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Bandes, dérive criminelle et terrorisme : de la guerre des boutons au néobantitisme
©Reuters

Bonnes feuilles

Qu’est-ce qu’une bande de rue ? Comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi une telle violence, conduisant au rétablissement de la peine de mort, à titre privé ? D’où viennent ces nouvelles formes de banditisme et de terrorisme, au cœur de nos sociétés ? Comment faire face ? Extrait de "Bandes : dérive criminelle et terrorisme", de Abdelfettah Kabssi et Julien Dufour, publié chez MA Editions (1/2).

Abdelfettah  Kabssi

Abdelfettah Kabssi

Capitaine de Police. Ayant servi en police judiciaire puis au sein de commissariats de secteurs sensibles, il a été en charge de la cellule de suivi du plan de lutte anti-bandes de la Préfecture de Police. Il exerce aujourd’hui en service spécialisé.
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Julien  Dufour

Julien Dufour

Julien Dufour est Commissaire de Police, criminologue. Après plusieurs années de service en Seine-Saint-Denis, il a été chargé du Plan de lutte anti-bandes de la Préfecture de Police de Paris. Il exerce aujourd’hui comme conseiller à la sécurité des transports à la Direction générale de la police nationale.
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Force est de constater qu’il n’existe pas une forme unique, mais différentes formes de bandes. Si la définition du concept est une, le phénomène est pluriel. La « guerre des boutons » n’est pas la « guerre des gangs ». Les conflits futiles des bandes d’enfants des villages rivaux de Longeverne et de Velrans108 dans la campagne franc-comtoise de la fin du XIXème siècle s’opposent par leur nature à ceux générés par le « business », ciment et moteur du groupe. Plusieurs critères permettent un classement. Ils tiennent à la composition des bandes, à leurs activités et aux modes d’expressions de leurs membres. Partant de là, la classification des bandes comprend trois strates.

Une première strate, dite primitive, est celle de la découverte. Elle regroupe les bandes dont le noyau dur n’a pas de structure déterminée. Au sein de celle-ci, les premiers faits de délinquance sont considérés par leurs auteurs comme ludiques et provocateurs. Il prennent la forme d’incivilités, de violence souvent gratuite, et de faits de petite délinquance notamment acquisitive : vols sans ou avec violence. Les premiers attroupements armés voient le jour. Ils sont souvent liés à la seule appartenance à un quartier ou à un établissement scolaire. Les armes principalement utilisées au cours de ces méfaits sont elles aussi primitives : couteaux, mais aussi armes par destination comme des bâtons, ou tout objet pouvant faire oeuvre de brutalité.

(…)

La deuxième strate est celle du temps de l’approfondissement. Elle regroupe des bandes ayant une structure naissante, composées d’un noyau dur et d’un groupe d’exécutants, impliquées dans la petite et moyenne délinquance. Les principales infractions commises sont les vols simples et avec violences, les recels et petits trafics de stupéfiants. Ces bandes n’hésitent pas à user de violences soit pour commettre leurs méfaits soit pour protéger leur secteur.

(…)

La troisième strate est celle d’un banditisme des cités. Elle comprend des bandes très structurées ayant à leur tête un leader, des donneurs d’ordres et des exécutants, impliquées dans une délinquance structurée, voire le banditisme (trafic de stupéfiants de grande ampleur, go fast…). Les armes de prédilection sont les armes à feu (arme de poing, d’épaule), causant des atteintes corporelles et des homicides liés aux règlements de compte. Les membres sont en général majeurs, et multirécidivistes. Ils peuvent employer pour les tâches subalternes de leur entreprise des membres plus jeunes eux-mêmes impliqués dans d’autres bandes moins structurées.

Extrait de "Bandes : dérive criminelle et terrorisme", de Abdelfettah Kabssi et Julien Dufour, publié chez MA Editions, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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