Comment j’ai fumé le cigare le plus cher du monde (1 000 euros), tiré du coffret à cigares le plus cher du monde (un million d’euros)…<!-- --> | Atlantico.fr
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Avec l’Emperador d’Imperiali, on change d’échelle !
Avec l’Emperador d’Imperiali, on change d’échelle !
©Reuters

Sans les taxes

Prix moyen des cigares les plus chers du marché : autour des 100 euros pièce. Avec l’Emperador d’Imperiali, on change d’échelle ! Le coffret à cigares est un chef-d’œuvre de haute mécanique suisse, mais on n’y rangera que 24 de ces cigares, qui ne seront vendus qu’aux propriétaires d’un tel coffret. À votre bon cœur, amis oligarques…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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D’abord, le coffret : pas tout-à-fait quarante kilos, pour 70 cm de long et 45 cm de large, avec 30 cm de hauteur. On est dans le meuble plutôt que dans l’humidor classique. Sauf que ce monument dédié à l’art de fumer est un concentré de tout ce qu’on pouvait imaginer de mieux dans ce domaine, au carrefour des technologies d’avant-garde (ingénierie, matériaux composites, électronique embarquée), de la régulation thermique, des arts décoratifs (27 corps de métier mobilisés) et de la haute horlogerie – comme les 2 675 composants de ce coffret sont 100 % Swiss Made, on y trouve forcément un tourbillon mécanique spécialement réalisé dans le Jura suisse pour chacun des douze coffrets qui seront réalisés chaque année.

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Coups de projecteur sur cet enchevêtrement de rouages, de puces, de circuits numériques (33 micro-processeurs) et de bonnes idées, qui a tout de même réclamé 18 000 heures de travail à une dizaine d’ingénieurs-concepteurs. Pratiquement aucun des composants de base n’a pu être acheté en l’état : il a fallu tout concevoir, tout redessiner et tout réaliser dans les ateliers spécialisés de la Suisse romande. La mécatronique miniaturisée équivaut en complexité à celle d’une Formule 1 : elle permet de réguler passivement et activement, non seulement la température intérieure du coffret (16°C-18°C, quelle que soit la météo extérieure), mais également l’humidité (70 %), par un jeu subtil et totalement innovant de cellules à refroidissement thermoélectrique. Une fois par minute, les données de ces cellules sont contrôlées pour générer les gouttes de "rosée" nécessaires, ou pour assécher le coffret. L’isolation fait appel aux mêmes matériaux que ceux qui isolent les astronautes de la NASA ou les robots martiens du vide spatial.

Passons rapidement sur le bouquet de néo-matériaux dont est truffé ce coffret Emperador et venons-en à l’univers du fumeur privilégié qui l’utilisera. Les vingt-quatre cigares sont rangés dans des tubes de verre rangés radialement et directement "climatisés" dans leur rangement (on peut tout de même y ranger d’autres cigares que des Emperador drapés de feuilles d’or). Le coupe-cigares intégré dans le coffret, ainsi que le briquet de table pour allumer les Emperador, de même que le cendrier sont des sommets de complexité électro-mécaniques jamais vus dans l’univers des accessoires de luxe : la coupe du cigare – décidée par rayon laser et déclenchée après analyse de multiples paramètres – est une impressionnante opération chirurgicale assistée par ordinateur. Le briquet de table (trois mini-torches coordonnées) est un bonheur piloté par optoélectronique. Le dernier "périphérique" embarqué est le cendrier, dont l’ouverture du diaphragme anti-cendres intempestives est gérée par des capteurs motorisés. Plaisir absolu des techniques micromécaniques (asservies à l’électronique de bord) qui libèrent du moindre souci et du moindre effort.

En prime, un effet sidération garanti sur les proches quand on déclenche le "grand jeu" : non seulement le prix annoncé (pas loin d’un million d’euros) a tout pour calmer les ardeurs des globe shoppers, mais l’enchaînement des opérations et le jeu des commandes tactiles codées (y compris l’ouverture du coffret) font de ce coffret Emperador le plus ultime des "jouets de garçon" – celui qui va jusqu’au bout des fantasmes les plus insensés des oligarques les plus ultra high net worth individuals (UHNWI) de cette planète…

Sans parler des cigares eux-mêmes : un millier d’euros pièce, mais la Régie de nos tabacs républicains ne les vendra jamais tellement ils sont précieux avec leur cape en or pur, qui grésille si délicatement en paillettes 24 carats mêlées d’une cendre impeccable. Il ne s’agit pas de cigares cubains, mais de feuilles – 48 mois de maturation – issues de plants récoltés au Nicaragua et au Honduras. Excellemment réalisés à la main (hecho a mano) selon la grande tradition caraïbe, il ne faut pas moins de quatre feuilles d’or pour parfaire leur cape. Régulière, la combustion de ce format dans le goût "churchill" (190 mm de longueur pour 20 mm de diamètre) est excellente et le tirage relativement aisé – la perfection de l’hygrométrie y aide beaucoup. Des arômes cacaotés apparaissent très vite, sans attendre le cœur de la dégustation, avec une palette modérément complexe qui privilégie le moelleux sur la puissance, l’équilibre sur la richesse et l’élégance sur la virilité. On a visiblement recherché la linéarité et la douceur. Un millier d’euros l’heure, ce n’est quand même pas banal pour quelques cendres impeccables pailletées d’or 24 K…

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