Bang-Bang
"La police est sous-équipée face à l'armement de ses adversaires"
Ce jeudi, Nicolas Sarkozy en visite à Marseille fera un détour par l'hôtel de police de la cité phocéenne dans un contexte de violence accrue : à trois reprises, en moins de 24h, des fusillades à la Kalachnikov ont éclaté à Vitrolles et à Marseille. Le syndicat Alliance réclame que les policiers soient à nouveau dotés de fusils à pompe.
Atlantico : Ce lundi, le syndicat Alliance a demandé une dotation de fusils à pompe pour la BAC (brigade Anti-Criminalité) lors d'un Comité technique paritaire (CTP) central de la police. Pourquoi les policiers réclament-ils des armes lourdes ?
Jean-Marie Allemand : Une précision s’impose, le syndicat Alliance ne réclame pas des fusils à pompes, ces derniers sont déjà au sein des brigades anti-criminalité. Le problème reste la vétusté de ces armes. Ces derniers étant désuets ont été retirés des brigades en attendant de recevoir un nouvel armement.
Notre demande est la suivante : en attendant de recevoir un nouvel armement nous souhaitons la réintroduction des fusils à pompe au sein de la BAC.
Cependant, vous disposez déjà une arme de service et des pistolets mitrailleurs Beretta M 12, ces fusils à pompe sont-ils réellement nécessaires ?
En théorie nous possédons ces armes, mais ce n'est pas toujours le cas. Prenons l’exemple du secteur sud de Marseille, pour six véhicules nous avons un fusil à pompe et un pistolet mitrailleur Beretta M12. Quatre véhicules ne sont donc pas dotés d’armes lourdes.
Nous ne remettons pas en cause de mitrailleur Beretta c’est un chargeur de 32 coups efficace cependant c’est un calibre 9mm. C’est exactement les mêmes cartouches que nos armes de services : les pistolets semi-automatique Sig-Sauer SP 2022.
Le fusil à pompe possède la capacité de changement de cartouche. Nous pouvons ainsi mettre des balles comme d’autres types de cartouches. Cela nous permet également d’être dissuasifs sur les contrôles, de stopper une voiture. Ce n’est pas un moyen de réponse idéal, mais c’est un moyen de riposte aux individus déterminés à nous tirer dessus et dotés de Kalachnikovs
N’y a-t-il pas un risque d’escalade ? N’est-ce pas une course à l’armement ?
Nous sommes sous-équipés vis-à-vis de l’armement que nous trouvons face à nous à l’heure actuelle. C’est un armement qui se trouve sur le terrain opérationnel dans les guerres comme au Liban en Afghanistan. C’est une arme de guerre. Maintenant, est- ce que des policiers peuvent être équipés comme des militaires alors qu’ils doivent intervenir sur différentes mission ? Je ne pense pas.
Cependant il est nécessaire que les policiers puissent riposter aux attaques qu’ils subissent afin de protéger les citoyens. Nous ne sommes pas des bobby’s anglais, nous devons avoir un armement comparable à ce que nous trouvons en face de nous.
Il est toutefois important de mettre à contribution des gens du renseignement et de la sécurité publique, d’entreprendre des investigations afin d’arriver à démanteler et trouver ces armes, qui se trouve dans les cités la plupart du temps.
Nous demandons un tout :
- Un armement conséquent,
- Une investigation des services départementaux sur la provenance et le démantèlement de ces armes,
- Avoir des peines planchers pour les individus qui tirent sur les forces de l’ordre.
Concernant le nouvel armement qui doit rentrer en vigueur en 2012, le fusil d’Assaut AG36 qu’est-ce que cet instrument change pour vous ?
Le fusil d'assaut G36, de calibre 5,56 mm, est déjà utilisé par le Raid, le GIPN (groupe d'intervention de la police nationale), le GIGN (groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) ou la BRB (brigade de répression du banditisme).
Ce sont des armes pénétrantes qui peuvent faire stopper les véhicules, avec une capacité de chargeur important, il peut tirer à répétition.
Prenons l’exemple de l’accident qui a eu lieu à Vitrolles la semaine dernière. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, un policier d'une brigade anti-criminalité (BAC) été très grièvement blessé par une rafale de Kalachnikov. Les coups de feu ont été tirés à partir de 100m. Les policiers qui ont en face d'eux des individus dont la puissance de feu est énorme doivent au moins avoir les moyens d'assurer une légitime défense équilibrée.
Le quotidien de Marseille est relativement violent. Au sein même de la ville nous observons une banalisation des armes lourdes dont la Kalachnikov. Elle est devenue l’arme de la petite semaine et est utilisée pour de réaliser des braquages de petits commerces tel que les fleuristes et les Bar-Tabac. Avant nous avions des armes de point de type pistolet et revolver aujourd’hui nous avons une utilisation intensifiée du fusil AK47 avec une puissance de feu de 600 coup minute.
Propos recueillis par Caroline Long
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