Rituel du dodo : l'étonnante efficacité de la règle du droit de l'enfant déjà couché de rappeler ses parents une mais une SEULE fois par soir <!-- --> | Atlantico.fr
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Il faut simplifier au maximum le rituel du soir.
Il faut simplifier au maximum le rituel du soir.
©Diego Rodrugiguez-Vila/Flickr

Contrat de consolation

Parents et pédiatres tombent d'accord sur les intérêts du "bedtimepass", un moyen d'apprendre aux enfants à s'endormir seul, en limitant les pleurs et crises de nerfs des petits au moment d'aller au lit.

Sylvie Royant-Parola

Sylvie Royant-Parola

Sylvie Royant Parola est psychiatre, et spécialiste du sommeil. Elle est également la présidente du réseau Morphée, consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil.

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Atlantico : Dans une étude réalisée avec des pédiatres, des enfants, et des parents, Connie Schnoes a souhaité évaluer l'efficacité de la méthode du "bedtime pass". D'après elle, autoriser l'enfant à se lever seulement une fois par nuit après avoir été mis au lit, au delà duquel les parents doivent ignorer ses demandes, serait la méthode idéale en vue d'apprendre à l'enfant à s'endormir seul. Comment fonctionne ce "bedtime pass" ? Ce type de méthode n'est pas particulièrement novateur, mais en quoi, peut-elle se révéler utile ? 

Sylvie Royant-Parola : Le "bedtime pass" est une sorte de contrat entre les parents et leurs enfants. Les parents autorisent les petits à se lever une fois par nuit, après quoi les parents ne doivent pas répondre à leur demande. L'enfant doit apprendre à se contrôler seul et calmer sa colère ou ses peurs sans l'aide d'adultes.

C'est un type de thérapie d'extinction, c'est-à-dire ces méthodes que l'on met en pratique lorsqu'un enfant a des troubles du sommeil. Au lieu de surenchérir dans la réponse, le parent ne doit pas répondre tout de suite et apprendre à limiter l'ampleur de ses réponses au fur et à mesure du processus d'apprentissage. Selon les différentes thérapies, il intervient une fois, deux fois durant la nuit et limite ses apparitions au fil du temps tout en raccourcissant la durée.

Alors que, si les parents répondent à répétition aux attentes de l'enfant, celui-ci saura qu'ils sont à sa disposition. Cette technique permet à l'enfant de sortir d'une tactique de manipulation,  son attitude doit évoluer en comportement d'extinction (il doit parvenir à maîtriser ses troubles). En d'autres termes, ses demandes doivent se faire moins pressantes. Si au cours de la nuit l'enfant parvient à s'auto gérer, le lendemain les parents doivent le récompenser, à l'aide d'images, de badges par exemple.

Par le biais de ces méthodes, on déculpabilise aussi les parents : on leur donne clef en main une technique qui leur permet de mettre un terme à une situation dans laquelle ils se sentaient perdus. En reprenant le contrôle sur une situation qui s'éternisait, les parents devraient avoir réglé le problème dans un lapse de temps allant de deux semaines à trois selon la sévérité de la situation.

L'idée derrière cette méthode est d'imposer une routine aux enfants comme aux parents, de simplifier le rituel du soir qui peut parfois donner lieu à des crises de pleurs chez les enfants et énerver les parents. Pourtant si le "bedtime pass" déculpabilise les parents, n'est-ce pas exiger beaucoup d'enfants âgés -comme c'était le cas dans la deuxième étude- de 3 à 6 ans ? 

Il ne faut pas vouloir supprimer les routines du soir (la lecture, le câlin du soir…) mais y mettre une limite. Cela renvoi à tous les problèmes de séparation. L'enfant va se retrouver seul, sachant qu'il ne peut s'endormir sous la pression de ses parents – le mécanisme du sommeil n'implique qu'une personne- il est donc le seul à pouvoir trouver le moyen de s'endormir. Ce qui est important, c'est ce que ses parents mettent en place au moment de la transmission entre éveil et sommeil. C'est l'accompagnement qui est important, il faut trouver la justesse entre un moment calme, où on lui lit une histoire avant de dormir par exemple, et la crise que peut faire l'enfant.

Le bon fonctionnement de la technique ne réside pas dans la frustration de l'enfant, elle est simplement la afin de réajuster un système de valeur. L'adulte à sa propre vie, doit s'imposer des "barrières" tout en restant disponible. Il n'est pas  dans la fusion mais l'accompagnement. 

Dans tous les processus éducatif, il y a une limite. Si la mise en place des processus se fait dans le bon sens, il n'y pas tant de réajustement à faire. En revanche, si on accepte tout de l'enfant et que les parents sont dans l'hyper réaction nécessairement, il y a un dysfonctionnement. De même, dans la phase où l'on réapprend aux parents à retrouver l'équilibre il y aura nécessairement des positions à réaffirmer.

Au début si l'enfant se réveille pendant la nuit, il l'aura oublié le lendemain matin. Or, au tout début du processus l'enfant risque de pleurer, faire des colères… Puisqu'il n'en aura probablement pas de souvenirs le lendemain, il faut que ses parents lui en parlent, mettent en place le système de récompense. De cette manière, il intégrera que ce processus ne signifie pas  que ses parents l'aiment moins ou qu'ils s'intéressent moins à lui.

D'après l'étude les parents sont en faveur de cette méthodologie et les pédiatres la valident puisque, selon eux, mieux vaut leur imposer un rythme que de les laisser dormir avec eux. En revanche, ils semblent réticents à l'idée de laisser l'enfant seul bien qu'il ait parfois peur. En quoi cette méthode est préférable à celle qui autoriserait l'enfant à dormir avec ses parents de temps à autres ? 

Dans la phase de traitement on ne laisse pas l'enfant venir dormir dans le lit de ses parents, comme dans toute période où l'on aide un enfant à retrouver de bonnes habitudes. Quand l'enfant est terrorisé, qu'il a de la fièvre, aller dormir dans le lit des parents peut être naturel. Le problème n'est pas de le faire de temps en temps mais d'en prendre l'habitude.  Dès lors, il y a une gène du sommeil des parents, une gène dans le couple. A ce moment l'enfant devient omnipotent et n'a plus sa place d'enfant.

Ce sont les parents aussi qui doivent petit à petit aider l'enfant à affronter la nuit. La nuit fait toujours un peu peur (c'est un moment de séparation où l'on se retrouve seul dans le noir) et pourtant c'est quelque chose de très naturel. Plus les parents vont être rassurants sur ce qui se passe la nuit et dans ce rituel du couché bien dosé (pas minimaliste mais trop long), plus il sera en confiance pour et s'endormira facilement. C'est ce qui fera ensuite des adultes qui dormiront bien, puisque le sommeil ne représentera pas, pour eux, un problème. La confiance et la tranquillité sont la clef d'un bon sommeil ! 

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