Des salariés prêts à abandonner les 35h : c’est Smart<!-- --> | Atlantico.fr
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Même si les ouvriers n’ont voté qu’à un peu plus de 50% et les cadres à près de 80%, le plébiscite des salariés de Smart n’est pas contestable.
Même si les ouvriers n’ont voté qu’à un peu plus de 50% et les cadres à près de 80%, le plébiscite des salariés de Smart n’est pas contestable.
©Reuters

Lucidité

Un référendum interne à l'usine de Smart en Moselle a récemment statué sur le retour aux 39h, payées 35h actuellement. Les employés appliquent ainsi un principe de réalité, trop souvent oublié : travailler plus pour gagner plus.

Ghislain Lafont

Ghislain Lafont

Ghislain Lafont est président des Entretiens de Valpré et ancien président de Bayard Presse

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Une première brèche vient de se produire dans les 35 heures payées 39, grâce au bon sens des salariés d’une usine de chez Smart à Hambach en Moselle, qui ont voté par référendum le retour à des choses normales dans cette entreprise emblématique. Même si les ouvriers n’ont voté qu’à un peu plus de 50% et les cadres à près de 80%, le plébiscite des salariés n’est pas contestable.

Cet évènement, car cela en est un, est intéressant à plusieurs titres.

Les employés de Smart ont le sens des responsabilités, qui a triomphé, face au développement et à la réussite de leur entreprise. Ils appliquent aussi un principe de réalité, trop souvent oublié : travailler plus pour gagner plus, c’est-à-dire se mettre en posture du temps long par rapport au temps court. L’entreprise se projette en 2020 ! Trop rare de nos jours. Et pourtant, c’est de la vision prospective que nos entreprises croitront et embaucheront… Bravo aux salariés pour leur foi dans leur outil de travail d’aujourd’hui et de demain.

Les actionnaires et les dirigeants ont besoin de productivité et de création de valeur qui génèrent de la richesse. Un gros mot ? Non, car de la richesse nait la redistribution sous toutes formes : contribution aux impôts, intéressement du personnel, revalorisation des salaires, réserves pour l’investissement etc. On ne distribue pas ce que l’on n’a pas gagné. Et sans l’actionnaire et les salariés,  pas de valeur ajoutée, donc pas de pérennité… Bravo aux patrons de Smart d’avoir pris une telle initiative.

Les syndicats de l’usine nous montrent dans cette démarche qui fera date, la preuve qu’il est possible de négocier pour l’intérêt de son entreprise et donc de toutes ses parties prenantes. Sauf que deux syndicats la CFDT et la CGT ont finalement décidé de ne pas signer cet accord. Intéressant retournement. En effet, que vaut la voix  des salariés, qui eux ont pris leur responsabilité ? Et le respect de la  démocratie, puisque le référendum a été  décidé par les syndicats eux-mêmes ? A moins que quelques apparatchiks parisiens aient bien peur de cet accord… Bravo aux salariés de l’usine qui eux sont les vrais acteurs de la "France périphérique" (voir le récent livre de Christophe Guilluy).

Les politiques, sur ce coup là, c’est sans eux. Zéro blabla. La réalité du terrain, les accords en interne, la volonté d’aboutir se passent de lois iniques, de règlements abscons, de code du travail délirant. Le monde politique qui pour sa grande majorité, ne connait pas l’entreprise, doit tirer les leçons de ce premier tir au but. C’est de la coopération pragmatique entre ces deux mondes, qui se connaissent mal, que l’occasion nous est donnée de progresser collectivement. Et là il y a urgence. Profitons de cette fenêtre de tir.

Enfin, dans le contexte économique que nous connaissons, l’accord Smart nous prouve, si besoin était, qu’il n’y a aucune fatalité et que le rebond est toujours possible même après une loi dont il est attesté qu’elle ne peut perdurer en l’état. Laissons aux chefs d’entreprise, au personnel et à leurs représentants le soin d’agir pour l’intérêt général. Et notre pays ira mieux. Plus vite qu’on ne le croit…Et "qu’on arrête d’emmerder les français" comme le disait un président de la République qui a laissé plutôt un souvenir de quelqu’un qui avait un bon sens paysan. 

Les Entretiens de Valpré se dérouleront le 29 septembre au collège des Bernardins à Paris en soirée et le 6 octobre à Ecully / Lyon. Cette manifestation annuelle, centrée pour cette 14 eme édition sur le thème de l'échec et du rebond, s'adresse aux cadres et aux dirigeants. L'objectif est de leur apporter des solutions concrètes et du recul dans un environnement économique particulièrement difficile. 

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