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484 kilomètres de bouchons, record battu en Ile-de-France : en quoi cela illustre l’échec de la stratégie de la mairie de Paris pour "éradiquer" la voiture
©Reuters/Charles Platiau

Tu tu tut tuuut !

Mardi 6 octobre, la région Ile-de-France a battu un record : celui du nombre de kilomètres d’embouteillages tous axes confondus. Un record qui s'élève désormais à 484 km et qui témoigne de l'échec de la stratégie de la mairie de Paris sur la question de l'éradication des automobiles.

Hervé Leridon

Hervé Leridon

Hervé Leridon est notamment consultant pour Catram. Il a travaillé dans différents domaines, tant dans le secteur privé que dans le secteur public, avant de se spécialiser plus particulièrement dans les domaines du transport, de l’énergie et du tourisme, où il réalise notamment des études de faisabilité de projets, de schémas directeurs, d'évaluation socio-économiques et d’autres types d’intervention.

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Atlantico : Ce triste record illustre-t-il l'inefficacité des mesures prises par la Mairie de Paris depuis plusieurs années, notamment l'abaissement de la limitation de vitesse sur le périphérique - mis en place l'an passé ? 

Hervé Leridon :  Il faut d'abord remarquer que les embouteillages concernent l'ensemble de la région parisienne, et pas seulement la ville de Paris. La Marie de Paris ne peut donc pas être tenue pour seule responsables des embouteillages dans toute la région, même si sa politique a pu y contribuer, en particulier avec la réduction de l'espace affecté à la voiture comme par exemple sur les boulevards des Maréchaux. Mais l'efficacité d'une action ne peut être jugée qu'au vu de ses objectifs. A cet égard, le but visé de réduire la circulation dans Paris a été atteint...même si paradoxalement on a une augmentation des embouteillages ! Par contre, l'abaissement de la vitesse autorisée sur le Périphérique n'a pas pu avoir d'effet sur la vitesse moyenne des déplacements. En fait, l'accroissement de la congestion routière est lié à celui du nombre de véhicules en circulation et des distances parcourues, en raison de l'expansion continue de l'agglomération et de sa population; ainsi qu'au phénomène de "rurbanisation" qui éloigne de plus en plus les personnes de leur lieu de travail, mais aussi des services, des commerces, des écoles, etc.Et il s'agit d'une tendance lourde qui n'est pas près de s'inverser, avec la hausse constante du prix des logements dans les centre-villes. La construction des nouvelles infrastructures de transport n'arrive tout simplement pas à suivre la croissance continue des déplacements. Par ailleurs, il convient aussi de constater que les bouchons sont le lieu commun de toutes les grandes agglomérations. Ainsi Paris n'est "que" la huitième ville la plus encombrée d'Europe derrière (entre autres) Milan, Cologne, Anvers, Londres et Bruxelles ! Et ne parlons pas de Los Angeles, Bangkok ou Pékin... 

Quelles stratégies préconiseriez-vous au vu de la réussite de certaines mesures constatées dans d'autres villes ? 

Il n'existe pas de recette miracle, sinon on l'aurait déjà appliquée partout ! Certaines villes ont néanmoins adopté des mesures drastiques, telles que le péage dans le centre-ville. C'est le cas entre autres de Londres, Stockholm, Rome et Milan, avec des résultats mitigés. Certes on a constaté une forte baisse de la circulation dans les zones concernées, mais aussi un report des trafics (et donc des nuisances) vers l'extérieur. Par ailleurs les péages perçus représentent certes une aubaine pour les Mairies qui peuvent ainsi financer les transports publics, mais ils sont jugés pénalisants pour les automobilistes aux revenus modestes. Développer les transports collectifs et favoriser le covoiturage constituent donc la meilleure stratégie pour réduire à la fois les embouteillages et la pollution générée par la voiture en ville.    

Penser la ville sans voiture ne nécessiterait-il pas la mise en place d'une réflexion pluridisciplinaire afin de prendre en compte toutes les données déterminantes autour de la problématique (urbanistes, architectes, citadins, etc) ? Il s'agit de tenir compte tant de la qualité de vie des citadins que de leur mobilité. 

 Penser la ville sans voiture ne nécessiterait-il pas la mise en place d'une réflexion pluridisciplinaire afin de prendre en compte toutes les données déterminantes autour de la problématique (urbanistes, architectes, citadins, etc) ? Il s'agit de tenir compte tant de la qualité de vie des citadins que de leur mobilité. En effet, il faut approfondir la réflexion globale sur l'ensemble de la problématique des déplacements en ville. Celle-ci doit recouvrir tous les aspects: réduction des temps de trajets bien sûr, mais aussi qualité de vie des habitants, limitation des gaz à effet de serre et réduction des autres nuisances générées par les transports (bruit, pollution directe, accidents...). Les spécialistes de ces différentes disciplines doivent travailler ensemble sur des programmes cohérents, efficaces...et financièrement réalisables. Le problème du financement d'infrastructures parfois très coûteuses reste en effet le facteur crucial.  Plus généralement, c'est toute la problématique de l'aménagement de l'espace et de la ville qui serait à revoir, pour essayer de rapprocher les différentes fonctions de celle-ci: habitation, travail, commerces et services. Mais on en est encore très loin...  

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