Primaires chez Les Républicains : la chasse aux parlementaires a commencé <!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy veut obtenir le soutien d'un maximum de parlementaires.
Nicolas Sarkozy veut obtenir le soutien d'un maximum de parlementaires.
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Pris pour cible

Le Président des Républicains a décidé, en accord avec Christian Jacob, de réunir, en mars, la Commission d'investiture pour préparer les législatives de 2017. Un joli coup politique pour s’attacher le soutien d'un maximum de parlementaires.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Ce mardi matin, à l’Assemblée Nationale, lors de la traditionnelle réunion de groupe des Républicains, Laurent Wauquiez est chafouin, il peste, une fois de plus, contre ces fichues primaires qui pourrissent les régionales et s’en prend, bille en tête, à Bruno Le Maire afin qu’il cesse d’aller soutenir les candidats en campagne. Bruno Le Maire, prend la parole et commence : « nous, les ténors… » Boulette et froncements de sourcils de la part des députés qui n’aiment guère les « ténors » auto-proclamés. Et si, quelques minutes plus tard, les proches du député font amende honorable, c’est qu’il n’est pas de saison de froisser les parlementaires. En effet, la chasse aux députés et aux sénateurs est ouverte. Si dans la course aux primaires, les sondages ont leur importance, les soutiens des élus sont tous aussi essentiels. Tout d'abord parce qu'il faudra afficher le soutien de 20 parlementaires minimum pour avoir le droit de se présenter lors du scutin des 20 et 27 novembre 1016. Mais surtout, François Fillon et Bruno Le Maire les montrent comme on bande ses muscles, comme on dit : « si autant de gens sont derrière moi, c’est parce que je le vaux bien ».

En revanche, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, les deux favoris des sondages, paraissent, eux, légèrement à la traîne. L'équipe du maire de Bordeaux le reconnaît aisément mais ne s’inquiète pas, chaque chose en son temps, explique-t-on. Chez Nicolas Sarkozy, en revanche, on est plus fébrile. « Franchement, vous avez vu l’ambiance à Reims, vous avez l’impression qu’il y avait une envie de Sarko ? », raconte un soutien de Xavier Bertrand. D’où, sans doute, l’offensive de l’ancien Président de la République qui a annoncé, il y a quelques jours, qu’en accord avec Christian Jacob, le président du groupe Républicains à l’Assemblée Nationale, il avait décidé de commencer les discussions pour les investitures aux législatives de 2017, en mars prochain alors qu'en règle générale, les partis politique se mettent autour de la table, moins d'un an avant. Pourquoi tant de précipitation ? Dans le camp des autres candidats, les équipes sont unanimes : « il s'agit de mettre la pression sur les députés. De leur envoyer un message disant : ou tu es avec moi ou tu ne seras pas investi ». Chez Bruno Le Maire on soupire : « Il peut bien continuer comme ça a être menaçant mais une fois investis, rien n’empêche les candidats de retourner leur veste. La politique c'est de l'humain, de l'humain, de l'humain. Ce qu'il faut c'est être à l’écoute des parlementaires, les rencontrer souvent, relayer leurs demandes », sous-entendu ce que ne fait pas Nicolas Sarkozy. Une députée, qui espère bien être réinvestie pour 2017, est confiante : « les candidats à la primaire ont intérêt à se mettre tous d'accord. Nicolas Sarkozy n'aura pas le choix car si Alain Juppé se sent floué, il sortira et se présentera en dehors des Républicains ». Le piège ne serait donc pas si méchant qu'il n'y paraît, un coup de bluff presque. D'autant, qu'une fois désigné à l'issue de la primaire, le candidat de la droite et du centre pourra biffer les noms qui ne lui conviennent pas. « En 1995, se souvient un expert électoral, entre les deux tours, Jacques Chirac avait changé quelques noms ». Un cas de figure qui pourrait bien arriver à nouveau puisqu'il faudra tenir compte des centristes. Si Alain Juppé l'emporte, il devra faire de la place aux proches de François Bayrou qui expliquait récemment à Atlantico, vouloir un accord législatif favorable en échange de son soutien.

En revanche, si Nicolas Sarkozy l'emporte, le même Bayrou pourrait être tenté de présenter des candidat contre ceux des Républicains. « C'est un coup politique interne, explique l'expert électoral, c'est une manière pour Nicolas Sarkozy, de dire qu'il marque à la culotte ses concurrents tout en faisant passer un message aux futurs candidats aux législatives : « ne dites pas trop de mal de moi tant que vous n’êtes pas investis et ne soutenez pas trop ouvertement mes concurrents ». L’inquiétude pèse surtout sur les éventuels soutiens d'Alain Juppé. « Les députés peuvent très bien soutenir Fillon ou Le Maire et garder secrète leur préférence pour le second tour entre Juppé et Sarko. Soutenir Fillon ou Le Maire est sans risque c'est pour ça qu'ils comptent paradoxalement plus de soutiens que les autres. Les députés qui les soutiennent peuvent même ensuite négocier à prix d'or leur ralliement à l'un ou l'autre des finalistes », explique un proche du maire de Bordeaux. En revanche, pour choisir d'ores et déjà entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, il faut être un peu téméraire. Grâce à ce joli coup politique, Nicolas Sarkozy espère bien donner à certains le courage nécessaire pour franchir le pas.  

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