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Comment Cécile Duflot aura plombé le quinquennat de François Hollande
©Reuters

Il n'y a pas de rose sans épines

Pour les derniers socialistes fidèles à François Hollande, les élections régionales vont être catastrophiques et, à priori, l’élection présidentielle semble compliquée. Selon beaucoup d’observateurs, Cécile Duflot aura été la grande responsable de ce désastre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Hollande, qui aime tant la politique, sait pourtant qu’il a perdu la bataille sur le front de l’économie. Pas de résultats, contrairement aux promesses faites. Les dernières prévisions de l’Insee pour 2016 ne sont pas bonnes. D’où les difficultés de Michel Sapin à boucler un Budget 2016 à peu près sincère et cohérent. Ses objectifs sont surévalués par rapport au potentiel de croissance et d’activité.

La France n’a pas profité des vents favorables qui ont soufflé depuis deux ans sur l’économie mondiale : un euro faible, des taux d’intérêt nuls et des prix de l’énergie et un prix des matières premières très diminué. Cette série de données aurait pu donner un souffle à l’économie française qui a redémarré un peu grâce à l’exportation. Les autres moteurs internes, la consommation et surtout l’investissement, ne sont pas repartis.

Maintenant que la croissance mondiale ralentit à cause des pays émergents, la Chine surtout et le Brésil, les chances d’une reprise de l’activité s’éloignent à nouveau.

Politiquement, François Hollande et ses amis savent que cette situation et l’impossibilité d’en sortir rapidement va le plomber définitivement. L’ouverture sociale-libérale de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron ne produira pas assez d’effets pour arriver en meilleur état en 2017. Surtout que le tissu économique français est bloqué.

La grande question est évidemment de savoir pourquoi ce pays a été incapable de profiter de la sortie de crise et s’est retrouvé paralysé. L’histoire retiendra la responsabilité personnelle de François Hollande. Sa personnalité, son manque de courage et de compétence, de métier aussi ... Mais ce qui est intéressant, c’est pourquoi il s’est laissé piéger ainsi. Pourquoi et comment.

Les fidèles de François Hollande, Michel Sapin, Stéphane le Foll, Jean-Yves le Drian, Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Marie le Guen, et même Jean-Pierre Jouyet, ainsi que beaucoup de politologues, estiment que la responsable de ce désastre ne fait pas débat : Cécile Duflot. C’est elle qui a tout organisé. A-t-elle fait cela sciemment et cyniquement, pour conduire le quinquennat au fiasco, ou l’a-t-elle fait par incompétence ? L’avenir le dira, en attendant, le résultat est là, il es catastrophique.

L’enchainement du scénario catastrophe est quand même très machiavélique. Tout se passe comme si elle avait posé, dès le début du quinquennat,  des pièges qui se sont refermés sur le Président.

Le piège économique est évident. C’est le plus violent. On attendait dès le départ du quinquennat une politique du logement ambitieuse. Pour des raisons politiques, il fallait respecter une promesse de François Hollande. Pour des raisons sociales et économiques, il fallait répondre à un énorme besoin  de logements. L’industrie du bâtiment est la seule qui ne soit pas délocalisable et qui diffuse de l’activité dans tous les secteurs. Construire des logements, multiplier les mises en chantier, c’est l’assurance de faire un ou deux points de croissance et de créer des emplois.

Le logement et le bâtiment sont les outils premiers d’une politique de relance. Or, la politique conduite par Cécile Duflot a été calamiteuse. Il aurait fallu mettre en chantier 500.000 logements par an. On en a ouvert moitié moins,  alors que les besoins existent et que les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi attractifs. Par une multitude de textes contraignants et confus, de contrôle sur les mises en chantier, les permis de construire, les loyers, Cécile Duflot et ses équipes ont complètement bloqué la situation : les investisseurs professionnels, les agents immobiliers, les primo-accédants. Le secteur est désormais sinistré.

Quand François Hollande a changé de gouvernement, Manuel Valls a essayé de revenir sur beaucoup de dispositifs de la loi Duflot, sans y parvenir pour des raisons politiques. Cécile Duflot s’est braquée, ses amis aussi. En se braquant, ils ont tout bloqué.

A côté du secteur immobilier, les discours de Cécile Duflot et les attitudes de ses amis ont freiné l’évolution du secteur de l’énergie et profondément asphyxié l’agriculture. On ne pouvait pas demander aux agriculteurs de produire plus et moins cher pour être compétitif en leur imposant des tonnes de normes environnementales qui les empêchent justement d’atteindre leurs objectifs. Ce n’est pas l’Europe qui a régulé l’agriculture française mais bien l’administration française sous la pression des amis de Cécile Duflot.

Le piège politique a conforté ce piège économique. Le piège politique a été posé avant même l’élection de François Hollande, quand Martine Aubry a dealé avec les écologistes des postes de députés en échange de leur soutien. François Hollande a été élu. Martine Aubry est rentrée à Lille, mais la majorité de gouvernement avait besoin des écologistes et des sympathisants du Front de gauche pour faire passer les textes de loi. François Hollande et son gouvernement se sont retrouvés pris en otage. Quand Manuel Valls est devenu Premier ministre pour entreprendre les réformes d’ouverture, Cécile Duflot s’est déchaînée avec tous les frondeurs de la gauche de la gauche.

Depuis six mois, François Hollande a essayé de calmer les frondeurs, d’étouffer le Front de gauche et de ramener les écologistes dans l’orbite de la majorité présidentielle. Sur le terrain parlementaire, il a pratiquement réussi son coup. Le mouvement écologiste a explosé. Mais Cécile Duflot seule, reste très influente chez ses militants.

Dernier acte, François Hollande compte sur la COP 21 pour montrer à l’opinion publique que Cécile Duflot ne s’implique pas dans la lutte contre la dégradation de l’environnement. Et c’est vrai. Cécile Duflot ne s’investit pas. Elle prépare la présidentielle en espérant éliminer François Hollande de la course.

Personne ne pense que la COP 21 fera faire d’importants progrès dans cette bataille contre le réchauffement climatique. Les amis de Cécile Duflot sauront le lui rappeler au moment de la présidentielle. Pour tous les amis de François Hollande elle le joue perdant.

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