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"Ces 12 papes qui ont bouleversé le monde" : Saint Léon, celui qui fit barrage à Attila
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Bonnes feuilles

Comment juger si un pape a bouleversé le monde ? Faut-il mesurer son pouvoir spirituel ? Prendre en compte l’histoire de l’Église ou celle du monde ? En admirer le faste ou l’humilité ? Doit-il être un prophète, un homme d’État, un mécène ou un penseur ? Depuis l’apôtre Pierre jusqu’à François, ils ont été 266 à occuper la charge suprême à la tête de l’Église catholique. Dans l’histoire de la papauté, l’auteur a retenu douze souverains pontifes dont les actions et les convictions ont changé l’Histoire. Extrait de "Ces 12 papes qui ont bouleversé le monde", de Christophe Dickès, publié aux éditions Tallandier (1/2).

Christophe Dickès

Christophe Dickès

Historien et journaliste, spécialiste du catholicisme, Christophe Dickès a dirigé le Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège chez Robert Laffont dans la collection Bouquins. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la politique étrangère et à la papauté (L’Héritage de Benoît XVI, Ces 12 papes qui ont bouleversé le monde). Il est enfin le fondateur de la radio web Storiavoce consacrée uniquement à l’histoire et à son enseignement.

 

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Dans la basilique Saint-Pierre, un bas-relief d’Alessandro Algardi (v. 1595‑1654) représente le pape saint Léon, couronné et pointant le doigt vers la croix et le ciel. L’autre main se dresse devant Attila pour lui intimer de stopper sa marche en avant. Sur cette représentation, Attila est sur la réserve. Il a peur. Son bras est aussi levé, mais comme pour mieux essayer de se protéger et d’arrêter le jugement divin incarné par la menace des deux saints protecteurs, Pierre et Paul, portant chacun une épée à la main. Pierre, lui aussi d’un mouvement de la main, lui montre le chemin du retour… L’image romantique de Léon faisant face à l’envahisseur Attila reste comme l’emblème de son pontificat, le symbole précisément de cette romanité triomphante face à la barbarie.

Chassé de Gaule, Attila se dirigeait vers le sud de l’Europe. Devant la menace, l’empereur d’Occident, Valentinien, envoya une ambassade composée d’un ancien consul, Avénius, un ancien préfet, Trigétius, et donc le pape Léon. La rencontre a lieu à l’automne 452, près de Mantoue, « au champ Ambulée des Vénètes, là où le Mincio est traversé par les marchands qui s’y rendent fréquemment». Les trois négociateurs n’ont qu’un objectif : éviter le pillage de Rome puisque le « protecteur de la cité », Valentinien, est dans l’incapacité d’opposer une résistance armée à l’invasion des Huns. Si Léon va donc à la rencontre d’Attila, c’est bien parce que l’autorité publique est défaillante… Et Léon obtient que la ville soit préservée. En fait, Attila tient à sauver la face alors que, pour la première fois, son armée est attaquée sur deux fronts. Cette dernière est aussi en crise : la chaleur, les maladies et la famine accablent les Huns. On ne sait quel fut le contenu des négociations. On imagine qu’Attila a souhaité s’assurer qu’il pouvait battre en retraite sans être inquiété et moyennant un tribut. Mais peu après la rencontre historique, il meurt à la suite d’un banquet organisé en l’honneur d’une nouvelle épouse… On peut aussi imaginer qu’Attila, superstitieux, ait été sensible au discours d’un pape qui lui rappela la mort d’Alaric au lendemain du sac de Rome en 410. Quoi qu’il en soit, pour Léon, il s’agissait bel et bien d’une victoire politique. Après l’assassinat de Valentinien en 455 et l’instabilité politique qui en résulte, le pape devient la seule autorité crédible devant une autre menace, celle des Vandales menés par leur chef Genséric, originaire du nord de l’Afrique.

Pour la deuxième fois, Léon intervient face aux barbares et tente d’éviter la marche sur Rome. Mais la négociation ne sera pas fructueuse : la ville est pillée pendant quatorze jours. Cependant, grâce à son intervention, les hommes, tout comme les bâtiments, sont épargnés. Il n’empêche : alors que l’Église était soumise aux empereurs d’Occident, la carence du pouvoir impérial lui donne une autonomie et le pouvoir ecclésiastique s’y substitue même. À ce tournant politique incontestable, à cette permanence nécessaire de l’autorité incarnée dans un pouvoir à la finalité pourtant spirituelle, s’ajoute une victoire religieuse en Orient.

Extrait de "Ces 12 papes qui ont bouleversé le monde", de Christophe Dickès, publié aux éditions Tallandier, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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