Du punk à l’Etat Islamique, Sally Ann Jones, l’Occidentale qui veut prendre la tête des hackers djihadistes<!-- --> | Atlantico.fr
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A 45 ans, Sally Ann Jones est l'une des figures féminines les plus influentes du groupe terroriste. (Capture d'écran Twitter)
A 45 ans, Sally Ann Jones est l'une des figures féminines les plus influentes du groupe terroriste. (Capture d'écran Twitter)
©Twitter

Le chemin de l’horreur

Alors que son mari Junaid Hussain, connu pour avoir été l'un des plus grands cyberactivistes du groupe terroriste, est décédé sous les frappes américaines en août dernier, cette mère de famille de 45 ans est soupçonnée d'avoir repris le flambeau et d'être devenue une réelle menace pour le monde occidental.

L'histoire de cette musicienne punk devenue djihadiste inquiète les services de renseignement américains. A 45 ans, Sally Ann Jones est l'une des figures féminines les plus influentes du groupe terroriste et pourtant, rien ne prédestinait cette mère de famille britannique, à quitter l'Angleterre avec son mari et son fils de 10 ans pour partir faire le djihad à Raqqa en Syrie. En avril 2015, les autorités américaines soupçonnaient Sally (aujourd'hui surnommée Sakinah Hussain) d'être à la tête de la Al-Khanssaa Brigade, la toute première troupe de combattantes de l'Etat islamique.

Aujourd'hui, alors que son mari Junaid Hussein (21 ans) qui dirigeait la campagne de piratage du groupe terroriste est décédé, la Britannique est soupçonnée d'avoir repris son héritage et d'être devenue une réelle menace pour le monde occidental. "Elle semble avoir ramassé le drapeau de son défunt mari et travailler activement à l'incitation de nouvelles attaques et au recrutement de nouveaux membres", a déclaré un responsable militaire américain, selon le Daily Best. Si Sally Ann Jones parvenait à mettre son plan à exécution en devenant aussi influente, elle deviendrait l'européenne la plus menaçante pour les Etats-Unis et les réseaux du Royaume-Uni. L'ascension de Sally au sein de l'Etat islamique est devenue l'une des inquiétudes majeures des Américains, même si certains occidentaux considèrent qu'elle n'a ni les compétences, ni les connaissances requises pour assumer un tel rôle et que les dirigeants du groupe ne permettraient sans doute pas un tel grade pour une femme.

Qui était Junaid Hussein, le défunt mari de Sally Ann Jones ?

En 2012, soit 1 an avant de partir en Syrie, Junaid Hussain avait été condamné à 6 mois de prison pour avoir piraté et mis en ligne des informations personnelles de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair. Il n'avait alors que 18 ans. Le 28 août dernier, le Pentagone avait annoncé avoir abattu son mari Junaid Hussein, un cyberactiviste spécialiste des réseaux sociaux et réputé pour inciter des sympathisants occidentaux à mener des attaques terroristes.

"Il est aussi responsable d’avoir publié des informations permettant d’identifier 1 300 militaires et employés du gouvernement américain, et de chercher à provoquer des attaques" avait indiqué le porte-parole du commandement militaire américain au Moyen-Orient. Selon Washington, Junaid Hussein était également lié à l’attaque contre un festival de caricatures du prophète Mahomet le 3 mai dernier, à Garland au Texas. Le gouvernement américain avait affirmé que sa mort avait permis de "supprimer un responsable clé" du groupe extrémiste et une "personne dangereuse". Sally avait alors exprimé sa fierté sur Twitter : "Je suis fière que mon mari ait été tué par le plus grand ennemi d'Allah, qu'Allah soit satisfait de lui, et je ne saurai jamais aimer quelqu'un d'autre que lui."

Le rôle limité des femmes djihadistes

L'implication des femmes au sein de l'Etat islamique reste considérablement minime. Outre le fait qu'elles sont recrutées et mariées de force, certaines peuvent bénéficier de quelques avantages en fonction du grade de leur mari. Ainsi quelques-unes se voient confier des missions d'entremetteuse pour recruter de jeunes occidentales ou encore, de l'organisation du commerce sexuel, c'est-à-dire du réseau d'esclaves sexuels des combattants. Et si la plupart se réjouissent de poser en photo munies d'une kalachnikov pour inciter les potentielles recrues à venir défendre on ne sait quoi, "leur place n'est pas au front" rappelle Mia Bloom, professeur de communication à l'Université d'État de Géorgie et spécialiste du rôle des femmes dans les organisations terroristes. Selon elle, il serait même probable que Sally soit "renvoyée au dortoir pour être redistribuée aux combattants". Car aucune femme ne reste célibataire au sein de l'Etat islamique. Quand tel est le cas, "les femmes perdent leur maison et tous les avantages originaux qu'elles avaient".

L'apologie du terrorisme et de l'horreur par Sally Ann Jones

C'est lorsqu'elle rencontre Junaid Hussein que Sally se reconvertie à l'Islam avant de se radicaliser. Mère de deux enfants, elle emmène le plus jeune avec elle en Syrie qu'elle renomme Hamza et laisse le plus grand, âgé de 18 ans, en Angleterre. A son arrivée au sein de l'Etat islamique, Sally se vante sur les réseaux sociaux d'être parmi les djihadistes et de vivre sous le califat. Sur Twitter, elle fait l'apologie du terrorisme et appelle au meurtre des Juifs, des Chrétiens et à l'extermination de l'Occident. "Vous devez tous décapiter les Chrétiens avec un joli couteau et planter [les têtes] sur les grilles de Raqqa…Viens ici et je vais le faire pour toi" avait-elle publié, se moquant également de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Son mari avait alors ajouté sur Twitter : "Combien de sacs mortuaires les familles américaines sont-elles disposées à recevoir?"

Sally Ann Jones est soupçonnée d'être à l'origine d'une campagne ayant fait l'apologie du terrorisme et célébré l'anniversaire des attaques du 11 septembre, sous le hashtag  #AmericaUnderHacks. La djihadiste entend bien perpétuer "l'œuvre" de son mari et devenir un élément clé du groupe. Outre le fait que les autorités américaines s'inquiètent de l'influence que pourrait avoir Sally sur les femmes occidentales, elles ne sont pas impressionnées par son savoir-faire en piratage informatique. L'avenir leur dira si les frappes aériennes menées par les Etats-Unis devraient bombarder le toit de Sally Ann Jones, une mère de famille britannique que rien ne prédestinait à emprunter un chemin aussi sordide. 

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