Marine Le Pen est-elle le nombril du monde ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le sujet politique de la semaine ? L'invitation de Marine Le Pen dans une émission de TV.
Le sujet politique de la semaine ? L'invitation de Marine Le Pen dans une émission de TV.
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The show must go on

Du monde certainement pas. Mais de la France, à coup sûr, oui.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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On ne parle que d’elle (je n’échappe pas à cette règle). Il n’y en a que pour elle. Une Marine Le Pen nous manquerait et tout serait dépeuplé. Elle est présente : on la regarde, on la scrute, on l’applaudit, on la conspue. Elle est absente et c’est pareil : on la regarde, on la scrute, on l’applaudit, on la conspue.

Marine Le Pen, a donc décidé de déserter “Des paroles et des actes”, une émission politique emblématique. On ne peut -sur ce point- que lui donner raison. C’est que France 2, au tout dernier moment, submergé par les hurlements de la gauche et les gémissements de la droite, a changé le format de l’émission et donc la règle du jeu. Un peu comme si, sans prévenir, on choisissait dans un match de foot de remplacer le ballon rond par un ballon ovale. Ou que lors d’une épreuve de slalom on obligeait l’un des skieurs à être muni de bâtons plus courts que ceux de ses compétiteurs.

Chez les anciens Grecs, on disait que Zeus rend fou ceux qu’il veut perdre. C’est ce qui est arrivé à Cambadélis (de toute façon il a déjà perdu) et à Sarkozy (on le croyait plus fin politique) qui ont obtenu que Marine Le Pen ne soit pas seule sur le plateau. La belle affaire ! Des millions de téléspectateurs l’auraient vue et en auraient pensé du bien ou du mal. Avec la décision imbécile de France 2, des millions de Français ne l’ont pas vue mais ont entendu parler d’elle, transformée en victime, en Sainte Marine par l'abyssale bêtise des censeurs. C’est mieux ?

De façon plus générale, la scène politique française c’est aujourd’hui l’empire du vide. Et comme la nature a horreur du vide, Marine Le Pen occupe la place restée vacante. Le Parti Socialiste -parlons en un petit peu- est en soins palliatifs. Tout ce qu’il sait dire (alors que la gauche est quand même supposée avoir des idées) c’est : “à bas le Front National !”. La droite va, elle, incomparablement mieux. Mais elle est avant tout occupée à aiguiser ses couteaux : Copé va-t-il poignarder Sarkozy, Sarkozy va-t-il enfoncer sa lame dans le corps de Juppé, et ce dernier, en gardant simplement son poignard dans son fourreau, réussira-t-il à tuer Sarkozy ?

Voilà qui est prenant pour les amateurs d’hémoglobine cinématographique. Et parfaitement dépourvu d’intérêt sur le plan des idées et de la politique. S’agissant du cas Marine Le Pen même Sarkozy a esquissé une danse du scalp autour de la présidente du Front National. Il se présente, partant du constat que les socialistes sont d'ores et déjà vaincus, comme le “meilleur rempart” contre elle. La France n’a pas besoin d’un rempart mais d’un bélier pour abattre les remparts qui existent déjà et ne doivent rien au FN.

Il ne sert à rien de crier “Marine Le Pen au bûcher”. Contrairement à Jeanne D’arc elle est revêtue d’une combinaison ignifugée. Pathétique et inutile gesticulation. En réalité la gauche et, dans une moindre mesure, la droite agissent comme le lapin hypnotisé par le cobra qui va le dévorer. Marine Le Pen, elle, a fait sien l’adage d’un célèbre humoriste anglais : “Peu importe qu’on dise du bien ou du mal de moi, pourvu qu’on en parle et qu’on ne fasse pas de fautes d’orthographes dans mon nom”. En France, tout le monde sait écrire sans fautes Marine Le Pen.

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