longuement fréquenté les sympathiques fonctionnaires préfectoraux chargés d’empêcher mon épouse allogène de se fabriquer des ancêtres gaulois, je sais de quoi je parle (on les a eus à l’usure).

Maintenant, si devenir français pour obtenir le droit de vote donne vraiment trop de boutons aux aspirants électeurs, c’est peut-être qu’ils devraient commencer par discuter de leurs problèmes d’identité avec un psy. Le bulletin de vote comme remède à la mélancolie et aux vieilles rancunes, je ne suis pas persuadé que ce soit super efficace…

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