Libertinage et cannabis : pourquoi l’Uber-économie dévergondée aura du mal à se financer<!-- --> | Atlantico.fr
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Avec Ohlala, vous pouvez choisir parmi une liste de jeunes filles à proximité et, moyennant quelques euros, obtenir un rendez-vous de plusieurs heures en charmante compagnie.
Avec Ohlala, vous pouvez choisir parmi une liste de jeunes filles à proximité et, moyennant quelques euros, obtenir un rendez-vous de plusieurs heures en charmante compagnie.
©Reuters

Chaud devant

En à peine deux ans, plusieurs start-up ont emprunté les codes d'Uber ou d’AirBnB pour proposer des services osés. Au-delà du buzz suscité, la question du financement reste sans réponse pour ces dernières, les investisseurs institutionnels étant frileux face à ces chaudes entreprises.

Julien Gagliardi

Julien Gagliardi

Julien Gagliardi est journaliste pour Atlantico. Il couvre l’actualité des entrepreneurs et des start-up.

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Vous trouvez Uber et AirBnb un peu trop fades ? Alors Ohlala, KinkBnb ou encore Bud and Breaksfast sont peut-être faits pour vous. Les promesses de ces start-up ? Vous offrir un "rendez-vous" rémunéré avec de jeunes femmes à proximité, des appartements "équipés" pour vos virées libertines ou un logement "cannabis-friendly" pour passer la nuit… en douceur. Ces start-up d’un nouveau genre, nées en Allemagne et aux Etats-Unis, ciblent un public de niche qui ne trouve pas son "bonheur" sur les plateformes traditionnelles.

Surtout, ces jeunes pousses – elles ont moins de deux ans – profitent des nouveaux moyens technologiques pour flirter avec les limites des convenances établies par la société. "Aujourd’hui, tous les services peuvent voir arriver des entrepreneurs qui vont casser les intermédiaires, des gens vertueux comme les moins vertueux", analyse Bruno Humbert, dirigeant de l’incubateur de start-up La Ruche.

Avec Ohlala, vous pouvez choisir parmi une liste de jeunes filles à proximité et, moyennant quelques euros, obtenir un rendez-vous de plusieurs heures en charmante compagnie. Interviewée récemment sur Canal+, la fondatrice de l’appli, Pia Poppenreiter, admettait qu’il s’agissait bien, dans la réalité, d’un site d’escort girls. Une pratique totalement légale en Allemagne mais pas en France. Lancée en août dernier à Berlin, Ohlala rassemblait lors de son premier mois d’activité près de 10.000 utilisateurs, selon les chiffres de l’entreprise.

Chez KinkBnB, changement de décor. Lancé par un des barons du libertinage californien, le service propose de louer des appartements ayant pour particularité d’être "adaptés" aux pratiques SM et au libertinage. Les logements étant sobrement identifiés sur le site comme "orgy Friendly"... ça ne s’invente pas. Là encore, KinKBnB annonçait fièrement, fin août 2015, avoir franchi le cap des 2000 inscrits depuis son lancement en mai 2014 et ce, dans 46 villes de 13 pays.

Une barrière morale qui n’a donc pas l’air de gêner le développement de ces sites pour le plus grand plaisir de leurs fondateurs. "La question morale n’est pas du ressort de ces entrepreneurs, ils ne vendent pas des armes", estime Bruno Humbert. "En revanche, il y a la question du cadre juridique, ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, c’est la question que se doit se poser n’importe quel entrepreneur en lançant son projet. Et puis, c’est aussi au législateur de déterminer si c’est dangereux ou non".

Au-delà de l’aspect éthique et juridique, c’est surtout la question du financement qui semble délicate. Chez les investisseurs institutionnels, qui permettent dans la majorité des cas, d’investir des sommes importantes pour faire décoller ces business, c’est un non catégorique. "Chez Partech, comme dans la plupart des fonds d’investissement, nous avons des contrats d’investissement. Le nôtre interdit d’investir dans la pornographie, ce qui peut encourager la pédophilie, le proxénétisme ou la vente d’armes", détaille Jean-Marc Patouillaud, dirigeant du fonds Partech Ventures. "A cadre juridique équivalent avec l’Allemagne, nous n’aurions pas pu investir sur une start-up comme Ohlala".

Pour l’investisseur parisien, "c’est effectivement plus facile pour une personne physique, comme un business angel, de financer sur ses propres deniers ces boîtes. Un fond institutionnel a un contrat signé avec ses propres financeurs et, surtout, une image de marque à défendre", poursuit Jean-Marc Patouillaud. Puisque ces entrepreneurs d’un nouveau genre ne manquent pas d’idées pour conquérir des nouveaux utilisateurs, gageons qu’ils en auront aussi pour trouver un moyen de financer et de faire décoller ces  entreprises pas tout à fait comme les autres.

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