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Triple A : cet arbre qui cache la forêt de la mauvaise gestion
des politiques publiques
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EDITORIAL

On annonce qu'on va annoncer être candidat, on fait fuiter des idées de réformes,… nous sommes désormais habitués à ces techniques qui consistent à préparer les opinions à une annonce brutale qui le sera moins si elle n'est plus un scoop. La France risque donc sérieusement de perdre son triple A… et alors ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Lorsque je sollicite l'accélérateur, ma voiture n'est pas responsable de mon excès de vitesse. La probable perte du triple A, même si bien sûr les conséquences en matière de surcoût lié à des taux d'intérêt moins avantageux est indiscutable, ne doit pas être le bouc émissaire de nos difficultés économiques, sociales et budgétaires. Les marchés financiers sont sûrement responsables de dérives, pas forcément de tous nos maux. S'ils ont financé nos dettes souveraines, c'est bien parce qu'ils étaient sollicités pour cela.

D'autre part, si ces marchés sont devenus les actionnaires de nos finances publiques, il ne sont pas pour autant devenus les décideurs de nos politiques publiques. Mais à l'instar de ces managers d'entreprises cotées, ou pas d'ailleurs, qui se plaignent de la pression exercée par l'actionnaire pour justifier un déficit de vision stratégique, les marchés ne sont pas, ne doivent pas être, décideurs à la place des politiques élus et légitimes. Des leaders politiques qui ont face aux agences de notation et « aux marchés » certainement l'obligation aujourd'hui d'argumenter leur aptitude (nouvelle ?) à la bonne gestion, ils ont aussi une occasion de démontrer leurs talents de négociateurs.

Car si nous avons besoin, pour encore un certain temps, de financer nos États, les marchés ont aussi besoin de préserver leurs créances et de maintenir de bonnes relations avec leurs « clients ». Et ce « client » est particulier, car c'est un client législateur qui peut aussi rappeler sa capacité à imposer et réglementer.

Ce temps de la négociation de notre crédit collectif pourrait être aussi le bon moment de mettre effectivement en place cette fameuse moralisation de la finance mondiale déjà largement évoquée. Lorsque le besoin d'argent impose de réduire les dépenses et d'augmenter les recettes, lorsque la spéculation est si dommageable, lorsque nous avons tant besoin de partenariats de long terme, quand le court-termisme fait tant de dégâts, pourquoi ne pas instaurer par exemple une surtaxation massive et spécifique des mouvements de capitaux intraday, voire intraseconde ?

Mais ce financement de la dette, ce triple A, reste un problème politique, macroéconomique, éloigné, même s'il impacte les choses du quotidien. Augmentation du chômage, au plus haut depuis décembre 1999, qui atteindra 10% de la population active en 2012 (c'est déjà programmé, là aussi « préparé »). Inflation significative. Augmentation irrémédiable du coût de l'énergie, par des à-coups très significatifs (le gaz, +5% en avril 2011 et déjà une nouvelle hausse à prévoir) provocant une inflation énergétique galopante, créant elle-même précarité et fracture énergétiques. Baisse des remboursements de soin, etc.

Lorsque l'OCDE prévoit à peine +0,3% de croissance en France en 2012, le véritable enjeu de société est celui de la croissance, de l'emploi, du pouvoir d'achat. Même si, pour aller encore plus loin, les deux clés de l'équation sur lesquelles toutes les forces vives devraient être mobilisées sont celles de la capacité à augmenter le « bien être social » en période de non-croissance (pas de décroissance, mais de non-croissance car c'est la réalité pragmatique de nos économies matures), et celle de l'innovation rupturiste: économique, sociale, environnementale, politique.

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