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Un nouveau "moment Bayrou" ?  Oui, un de plus…
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Zone franche

Au coude-à-coude dans les sondages, Hollande et Sarkozy pensent avoir besoin d’un Bayrou qui pense n’avoir besoin de personne. Ça va mal se terminer.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Guignols de Canal + ont beau se moquer de la faiblesse du nombre d’amis Facebook de François Bayrou, le boss du Modem n’a jamais été « poké »[1] avec autant d’enthousiasme ― de droite comme de gauche.

Pour un général sans armée, dont on peine à voir comment il pourrait aider qui que ce soit à remporter la moindre bataille, c’est assez flatteur. Mais l’homme pèse 7% dans l’opinion, apprend-on, et dans la perspective d’une bagarre au couteau pour le second tour, il vaut sans doute mieux l’avoir avec soi plutôt que contre.

François Hollande en ferait bien un ministre, Xavier Bertrand passe son temps à lui rappeler la préhistoire géométrique où le centre était confortablement installé à droite et c’est tout juste si les Verts ne s’apprêtent pas à lui offrir un weekend avec Eva Joly dans un Relais & Châteaux… Non, là, c’est pour rire : s’il y a quelqu’un pour qui Bayrou reste infréquentable, c’est bien Joly, qui le trouve au moins aussi archaïque que la « marionnette en bois » censée amener la gauche à l’Elysée !

Mais Bayrou minaude et se fait prier. D’abord parce qu’être courtisé c’est agréable et qu’il se souvient sans doute encore avec émotion de l’époque où Ségolène Royal herself lui donnait la sérénade sous son balcon, mais surtout parce qu’il est irrémédiablement coincé dans sa stratégie ni-niste depuis 2007.

Se rapprocher de l’UMP ? Hum, impensable pour l’auteur d’Abus de pouvoir, l’un des bréviaires anti-Sarkozyles plus virulents (et il y a pourtant de la concurrence dans le domaine), pourfendeur acharné de l’omniprésidence. Faire un bout de chemin avec le PS, dont le programme est carrément « insoutenable » ? Ridicule…

Le drame de Bayrou, finalement, c’est qu’il continue d’imaginer qu’un espace existe pour un candidat de l’entre-deux (« Notre campagne appellera un large regroupement politique, au centre de la vie politique française ») dans un paysage politique ultra-polarisé où les loups solitaires dans son genre ont toujours échoué.

On peut le déplorer. On peut souhaiter que ça change, que les comportement de supporters de foot des électeurs français laissent un jour la place à un examen objectif des projets et c’est sans doute ce sur quoi il table ― mais l’on n’y croit guère.

Lui y croit, en tout cas, et le 7 décembre prochain, lorsqu’il annoncera officiellement sa candidature (non non, il ne l’avait pas déjà fait, c’était juste une impression), il est probable qu’il inaugurera un nouveau « moment Bayrou » de quelques semaines. Ça pourrait bien être le dernier.



[1] OK, OK, le « poke » n’existe plus sur Facebook, je suis au courant. C’est juste une façon de parler.

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