Pourquoi la France offre au monde un spectacle de désolation<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Pourquoi la France offre au monde un spectacle de désolation
©Reuters

Editorial

Conflits, menaces, invectives dans tous les domaines, la violence va crescendo. Les images de la tentative de lynchage de deux dirigeants patronaux d’Air France par des syndicalistes a fait le tour du monde. Mais elle ne fait que refléter un ras le bol de tous bords.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

La France offre aujourd’hui au monde un spectacle de désolation. Ce ne sont que conflits, menaces, invectives dans tous les domaines, avec une violence qui va crescendo. Les images de la tentative de lynchage de deux dirigeants patronaux d’Air France par des syndicalistes a fait le tour du monde. Mais elle ne fait que refléter un ras le bol de tous bords : les paysans sont prêts à barrer à nouveau les routes, les policiers défilent  sous les fenêtres du ministère de la justice. Les enseignants sont entrés dans une contestation forte de la réforme projetée. Les universités sont en ébullition. Les avocats contestent. On pourrait poursuivre à l’infini la  revue des contestations. Le gouvernement aux abois tente de maîtriser l’incendie chaque fois qu’un nouveau foyer s’allume, mais toujours de la même manière qui évite d’aborder les problèmes de face et de s’attaquer au fond. Il jette à la face des plaignants une sorte de placebo, en ouvrant les cordons d’une bourse totalement percée, qui ira grossir un peu plus les déficits et la dette. Le pouvoir continue de faire preuve d’une incroyable lâcheté, par son incapacité à définir une politique, en renvoyant au nom d’un soi-disant souci de dialogue social les solutions vers des partenaires sociaux qui se déchirent entre eux et ne sont d’accord que sur un seul point : maintenir envers et contre tout un statu quo, en refusant  de voir les  périls qui menacent, le meilleur exemple étant pour l’instant fourni par le dossier des retraites complémentaires, au bord de la faillite.

Il est loin le temps où la France était un véritable laboratoire d’idées qui étaient ensuite reprises à travers le monde et dont la dernière en date avait abouti à la création de l’Europe, sous l’égide de la réconciliation franco-allemande. Aujourd’hui, depuis une quarantaine d’années, la société de consommation a pris le pas sur tout le reste, évacuant les grands desseins pour se contenter de satisfaire des besoins immédiats, de court terme, triomphe des égoïsmes et du repli sur soi. Internet ne fait qu’accentuer le phénomène, chacun prétendant s’exprimer et avoir sa solution propre aux problèmes de l’heure. Le vote électoral n’est plus la manifestation d’un choix en faveur des personnes les plus aptes à diriger le pays, mais un acte de préférence individuelle pour celui qui paraitra le meilleur pour réaliser les ambitions de chacun. Et les partis ont renoncé  à tenter de construire avec les citoyens une pensée  politique pour se forger un simple  outil destiné à s’attribuer un pouvoir sur ses partenaires.

Le mal n’est pas nouveau, mais il a tendance à s’accélérer. Notre démocratie issue du dix-huitième siècle est à bout de souffle reconnaissait récemment Valéry Giscard d’Estaing. Car ce qui manque aujourd’hui en Europe, et en particulier en France, c’est l’existence de véritables leaders pour sortir le vieux continent  du marasme. Les derniers en  date se sont illustrés à la  suite de la  deuxième guerre mondiale. Le retour de la paix, les trente glorieuses ont affadi les esprits, car c’est dans les périodes de crise que se forgent les destins d’exception. Aujourd’hui la crise est de retour, c’est au sein  de la nouvelle génération qu’apparaitront  des caractères trempés susceptibles d’enrayer le  déclin. Mais il y faudra encore du temps…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !