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Un emprunt patriotique évite le pire à la Belgique. Et si les Français s’en inspiraient ?
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Contre la dette, une fois

Le Premier ministre belge sortant, Yves Leterme, a lancé la semaine dernière un emprunt d’État. Résultat : ce vendredi, la souscription atteignait quatre milliards. De quoi donner des idées à Nicolas Sarkozy pour lutter contre la dette ?

Merci Standard & Poors ! Dégradée de  AA+ à AA, la Belgique a bouclé en un week-end le budget le plus douloureux des trente dernières années (11,3 milliards d’économies). Après 535 jours sans gouvernement de plein exercice, les négociateurs viennent de signer un accord de gouvernement. La semaine prochaine, le socialiste Elio Di Rupo (un francophone, pour la première fois depuis 1974!) deviendra Premier ministre d’un gouvernement tripartite traditionnel rassemblant les sociaux-chrétiens, libéraux et socialistes. La dictature des marchés a parfois du bon.

Mais il y a mieux encore : empêtré dans une crise politique à rebondissements depuis les élections fédérales de juin 2010, le Premier ministre sortant, Yves Leterme, a lancé la semaine dernière un emprunt d’Etat. Le social-chrétien qui, lassé de la politique, va bientôt devenir secrétaire-général adjoint de l’OCDE, fait le tour des télés, tout sourire, pour vendre ses bons d’Etat belge. Il en espère à peine 200 millions d’euros, les précédents appels à l’épargne populaire ayant été relativement décevants.

Et c’est la surprise du chef. L’épargnant belge – dont les réserves sont évaluées à minimum 730 milliards d’euros, record d’Europe par habitant – se rue littéralement sur « ses » bons du Trésor. Ce vendredi, la souscription atteignait quatre milliards, 537,5 millions ayant été récolté rien que dans la journée de mardi. L’Agence de la dette, qui gère au jour le jour l’énorme dette publique belge (350 milliards – 98% du PIB), sabre le champagne. « Il suffit que l’on affirme qu’un montant est en vue pour qu’il soit atteint », déclare dans L’Echo Jean Deboutte, responsable de la stratégie de l’Agence.

Patriotisme financier ? Attrait pour un taux d’intérêt alléchant (4%) ? Les deux sans doute. Mais l’opération donne des idées au ministre sortant des Finances, Didier Reynders. L’an prochain, la Belgique doit emprunter au moins 40 milliards. Pourquoi ne pas faire une nouvelle fois le tour des popotes ?

Certes, ce type d’appel à l’épargne populaire ne rompt pas la « pyramide de Ponzi » qui consiste à emprunter sans cesse pour boucher d’autres trous et le déficit public belge demeure négatif (-2,8%).  Mais la formule a deux grandes vertus :

  • Premièrement, l’Etat ne doit pas s’exposer sur les marchés et ces derniers, toujours à l’affût d’une nouvelle dégradation des agences de notation, se calment en découvrant l’énorme potentiel des épargnants : si l’Etat belge est pauvre, les Belges eux sont riches. Ainsi, hier, après l’envolée des taux, la semaine dernière, conséquence d’une nouvelle démission fracassante du formateur Di Rupo, les taux sur la dette belge à 2 et 5 ans se sont tassés. Respectivement à 3,64% (-0,57%) et à 4,28% (-0,52%).
  • Deuxièmement, via l’épargne populaire, la dette de l’Etat reste en famille, comme c’était le cas il y a vingt ans où l’essentiel de la dette publique était propriété des épargnants belges qui « vivaient » en quelque sorte des intérêts de leur dette.

Un exemple pour la France ? Sans aucun doute. Cette nouvelle histoire belge (qui se termine pour une fois en happy end) a fait le tour de l’Europe, plombé par la crise des dettes souveraines. L’Italie, la Grèce, pourraient embrayer. Nicolas Sarkozy, qui entretient des relations d’amitié avec le ministre belge des Finances, Didier Reynders, serait bien inspiré d’imiter son voisin du Nord pour se lancer dans un grand emprunt patriotique. En espérant que l’épargnant français réponde à l’appel…

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