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Europe : le retour des mauvais génies
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Zone franche

Arnaud Montebourg veut déclarer la guerre à l’Allemagne et Emmanuel Todd propose de ne pas rembourser nos dettes. A quel monde aspirent-ils ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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François Mitterrand avait ses « visiteurs du soir » ― ses avocats d’une rupture avec l’intégration européenne et le SME. Je ne sais pas qui vient murmurer à l’oreille de son successeur à l’Élysée la nuit entre deux biberons, mais je subodore que ce ne sont pas de modernes avocats du chacun pour soi…

Au minimum, et quel que soit le point de vue que l’on se fait du « merkosarkozysme », ce mariage carpolapinesque de la cigale gauloise et de la fourmi teutonne (quel bestiaire !), on imagine que ces visiteurs nocturnes-là sont attentifs à ne pas jeter le bébé né en 1957 avec l’eau du bain de la crise de 2011.

C’est qu’on préfère croire que quiconque a un tout petit peu de jugeote et prétend influencer le débat public n’a pas complètement abandonné l’idée d’une Europe unie comme horizon indépassable de la France. Enfin, quiconque a un petit peu de jugeote et sait mettre son désir de reconnaissance sur pause à l’heure des grands rendez-vous de l’histoire…

Prenez Montebourg, par exemple, dont on se croyait débarrassé pour un moment. Pour lui, pas de doute, le sauvetage in extremis de l’euro et de l’union monétaire par une Angela Merkel au pied du mur, c’est la restauration du « nationalisme allemand » et le retour de la « politique de Bismarck »… Rien de moins.

Il ne mentionne pas le IIIe Reich parce qu’il sait avec quelle facilité on dégaine son point Godwin, désormais, mais on sent que ça le titille un peu lorsqu’il évoque une « confrontation » visant à imposer la « domination germanique » du continent.

A ce rythme, on se demande ce qui va rester à Marine Le Pen pour dénoncer la mise au pas de la France par les puissances étrangères.

Emmanuel Todd n’est pas mal non plus, qui se fait le chantre du non-remboursement de la dette et voudrait bien nous voir nous tirer avec la caisse ― façon emprunt russe. Oh, il n’est candidat à rien, bien sûr, mais cet Alain Minc gaucho-souverainiste, qui passe son temps à nous prédire la fin des haricots avec ses camarades Lordon et Jorion, finit par avoir une influence qui fiche les jetons.

Hey, même le raisonnable François « Normal » Hollande semble contaminé et parle désormais d’en « finir avec la ligne Merkel-Sarkozy», ravivant un débat oui-non qu’on croyait enfin enterré en refusant toute idée de réforme des traités permettant d’éteindre le feu des crises budgétaires au nom de la « souveraineté des États sur leurs recettes et leurs dépenses  »… Argh !

Manifestement, les mauvais génies sont sortis de leurs boites et on se demande si l’on parviendra à les y réenfourner à temps. Je veux bien croire que Sarkozy se plante lorsqu’il professe qu’on ne rompt pas avec le nucléaire au prétexte qu’il s’agit d’un consensus de soixante ans sur la politique énergétique de la France (et pourquoi ne pourrait-on pas rompre avec un consensus s’il est usé, après tout ?), mais l’on aimerait bien que le projet européen ne prenne pas le même chemin.

Punaise, si ça continue, il va vraiment falloir voter Sarkozy.

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