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Plus que de l’heure d’hiver, pourquoi la France a besoin de changer de fuseau horaire
©Flickr

Tic-tac

La France vient de passer à l'heure d'hiver. Dans le domaine, l'Hexagone fait figure de curiosité avec son horaire fluctuant, et son fuseau à la pertinence géographique très discutable. Un point commun qu'elle partage d'ailleurs avec l'Espagne qui envisage, elle, de changer radicalement sa situation.

Le rituel est immuable depuis 1976, chaque dernier dimanche d'octobre, la France passe à l'heure d'hiver. L'occasion pour les médias de rappeler que, cette nuit, vous avez "gagné" une heure de sommeil. En p pour la bonne cause, puisque l'instauration du système de l'heure d'hiver (rétabli lors de l'après-choc pétrolier, mais qui existait déjà en France entre 1917 et 1945) a été décidée pour maximiser la durée d'exposition à l'ensoleillement naturel, et modérer ainsi la consommation énergétique. Une économie d'ailleurs difficilement chiffrable, souvent remise en cause, à tel point que se pose la question de l'abandon d'un horaire fluctuant, et même d'un changement définitif de fuseau pour harmoniser le rythme de vie et des activités économiques avec la réalité géographique du pays

L'Espagne se voit à l'heure anglaise

L'Espagne réfléchit ainsi sérieusement depuis presque sept ans à changer de fuseau horaire. L'un des pays le plus à l'ouest du continent européen suit en effet le fuseau horaire GMT+1, le même que la France, l'Allemagne, ou même… la Pologne. Le pays a donc une heure de décalage avec le Royaume-Uni, qui est pourtant approximativement sur la même longitude que l'Espagne.

Mais la logique n'est pas seulement de rétablir une cohérence géographique, l'argument économique et sociologique pèse de plus en plus. Economique car quitter le GMT+1 pour adopter le GMT permettrait à l'Espagne d'initier un choc de rationalisation plus profond de son activité économique et de revenir sur l'organisation de la journée de travail qui semble de moins en moins correspondre aux besoins de l'économie nationale. Avec des matinées qui s'étirent jusqu'à 14 heures, les Espagnols prennent souvent leur déjeuner quand les Anglais se remettent au travail dans l'après-midi. Pause-déjeuner qui dure fréquemment plusieurs heures, pendant lesquelles la vie économique tourne au ralenti, avant que l'après-midi – qui commence donc vers 16 heures – prenne le relais pour une journée de travail qui finit donc souvent tard, sans forcément que le nombre d'heures travaillées ne soient supérieur au reste de l'Europe. Les partisans du changement de fuseau pensent très sérieusement que cette organisation serait une des causes d'une augmentation des divorces et de la baisse de la natalité dans le pays, du fait du peu de temps que peuvent passer ensemble les couples. De même, une meilleure rationalisation avec une journée plus courte, mais avec des pauses moins longues, et des horaires calés sur les standards internationaux, permettraient d'améliorer la productivité, et donc à terme l'emploi. Et pour initier ce changement majeur, le coup de pied dans la fourmilière que représenterait le changement de fuseau horaire serait le détonateur idéal.

Un intérêt pour la France ? 

Premier constat pour la France, son système d'horaire fluctuant la rend aujourd'hui minoritaire. Depuis que la Russie y a renoncé en 2011, la majorité de la population mondiale vit selon une heure constante toute l'année. De plus, notre fuseau, le GMT+1, est plus adapté à "l'Europe centrale" (du moins à l'Allemagne), alors que la France est un pays de l'Europe de l'Ouest et qu'une bonne partie de son territoire partage les mêmes longitudes que l'Angleterre ou l'Espagne – le méridien de Greenwich traversant d'ailleurs la France. 

Mais pourquoi la France devrait rejoindre le fuseau GMT ? D'une part, pour éviter d'être atteinte par les même maux sociologiques qui poussent l'Espagne à s'interroger sur un changement de rythme de la journée. Mais peut-être en partie pour rétablir une réalité historique, puisque la France a rejoint le GMT+1… lors de l'Occupation, pour se conformer à l'heure allemande qui partage aussi ce fuseau horaire.

Mais ce débat pourrait bientôt ne plus avoir de raison d'être. En effet l'UIT – l'Union internationale des télécommunications – basée à Genève, milite activement pour l'abandon du système GMT comme étalon de la définition de l'heure dans le monde. Elle souhaiterait y substituer une norme définie, non plus par le soleil, mais par une heure définie par une horloge atomique, selon les recommandations du Bureau international des poids et mesures (BIPM), basé lui… en région parisienne.

Par ailleurs, si la France se calquait sur le fuseau horaire de l'Angleterre, cela lui éviterait ces changements d'heure d'été et d'hiver qui font tant polémique. Perturbant le rythme biologique pour certains, entrainant fatigue, troubles du sommeil et irritation, il est une aberration pour d'autres. En effet, selon ces derniers, le changement à l'heure d'été déplacerait une masse considérable de trafic routier à des horaires qui faciliteraient la pollution de l'atmosphère. L'activité économique commençant plus tôt que lors de la période hivernale, c'est aussi l'activité industrielle qui se rapprocherait des heures les plus chaudes en été, favorisant encore une fois les pics de pollution.

Le changement d'heure aurait également un impact négatif sur des secteurs, comme le bâtiment, où les heures les plus chaudes de la journée sont également à éviter. Il en est de même du secteur agricole où l'activité démarre généralement très tôt le matin. Une période pendant laquelle le soleil est censé faire sécher les sols. Or en le faisant arriver artificiellement plus tard dans le début de journée, c'est tout un ensemble de pratiques qui se trouveraient chamboulées. 

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