UE : “Le problème n’est pas d’introduire des sanctions, mais la légitimité des institutions”<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour Marielle de Sarnez, un nouveau traité européen devra mentionner la question de la légitimité des institutions.
Pour Marielle de Sarnez, un nouveau traité européen devra mentionner la question de la légitimité des institutions.
©Reuters

Euro vision

Sommet majeur ce jeudi à Bruxelles pour tenter de trouver une issue à la crise de l'euro. Pour Marielle de Sarnez, directrice de campagne de François Bayrou, le couple franco-allemand passe à côté de l'essentiel. La députée européenne insiste sur la nécessité de redonner un esprit communautaire à l'Europe et une légitimité à ses institutions.

Marielle de Sarnez

Marielle de Sarnez

Marielle de Sarnez est vice-présidente du Modem.

Députée européenne depuis 1999, elle siège au groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe.

Elle a participé en 2004 à la création du Parti démocrate européen dont elle est aujourd'hui secrétaire générale.

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Atlantico : Qu’attendez-vous du sommet européen qui se tient à Bruxelles ce jeudi ?

Marielle de Sarnez : J’attends ce que j’attends depuis des semaines, voire des mois : un plan d’action global qui apporte une réponse claire et concrète pour restaurer la confiance dans la zone euro.

Il s’agit donc d’insister, d’une part, sur la solidarité politique nécessaire au sein de l’Europe et de la zone euro, et, d’autre part, sur l’obligation pour les États membres de conduire un certain nombre de réformes structurelles afin de revenir à l’équilibre.

Pour assurer la solidarité, il faut donc une BCE ou une agence de la dette adossée à la BCE qui dise "nous garantissons la dette des États membres, nous leur prêtons à un taux intéressant, mais en échange, les États doivent conduire en leur sein les réformes indispensables".

Il ne sert à rien de "menacer" les États membres. Ceux-ci doivent mener les réformes d’eux-mêmes. Il ne faut pas les déresponsabiliser. Les efforts à mener passent notamment par des baisses justes des dépenses publiques et une augmentation des recettes (et donc des impôts).

Un nouveau traité est-il nécessaire ?

Je n’ai toujours pas compris quelle était exactement l’inspiration d’une réforme des traités ! Si le but est d’inscrire dans les textes des sanctions, ce n’est pas nécessaire puisque nous avons déjà voté en ce sens au Parlement européen, et les critères du traité de Maastricht existent déjà. Si le prêt par une agence adossée à la BCE disposant de taux d’intérêts moindres est conditionné par les efforts entrepris par le pays, vous n’avez pas besoin de sanction. C’est au contraire un dispositif incitatif. Cette réforme des traités ne me semble donc pas bienvenue.

Par contre, si un nouveau traité devait se faire, nous devrions y inscrire la question de la légitimité des institutions européennes pour que les peuples s’y retrouvent : si quelqu’un à Bruxelles dit "là ça ne va pas, l’agence de la dette ne peut pas vous prêter à ce tarif-là car vous ne faites pas assez d’efforts", il faut que cette autorité soit légitime.

Légitimer le pouvoir d’un président de l’Union européenne (UE) est essentiel. Je crois qu’à terme il faut fusionner les fonctions de présidents du Conseil et de la Commission et donc donner une plus grande légitimité à la Commission. Malheureusement, de telles réformes sont absentes de la réflexion sur la création d’un nouveau traité.

Concrètement comment souhaiteriez-vous que ce dispositif soit mis en place ?

Par une élection du président de la Commission, dans un premier temps par les Congrès, ensuite par les citoyens européens eux-mêmes. Vous pouvez même imaginer le jour de l’élection deux urnes : une pour élire les députés européens, l’autre pour le président de l’Union européenne.

Les électeurs se mobiliseraient davantage si on élisait le même jour que les élections parlementaires européennes le président de l’UE. Il y aurait des débats démocratiques, avec des programmes : certains diraient "il faut une Europe plus libérale", d’autres plaideraient pour "une Europe plus sociale".

Le traité de Lisbonne a confusément multiplié les fonctions. Or plus il y a de fonctions, moins il existe d’Europe communautaire. Je considère que, même si l’axe franco-allemand est important, il ne faut pas oublier l’idée d’Europe communautaire qui constitue le principe même de fondation de l’Europe et qui est aujourd’hui particulièrement mise à mal.

Comment jugez-vous l’action de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel dans cette période de crise de l’euro ?

Depuis le début de la crise de la dette, l’UE a tardé à prendre les bonnes décisions, à mettre en place un plan d’action global et à avoir les bons principes pour inspirer ce plan d’action.

Il faut vraiment revenir à une Europe communautaire, à une démarche coopérative dans laquelle chacun des États membres s’engage dans une égalité de droits et de devoirs, et où il n’y a pas deux États qui décident pour les autres. Personne n’a à être aux ordres de la France et de l’Allemagne : c’est contraire à l’inspiration de la création de l’Europe.

Par ailleurs, le couple franco-allemand n’a pas de plan d’action global et montre de nombreuses divergences en son sein. On voit bien que l’Allemagne préconise essentiellement des sanctions. J’aurais aimé que Nicolas Sarkozy affirme une vision un peu différente en insistant sur la solidarité en parallèle aux sanctions.

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

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