Pourquoi le ministère de l’Intérieur se soucie-t-il si peu des conditions de travail déplorables de la Police de l’air et des frontières de Calais ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les conditions de travail déplorables de la Police de l’air et des frontières de Calais sont déplorables.
Les conditions de travail déplorables de la Police de l’air et des frontières de Calais sont déplorables.
©Reuters

Danger d’électrocution

Installations électriques défectueuses, absence d’hygiène, locaux délabrés : bienvenue à la PAF de Calais. L’Unsa-police, dans un album photos édifiant agrémenté de commentaires, montre les conditions de travail déplorables de plus de 300 fonctionnaires de police. Des travaux doivent être effectués en urgence dans leurs locaux. Mais ils ne commenceront pas avant… 2020. Etat des lieux.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Misère dans la jungle de Calais où s’entassent les migrants. Misère des installations de la PAF à quelques kilomètres de là. Oh ! bien sûr, les choses ne sont pas comparables. Assurément, il serait plus qu’inconvenant de le faire. Mais comment ne pas être effaré de voir les conditions dans lesquelles travaille la police de l’Air et des Frontières (PAF) dans cette sous-préfecture du Pas-de-Calais, très exactement à Coquelles petite commune qui marque l’entrée du tunnel sous la Manche. Depuis plusieurs mois, les syndicats de police ne se sont pas privés d’alerter la hiérarchie policière sur le spleen voire la dépression qui peu à peu envahit les forces de l’ordre… Notamment les compagnies de CRS éloignées de leur domicile en raison du plan Vigipirate. Aujourd’hui, l’Unsa –Police, dont le secrétaire général est Philippe Capon, vient de prendre une initiative, avant que l’ensemble des syndicats de police ne soit reçus le jeudi 22 octobre, par François Hollande : il s’agit d’une sorte d’album avec photos et commentaires qui nous plonge dans le quotidien des fonctionnaires de la PAF dont le nombre sur place, est de l’ordre de 300, le reste, une centaine, étant en poste en Angleterre, 70  étant affectés sur le port de Dunkerque et 80 au centre de rétention de Coquelles. On se frotte les yeux pour le croire : on y voit par exemple de bien curieuses aubettes situées en première ligne de contrôle dans la zone du port de Calais. De dimension d’1, 90 m sur 1,90 m, ces abris sont destinés à accueillir deux policiers. On se demande comment ils peuvent travailler ! Mais surtout, le plus ahurissant, c’est que l’installation électrique de ces aubettes s’avère défaillante, les grésillements sont permanents, rendant quasi-impossible l’utilisation de l’informatique ! Normalement, c’est à la Chambre de commerce et d’industrie de Calais (CCI), propriétaire des aubettes, de mettre l’installation aux normes. Certes, après plusieurs demandes, des techniciens ont été dépêchés sur place… Mais ils se sont contentés de faire du rafistolage, comme en témoigne le simple rouleau de scotch posé sur les installations. Naturellement, les grésillements n’ont pas cessé. Grâce à une seconde intervention effectuée quelques semaines plus tard, la situation s’est -légèrement-améliorée...

Du côté des Algéco qui abritent les fonctionnaires de la PAF, tous les témoins le disent : les bâtiments sont à la limite de l’insalubrité.  Pour un peu, on en rirait – de honte- quand on apprend qu’aucune intimité n’est possible dans ces locaux où n’existent  pas de toilettes –homme-femme- et où un endroit improbable, tout aussi délabré que les aubettes, sert, parait-il, de cuisine pour les fonctionnaires !  L’Unsa-Police a gardé, dans ce petit reportage photo le meilleur pour la fin. Les aubettes-bus ? Le chauffage y a été coupé, remplacé par un chauffage d’appoint situé juste au -dessus du crâne des policiers. Sympa pour travailler ! Lorsqu’il pleut, l’eau s’infiltre à travers le toit du bus, descend par les néons d’éclairage, ce qui présente un danger d’électrocution pour toute personne présente. La salle de pause n’est pas mal non plus. Petite et vétuste, elle ne dispose que d’un micro-onde pour l’ensemble des policiers. Mais surtout, il se dégage dans cette pièce des odeurs nauséabondes dues à des canalisations défectueuses qui font que les fonctionnaires, lorsqu’ils prennent leur repas n’ont vraiment pas l’impression de déjeuner ou dîner au Ritz ou chez Lasserre ! Que dire encore de la configuration du bâtiment abritant les geôles de gardes à vue ou de retenue : il n’existe qu’une seule entrée et aucune issue de secours ! Il parait, toujours selon le "reportage" de l’Unsa-Police, que des travaux ne seront pas entrepris avant 2020 ! Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, aurait une bonne idée s’il faisait avancer les dits-travaux.

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