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Michel Drucker a récemment traité un journaliste de "gros con".
Michel Drucker a récemment traité un journaliste de "gros con".
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Eloge des gros mots

Ça ne vole pas très haut. Mais ce vent nouveau est quand même rafraîchissant.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

De quoi parle la France aujourd'hui ? Du "T'es un gros con !" lancé par Michel Drucker à un journaliste. Du "Connards !" balancé par Nathalie Kosciusko-Morizet (plus BCBG qu'elle tu meurs) à la gueule des climato-sceptiques. Du "Zemmour a un problème avec sa bite" susurré par Sofia Aram (pas BCBG du tout celle-là). Un peu moins de "La France est à prendre comme une femme" de Fillion manifestement échauffé par les "prends-moi comme une bête" que lui ont chuchoté à l'oreille de jeunes paroissiennes à la sortie de la messe.

Et bien sûr du gros mot de Nadine Morano que la pudeur et la prudence nous interdit de citer ici. Un gros mot hors concours. Un gros mot champion toutes catégories confondues. Le fait est que l'on se lâche de plus en plus à la radio et à la télévision. Les hommes et les femmes politiques se mettent à parler comme les animateurs. A moins que ce ne soit le contraire. Un certain nombre de puristes et de cul serrés s'en plaignent. Pas moi.

Car ce nouveau parler vrai nous promet de belles perspectives avec des mots vigoureux pas faits pour les oreilles des jeunes filles. Laissons Sarkozy de côté. Avec son "Cass' toi pov' con !" il a pris une avance irrattrapable sur tous les autres compétiteurs. Oublions également Juppé. Il est tellement, tellement bien élevé que l'on lui arracherait à peine un "zut" ou un "crotte de crotte". Mais avec tous les autres ça va être la joie.

Vous imaginez Chirac, ayant retrouvé la forme, et qui, interrogé sur l'empoignade des primaires, lancerait son célèbre : "Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre" ? Et quel délice ce serait que d'entendre Laurent Wauquiez raconter, gestes à l'appui, ce qu'il a vu sur Youporn. Mais c'est avec Bayrou qu'on atteindrait les sommets. Regardant Léa Salamé dans les yeux il lui dirait : "C'est moi qui ai la plus grosse"*. Manque de pot pour le président du Modem l'animatrice aurait invité sur le même plateau Ségolène Royal. Et celle-ci aurait enchainé : "Certes François mais elle tombe souvent en panne".*

Peu de socialistes dans ma liste. Merci de n'y voir aucun ostracisme politique. Pourtant Martine Aubry, qui a son franc parler, serait une excellente cliente. Mais on hésite à l'inviter. Car elle ne veut parler – c'est une obsession – que de Hollande. Et sa prestation risquerait de se limiter à une répétitive et lassante litanie de : "Couille molle" et de "Petite bite".

Oh je sais bien que "connards" et autres gros mots bien de chez nous ne sont pas faits pour élever le débat en terme de pensée. Mais ils ont toutefois les charmes vieillots et surannés des chefs d'œuvre en péril. Un jour ils pourraient être remplacés par des "enculé de ta race", "nique ta mère" et "bâtard". Sans être décliniste on peut quand même considérer que c'était mieux avant…

* Il y a quelques années, Bayrou, interrogé par la jeune et jolie Estelle Denis avait répondu ainsi à la question : "Qu'est-ce que votre épouse préfère chez vous ?" : "Ma virilité !".

* "Ma plus belle histoire c'est vous". Ségolène Royal. Grasset. 2007.

De quoi parle la France aujourd'hui ? Du "T'es un gros con !" lancé par Michel Drucker à un journaliste. Du "Connards !" balancé par Nathalie Kosciusko-Morizet (plus BCBG qu'elle tu meurs) à la gueule des climato-sceptiques. Du "Zemmour a un problème avec sa bite" susurré par Sofia Aram (pas BCBG du tout celle-là). Un peu moins de "La France est à prendre comme une femme" de Fillion manifestement échauffé par les "prends-moi comme une bête" que lui ont chuchoté à l'oreille de jeunes paroissiennes à la sortie de la messe.

Et bien sûr du gros mot de Nadine Morano que la pudeur et la prudence nous interdit de citer ici. Un gros mot hors concours. Un gros mot champion toutes catégories confondues. Le fait est que l'on se lâche de plus en plus à la radio et à la télévision. Les hommes et les femmes politiques se mettent à parler comme les animateurs. A moins que ce ne soit le contraire. Un certain nombre de puristes et de cul serrés s'en plaignent. Pas moi.

Car ce nouveau parler vrai nous promet de belles perspectives avec des mots vigoureux pas faits pour les oreilles des jeunes filles. Laissons Sarkozy de côté. Avec son "Cass' toi pov' con !" il a pris une avance irrattrapable sur tous les autres compétiteurs. Oublions également Juppé. Il est tellement, tellement bien élevé que l'on lui arracherait à peine un "zut" ou un "crotte de crotte". Mais avec tous les autres ça va être la joie.

Vous imaginez Chirac, ayant retrouvé la forme, et qui, interrogé sur l'empoignade des primaires, lancerait son célèbre : "Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre" ? Et quel délice ce serait que d'entendre Laurent Wauquiez raconter, gestes à l'appui, ce qu'il a vu sur Youporn. Mais c'est avec Bayrou qu'on atteindrait les sommets. Regardant Léa Salamé dans les yeux il lui dirait : "C'est moi qui ai la plus grosse"*. Manque de pot pour le président du Modem l'animatrice aurait invité sur le même plateau Ségolène Royal. Et celle-ci aurait enchainé : "Certes François mais elle tombe souvent en panne".*

Peu de socialistes dans ma liste. Merci de n'y voir aucun ostracisme politique. Pourtant Martine Aubry, qui a son franc parler, serait une excellente cliente. Mais on hésite à l'inviter. Car elle ne veut parler – c'est une obsession – que de Hollande. Et sa prestation risquerait de se limiter à une répétitive et lassante litanie de : "Couille molle" et de "Petite bite".

Oh je sais bien que "connards" et autres gros mots bien de chez nous ne sont pas faits pour élever le débat en terme de pensée. Mais ils ont toutefois les charmes vieillots et surannés des chefs d'œuvre en péril. Un jour ils pourraient être remplacés par des "enculé de ta race", "nique ta mère" et "bâtard". Sans être décliniste on peut quand même considérer que c'était mieux avant

* Il y a quelques années, Bayrou, interrogé par la jeune et jolie Estelle Denis avait répondu ainsi à la question : "Qu'est-ce que votre épouse préfère chez vous ?" : "Ma virilité !".

* "Ma plus belle histoire c'est vous". Ségolène Royal. Grasset. 2007.

A lire, du même auteur : "Comment je suis devenu un sale Français", très bientôt publié aux Editions du Rocher.

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