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Va-t-on vraiment vers l'avènement des ConsulTech en France ?
©Reuters

Conseil 2.0

Les cabinets de conseil en management vont devoir faire face, dans les années à venir, à la désintermédiation de leur profession avec l'avènement des ConsulTech : ces start-up proposant directement au client final des conseillers indépendants. Déjà une réalité dans les pays anglo-saxons, les entreprises françaises commencent à goûter aux joies de ces consultants nouvelle génération.

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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Atlantico : Comment peut-on définir de manière concrète le fonctionnement de ces ConsulTech ?

Xavier Camby : Encore assez récent, ce renouveau du conseil est fondé sur une organisation très simple et très efficace : fédérer ponctuellement les meilleures ressources et expertises disponibles, en fonction du besoin d'un client. Réunir des travailleurs indépendants -des freelance- ou des organisations souples pour effectuer une mission précise coûte beaucoup moins cher que de salarier des experts au long cours, en attendant le client. Cette flexibilité permet donc la meilleure concentration possible de compétence, au moindre coût. Ce modèle limite encore les frais dits de structures : locaux de prestiges, hiérarchies pesantes, trop longues, in-opérationnelles et voire même parfois inhibantes, processus de décision complexes, investissements commerciaux prohibitifs...

Cette agilité nouvelle, opérationnelle et pragmatique, est rendue possible grâce à la fluidité des moyens de communication, mais aussi grâce à cette libération des façons de penser. S'il restera toujours un peu de place pour une approche "arrogante" du conseil, cette plus grande liberté produira, j'en suis sûr, de plus en plus d'innovations et d'inventions. Nous voyons même des sociétés de conseil prestigieuses, installées, y recourir désormais.

Ces cabinets "nouvelle génération" connaissent un certain succès dans les pays anglo-saxons. Est-ce des cas isolés ou sommes-nous face à une véritable tendance de fond ?

L'uberisation entière de l'économie est en marche. Il est assez vraisemblable que très bientôt mon plombier ou mon jardinier seront uberisés, pour leur plus grand bénéfice comme pour le mien. Il semble évident aussi que les prestations dites de conseils professionnels, quels qu'ils soient, seront les plus faciles et les plus immédiates à uberiser. L'enjeu pour le prestataire comme pour le client sera ensuite de bien sélectionner ses Hubs d'uberisation. C'est-à-dire d'identifier soigneusement le réseau ou la plateforme qui lui apportera le plus de valeur réelle, en fonction de ses besoins spécifiques. C'est bientôt là que se tiendra la vraie concurrence : quelle plateforme deviendra la plus performante, en fonction de mes attentes ? Peut-être y verra-t-on l'apparition de nouveaux labels de qualité et la disparition de certaines normes, par trop artificielles... A titre d'exemple, il sera vital pour notre cabinet de conseil en management de créer ou d'intégrer le Hub d'uberisation de nos services qui nous ressemble, libre et anti-conformiste, performant autant qu'exigeant, flexible et humain, fondé sur la bienveillance et sur l'excellence.

Est-ce un marché qui peut décoller en France et qui peut en profiter ?

Il semble étrange de parler encore de la France comme d'un marché clos. Oui, bien sûr que ce renouveau a déjà passé nos frontières hexagonales, dans les deux sens, par autant de signaux numériques que nos câbles et nos satellites peuvent en laisser passer, franchissant allègrement nos barrières linguistiques comme nos croyances les plus protectionnistes. Les PME consomment habituellement très peu de conseils, déroutées par les inconvénients évoqués plus haut. Malgré le besoin qu'elles en ont, le plus souvent, face à leur environnement en pleine transformation, elles n'osent pas l'aventure dispendieuse du conseil. Cette libéralisation nouvelle -tant par les coûts que par les méthodes- de prestation à forte valeur ajoutée constitue pour elles une merveilleuse et exceptionnelle opportunité de réinventer leur modèle économique si nécessaire, de renouveler leur vision et de stimuler leur développement.

Que reproche-t-on aux cabinets traditionnels justifiant la désintermédiation de ce secteur ?

L'arrogance, le coût, l'uniformité -voire le manque d'originalité- et parfois même l'absence de pragmatisme de certaines prestations rebutent légitimement un grand nombre d'entreprises. Seuls les grands groupes possèdent en leur sein les équipes capables d'évaluer la pertinence -ou non- de certaines prestations - parce qu'ayant souvent fait les même études, provenant des mêmes cabinets, ayant les mêmes méthodes.... Ce clonage intellectuel ou cette endogamie consanguine sont par essence dégénératifs, quelque soit l'importance du tonnage de petites cellules grises concentrées. Cette révolution du conseil et de la prestation en général, favorisant l'agilité et la diversité, ne pourra que créer de la nouveauté utile et stimuler l'invention.

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