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La force du discours d’Obama est d’avoir su trouver un compromis idéologique.
La force du discours d’Obama est d’avoir su trouver un compromis idéologique.
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Barack dans tous ses états

Barack Obama l'a annoncé ce lundi 4 avril : il se représentera à l'élection présidentielle américaine de 2012. L'avocat Arnaud Péricard a suivi ses cours en 1999, alors que le Président démocrate n'était qu'enseignant à l'université de Chicago. Retour sur ces années décisives.

Arnaud Péricard

Arnaud Péricard

Arnaud Pericard est Avocat aux barreaux de Paris et de New York (USA).

Il est associés fondateur du cabinet Chevalier pericard Connesson & Associés de puis 2005.  

Voir la bio »

Déjà charismatique, un brin réservé, mais rodé aux éclats politiques et médiatiques américains. Voilà en quelques mots comment je perçus, lors de notre première « rencontre », celui qui allait devenir président des États-Unis, en 2008.

L’université de Chicago : temple de la pensée néo-libérale

Nous sommes en 1999, je viens de quitter mon travail d’avocat en France pour partir étudier à la law school de l’Université de Chicago. Celle-ci est connue dans le monde entier comme le temple de la pensée néo-libérale : les « Chicago boys » ont ainsi dicté leurs préceptes économiques et leurs remèdes au monde dans les années 1980, avec des fortunes diverses parfois. L’école de droit ne fait pas exception à cette règle. Elle a inventé et théorisé les principes de l’économie classique et libérale en matière juridique. La plupart des cours de l’université sont ainsi entrevus sous cet angle : l’économique ne prime pas forcément sur le droit, mais tout système de régulation qui se respecte ne peut faire abstraction du contexte économique dans lequel il évolue, et dans lequel la notion de marché est prépondérante.

De 1992 à 2006, Barack Obama y fut professeur de droit. Il enseigne alors un cours de « civil rights », ce qui serait en France un mélange de droit constitutionnel et de libertés publiques. Même si la matière n’est pas inscrite à mon programme, je décide - intrigué par le personnage (élu et professeur) - d’assister à tous ses cours. Je découvre un professeur attentif, souriant, décontracté et engagé. Les mauvaises langues diront qu’il passait son temps à modérer les débats qu’il lançait lui-même dans sa classe, sans jamais prendre parti….. Je préfère retenir l’image d’un professeur rigoureux, excellent juriste et fin connaisseur du fonctionnement des marchés.

L’influence de l’Université de Chicago sur la pensée politique d’Obama

Selon moi, on peut difficilement comprendre la pensée politique de Barack Obama sans prendre en considération son attachement à l’Université de Chicago. Attachement familial tout d’abord : son épouse fut vice-présidente de l’hôpital de l’université et son domicile personnel a été situé jusqu’en 2008 dans le quartier résidentiel de l’université. Attachement idéologique ensuite : à la différence peut-être des autres candidats démocrates, Obama a une connaissance accrue des thèses économiques néo-libérales. Attachement politique enfin : la force du discours d’Obama est d’avoir su trouver un compromis idéologique, peut-être tenu, entre ces différents courants de pensées et d’y avoir adapté son discours politique qui aura aussi réussi à séduire les républicains modérés.

Barack Obama : « pas assez noir » ?

A cette époque, Barack Obama est sénateur de l’Etat de l’Illinois (depuis 1996). Il prépare les élections de 2000 à la Chambre des représentants des Etats-Unis, pour lesquelles il se déclare en septembre 1999. Il sera sèchement battu dans les primaires démocrates par Bobby Rush, défenseur mythique de la cause afro-américaine. Les observateurs politiques locaux considèrent alors que le socle de l’électorat d’Obama réside essentiellement dans l’électorat démocrate blanc des quartiers sud, qui loue son sens de la modération. L’électorat afro-américain plus radical est quant à lui sans concession : il n’est pas rare d’entendre le slogan « not black enough » (pas assez noir) au cours de cette campagne. 

Sens de la prémonition ou pas, le doyen de l’université proposera à Barack Obama après son échec cinglant à ces élections, un emploi permanent en tant que professeur de droit. Obama refusera… L’université perdra l’un de ses plus brillants enseignants, les États-Unis y gagneront un Président.

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