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Pourquoi les vacances de la Toussaint n'ont pas la cote cette année
©Reuters

Au repos

Les vacances scolaires de la Toussaint arrivent mais 80% des Français ne partiront pas. Les élèves en repos vont, pour la plupart, rester chez eux. Cela s'explique en raison de multiples facteurs aussi bien environnementaux que géopolitiques.

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner, professeur de géopolitique émérite et président honoraire de l'Université de Perpignan, enseignant-chercheur à l'IDRAC-IEFT, auteur avec Catherine Sicart de Tourisme, une affaire de classe (Balzac Editeur, 2015)

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Atlantico : 80% des français ne partiront pas lors des vacances de la Toussaint, comment expliquer ce résultat ? Est-ce le contexte économique ?

Jean-Michel Hoerner : Les vacances de la Toussaint n'ont jamais constitué un grand moment touristique, sans doute en raison de leur déroulement au coeur de l'automne quelques semaines après la fin de l'été, de l'association Toussaint / fête des morts et surtout de l'annonce de l'hiver qui n'a pas encore ses charmes enneigés. D'ailleurs, les vacances scolaires ne se font pas par zone dans la mesure où, justement, les départs restent très limités. Cependant, l'industrie touristique, notamment au niveau international, ne néglige aucune époque de l'année, ce qui me conduit une fois encore à faire la différence entre ledit tourisme de masse, peu rentable, qui serait ici concerné, et le tourisme des classes aisées qui contribue largement aux quelque 6 à 7% du PIB mondial.

A quel point le contexte géopolitique au Maghreb a-t-il pu jouer sur les départs en vacance ?

Les Français, comme beaucoup d'Européens, privilégient des vacances sur les bords de la Méditerranée qui peuvent justement se prendre toute l'année en raison de ses avantages climatiques, notamment les côtes méditerranéennes les plus méridionales : ne reçoivent-elles pas plus de 300 millions de visiteurs ? Par exemple, les retraités étaient jadis nombreux à cette époque à se rendre en Tunisie. Or, même si le tourisme demeure une activité majeure de ces zones, leur attirance est beaucoup moins forte depuis les "printemps arabes" de 2011 et l'impact du terrorisme islamique. Sans évoquer les foyers de guerre du Moyen-Orient qui, évidemment, n'accueillent plus de visiteurs festifs, beaucoup d'attentats exécutés par des minorités vis-à-vis des Occidentaux en vacances découragent les touristes. Les Anglais faisaient de la résistance mais, après l'attentat de Sousse en Tunisie, ils déserteront certainement ces contrées magiques à l'avenir ! En quelque sorte et malgré l'attirance de la Grèce ou de l'Espagne, avec les Canaries et les Baléares, c'est également la mode de partir voyager en automne vers le Sud qui disparaît.

A quel point la météo peut-elle agir sur notre envie de partir ? En d'autres termes, s'il ne fait pas beau dans notre région, cela nous encouragera-t-il à partir dans une autre région où la météo est plus clémente ?

En 2014, l'été assez pourri a provoqué des départs touristiques plus tardifs, notamment en automne. Cette année, on vivrait pratiquement le contraire, avec un été assez exceptionnel et un mois d'octobre qui serait le plus froid depuis quarante ans. Sauf dans certaines situations qui reposent sur des choix réfléchis et lorsqu'on en a les moyens, on prend des vacances en octobre dès que toutes les conditions sont remplies, notamment climatiques. Hélas, l'instabilité politique internationale s'ajoute aux données climatiques générales pour valoriser davantage la fête des morts que la Toussaint ! Enfin, comme on l'a déjà suggéré, on ne tient pas assez compte de la différence entre le tourisme de masse qui tient compte d'un très grand nombre de facteurs et n'est pas toujours rationnel, et ces centaines de millions de touristes internationaux qui planifient leurs départs en fonction de leur disponibilité, de leurs moyens et des usages de leur classe.

Existe-t-il des régions en France qui arrivent à tirer parti des vacances de la Toussaint comme les régions montagneuses en hiver ?

On dit que l'automne et le mois d'octobre correspondent à la saison des champignons et du vin qu'on vient de récolter. À ce propos, sait-on que 7,5 millions de touristes visitent chaque année les caves viticoles françaises en "circuit court" pour acheter du vin ? Ce type de tourisme est moins visible que la ruée vers les plages en été et la fréquentation importante des stations de sports d'hiver... Par ailleurs et sauf exception, on n'organise pas beaucoup de festivals entre l'été et l'hiver. On a même l'impression que le raccourcissement des journées, accéléré avec le changement d'heure, touche autant le moral que la chute des températures. Le climat n'est pas à la fête et donc guère favorable pour prendre des vacances : le tourisme de masse n'est-il pas extrêmement saisonnier en France ?   

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